"Amour" rafle tout et les Belges font un carton aux César
La Belgique était à l'honneur au César, vendredi soir. Les Belges Patar et Aubier ont été récompensés pour leur travail sur "Ernest et Célestine", Matthias Schoenaerts est l'espoir masculin de l'année et "Le cri du homard" est le meilleur court-métrage. "Amour" de Michael Haneke remporte pour sa part les quatre récompenses les plus prestigieuses. Compte-rendu live de cette (longue) soirée.
Jamel Debbouze a ouvert la 38e cérémonie à sa manière: en plaisantant. "On ne m'a pas confié cette tâche de président parce que je suis jovial. Mon précédesseur, Guillaume Canet, a laissé cette cérémonie dans un état pitoyable. Pendant mon annenat - c'est un quinquennat en un an -, je proposerai des solutions concrètes pour améliorer le quotidien de tous." Jamel s'est alors mis en tête de créer son gouvernement. Il a élu Gérard Depardieu comme "ministre des affaires étrangères et du tourisme", le producteur Vincent Maraval, qui a déclenché le débat sur le salaire des acteurs "ministre de l'économie et de l'argent" et Sami Nacéri "ministre de la justice". Premières petites piques de la soirée...
"Moi, président des César, je serai le président de tous les nommés et surtout de tous les pas nommés, comme le "Marsupilami", ça, ça m'a énervé. J'interdirai la sortie de "Camping 5", d'"Astérix 12". Y en a marre de ça, un peu d'espiéglerie que diable! Moi, président des César, j'inventerai une nouvelle catégorie: celle du désespoir féminin." Et il l'attribue à Charlotte Gainsbourg, parfaite pour jouer la tristesse, qu'il "kiffe". Il annonce aussi que le président est à partir de cette année "élu à vie". "En cas de décès, c'est un membre de sa famille qui le remplacera."
Antoine de Caunes, présentateur depuis près de 10 ans maintenant, l'avait promis: choqué de l'absence du "Marsupilami" au générique des César, il a rendu hommage à sa manière à la comédie d'Alain Chabat. Il est entré sur scène en dansant sur Céline Dion comme Lambert Wilson dans le film.
Wilson qui l'a rejoint, en talons argentés, pour remettre le premier prix de la soirée: la révélation féminine de l'année. Elle n'y croyait pas (voyez son tweet envoyé juste avant le début de la soirée ci-contre) et pourtant, c'est Izia Higelin, dont le joli décolleté a affolé quelques twittos, qui a remporté le prix pour sa prestation dans "Mauvaise fille".
Juste derrière, le César du meilleur premier film a été attribué à "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun.
Première récompense de la soirée pour "Le Prénom": Guillaume de Tonquedec repart avec le prix du meilleur second rôle. Manu Payet a ensuite pris possession de la scène pour remettre le prix du meilleur film d'animation. Après un bref échange comique avec l'invité d'honneur de la soirée Kevin Costner, il a pu assurer son job et a remis le prix aux Belges Patar et Aubier pour l'adorable "Ernest et Célestine".
Cocorico: encore un prix pour la Belgique
La meilleure adaptation est celle de Jacques Audiard avec son joli "De rouille et d'os". Notre compatriote Matthias Schoenaerts, juste après, a reçu une récompense tout à fait méritée pour le même film, celle du meilleur espoir masculin. Très touché d'avoir été accueilli de la sorte par la famille française du cinéma, il a remercié ses proches, parmi lesquels son papa décédé depuis longtemps, sa copine "ravissante" et un ami qui se trouve dans "une situation très pénible".
Le prix de la meilleure photo a été remise à "Adieux à la reine", celui du meilleur son à "Cloclo". Pendant le discours de l'ingé son du film, long et sérieux, les Kaïras faisaient de la trottinette sur la scène. Pour rester dans la rigolade, Antoine de Caunes a fait une allusion à l'actualité brûlante de la viande de cheval en invitant une vache sur le plateau... et c'est un cheval qui a fait son entrée. La ravissante James Bond Girl Olga Kurylenko est alors venue remettre le trophée du meilleur film étranger. Grosse fierté déjà: deux films belges étaient en lice, "A perdre la raison" sollicité aux Magrittes et "Rundskop" avec l'ami Matthias dans le rôle principal. La concurrence était rude: ils devaient notamment battre "Argo" de Ben Affleck, favori aux Oscars, ou encore "La part des anges" de Ken Loach. "Argo" a remporté la mise. Dommage pour la Belgique mais c'est compréhensible.
