Albert II, le plus belge des rois, en trois discours

"La naissance d'un Roi"
Le Roi que l'on n'attendait pas. Alors que la Belgique dit adieu avec tristesse au roi Baudouin, décédé à 63 ans d'un arrêt cardiaque dans sa résidence espagnole de Motril le 31 juillet 1993, elle découvre son frère Albert, prince de Liège, second fils du Roi Léopold III et de la Reine Astrid, qui accède à la demande du gouvernement, qui lui préfère son fils, Philippe. Le prince Albert devient le Roi Albert II, sixième roi des Belges. Sa prestation de serment le 9 août 1993 est marquée par l'intervention du fantasque député Jean-Pierre Van Rossem dont l'hommage à Julien Lahaut ("Vive la République d'Europe, vive Lahaut") sera tu par les huées du Parlement qui crie son soutien au nouveau souverain, tremblant sous le poids de ses nouvelles responsabilités.

"Passé trouble"
Le Roi Albert II se fait rapidement adopter par la population belge. Sa spontanéité, sa proximité avec les citoyens et son sens de l'humour insufflent un vent nouveau sur l'image d'une maison royale marquée par les austères années Baudouin et qui vaut à Albert II le titre du plus belge des Rois. Cette image parfaite va être sérieusement écornée par la bombe qui éclate le 19 octobre 1999 jour où la Belgique apprend l'existence de Delphine Boël, une artiste  de 31 ans, au travers d'une biographie consacrée à la Reine Paola. L'homme par qui le scandale est arrivé se nomme Mario Danneels, investigateur autodidacte de 18 ans, auteur de "Paola, de la Dolce Vita à la couronne", dans lequel il cite sans la nommer la fille naturelle du Roi, fruit d'une aventure extra-conjugale avec la baronne Sybille de Selys Longchamps. Les médias ne tarderont pas à révéler son identité contraignant le Roi, quelques jours  après le mariage tant attendu du Prince Philippe, à exorciser ce passé trouble lors du discours de Noël 1999. "Cette fête de Noël est aussi l'occasion pour chacun d'entre nous de penser à sa propre famille, à ses périodes heureuses mais aussi à ses moments difficiles. La Reine et moi nous nous sommes remémorés des périodes très heureuses mais aussi la crise que notre couple a traversée il y a plus de 30 ans. Ensemble nous avons pu, il y a très longtemps déjà, surmonter ces difficultés et retrouver une entente et un amour profonds. Cette période de crise nous a été rappelée il y a peu. Nous ne souhaitons pas nous appesantir sur ce sujet qui appartient à notre vie privée. Mais, si certains qui rencontrent aujourd'hui des problèmes analogues pouvaient retirer de notre expérience vécue quelque motif d'espérer, nous en serions si heureux".

"L'appel du Roi"
Lors de la fête nationale 2011, le pays, en pleine crise politique, est bousculé par un discours engagé du souverain qui sort de sa réserve et tape du poing sur la table. Ce dernier met en garde la classe politique, responsable selon lui, de l'impasse dans laquelle le pays est plongé depuis près de 400 jours et des risques qu'une longue crise fait courir aux Belges. "Je le fais fortement et avec conviction. Comme un grand nombre de Belges, je suis affligé par la plus longue durée de mémoire d'hommes de formation d'un gouvernement. Elle suscite de l'inquiétude (...) et de l'incompréhension vis-à-vis du monde politique qui n'apporte pas de solution au problème. Cela risque de développer une forme de poujadisme qui est dangereuse et néfaste à la démocratie". Après avoir refusé la démission du formateur Elio Di Rupo le 21 octobre 2011, un accord global sur le gouvernement tombe le 2 décembre. Le 6 décembre, il se forme, soit 18 mois après les élections du 13 juin 2010. Et 541 jours après la démission du gouvernement Leterme II, le 22 avril 2010.