Les supporters allemands sèment le chaos à Naples et provoquent un conflit politique en Italie

Suite aux exactions commises par les supporters allemands lors du match aller, ceux-ci avaient officiellement été interdits d’effectuer le déplacement à Naples. L’Eintracht Francfort, qui avait fait appel avec succès d’une première interdiction, avait tout de même renoncé aux billets auxquels le club avait droit et exhorté les siens à ne pas faire le déplacement. Des centaines d’entre eux se sont néanmoins rendus à Naples dès mardi soir, rejoints par les ultras de l’Atalanta, club “ami” et rival historique des Napolitains. Résultat: un chaos indescriptible au pied du Vésuve, une ville saccagée et des affrontements d’une rare violence avec la police locale (voir vidéo).

Après deux heures de guérilla urbaine, la police a réussi à reprendre le contrôle de la situation. Six agents ont été blessés, cinq bus vandalisés, des véhicules de police incendiés et seuls 8 supporters ont été arrêtés, dont trois Allemands, précise la Rai. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, proche du leader d’extrême droite Matteo Salvini et qualifié par le parti Azione de “ministre du Néant”, concentre toutes les critiques de l’opposition. “Comment une ville comme Naples peut-elle se retrouver en état de siège pendant des heures? Que fait le ministre?”, se demande l’eurodéputé napolitain Giosi Ferrandino (Renew Europe). D’autres, dont les Verts et le Parti démocrate, exigent des explications du gouvernement devant le Parlement.

Mais le fond du problème réside sans aucun doute dans l'incroyable cacophonie qui a précédé la rencontre. Le ministre de l’Intérieur, lui-même napolitain d’origine, avait en effet pris un arrêté spécial “ordonnant de fermer le stade Diego-Armando-Maradona aux visiteurs et d’interdire la vente de billets aux supporters de Francfort”, relate Le Monde. Une mesure très mal accueillie par la direction du club allemand qui s’est empressée de dénoncer dans la foulée une ingérence “grave et inacceptable” des autorités italiennes. L’Eintracht déposera un recours devant le tribunal administratif de Naples et la juridiction lui donnera raison. De nombreux supporters allemands achèteront donc leurs billets... avant que, le 11 mars, le préfet de Naples ne prenne un nouvel arrêté par crainte de troubles à l’ordre public. Même l’UEFA critiquera la décision. On connaît la suite.

Les affrontements ont occulté la large victoire de Naples 3-0 et une première qualification historique pour les 1/4 de finale de la Ligue des Champions. Une saison décidément couronnée pour les Napolitains qui devraient bientôt, selon toute vraisemblance, célébrer leur troisième titre national vu l’avance confortable (18 points) qu’ils possèdent sur leur dauphin de l’Inter, à 12 journées de la fin du championnat. Des festivités attendues depuis 33 ans et qui risquent donc d’être “explosives”. Les pouvoirs publics sont prévenus...