Emilie Simon et Thomas Dutronc ont fait leur entrée en musique pour remettre le prix de la meilleure musique et c'est "De rouille et d'os" qui a gagné. Le compositeur Alexandre Desplat étant absent (il est à Los Angeles pour les Oscars, en lice pour la musique d'"Argo", c'est une assez bonne excuse), c'est Audiard qui est monté sur scène. "J'imagine qu'Alexandre m'aurait remercié, donc je me remercie", plaisantait-il.
Michael Haneke a ensuite reçu son premier César: celui du meilleur scénario original pour son triste et poignant "Amour". Deuxième récompense de la soirée pour "Le Prénom": Valérie Benguigui est le meilleur second rôle féminin. Très émue, elle a eu du mal à synthétiser ses pensées et à faire bref. Mais c'est toujours touchant quand la surprise de la victoire n'est pas feinte. "Les invisibles" est le meilleur documentaire.
Audrey Lamy s'est fait plaisir en remettant le César du meilleur décor: elle a réinventé une chanson de Céline Dion en y mettant du coeur. Le trophée a été remis au long-métrage "Les adieux à la reine". Le montage va à "De rouille et d'os", un quatrième prix déjà pour le film.
Michel Hazanavicius a remis le César d'honneur à Kevin Costner non sans avoir vanté ses mérites. Il en a même fait un tout petit peu trop. Mais c'est le jeu...
François Damiens insulte Jamel
Encore un petit bout de Belgique à Paris: François Damiens est venu remettre le prix du meilleur costume. Après une longue définition ("Le costume, appelé aussi tenue, est un ensemble de vêtements appelés à être portés ensemble"), Jamel l'a incité à faire court. "Petit Monsieur, macaque, va", lui a alors balancé Damiens, piqué au vif. C'était de l'humour évidemment et Jamel est venu terminer le sketch avec Damiens sur scène. Après avoir fait mine de vouloir se battre, Jamel l'a contraint à s'excuser. Avant de remettre le prix attendu, le Belge a précisé qu'il aurait préféré remettre le prix du meilleur acteur, plus prestigieux. Une petite parenthèse légère au moment où on commençait à se dire que la cérémonie des César, c'est chaque année beaucoup trop long! "Les adieux à la reine" a encore eu les honneurs.
Encore un prix pour la Belgique: "Le cri du homard" est le meilleur court-métrage. Quelle soirée pour notre petit pays! Nicolas Guiot, qui n'avait pas préparé de discours, était heureux d'avoir été invité à cette "modeste mais sympathique" cérémonie.
Charlotte Gainsbourg a annoncé que le meilleur réalisateur de l'année est Michael Haneke, absent pour cause d'Oscars, pour "Amour". Sans grande surprise, c'est Emmanuelle Riva, actrice principale du film, qui a été élue meilleure actrice. Seule sur scène, elle regrettait l'absence de Jean-Louis Trintignant et du réalisateur. "C'est une grande émotion parce que c'est la première fois que je suis invitée chez Monsieur César", confiait-elle très émue. En quittant la scène avec son prix, elle blaguait: "Il est plus lourd que moi". Et un triplé pour le film: Jean-Louis Trintignant est le meilleur acteur. Absent pour cause de représentation théâtrale à Bruxelles, il a été appelé en direct sur scène. Il a pu remercier "tous ceux qui ont voté pour moi et tous ceux qui n'ont pas voté pour moi parce que je connais les autres qui sont vachement bien aussi. Il paraît que vous avez pris du retard, je vous donne l'occasion de vous rattraper".
Et comme chacun s'en doutait: "Amour" est également le meilleur film de la soirée. Un véritable carton pour Haneke qui sera probablement aussi en bonne place dans la liste des gagnants aux Oscars, dimanche.
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