"Bref m'a fait gagner quatre ans de psy: ça apaise d'être connu pour ses hontes"

Si "Bref" a permis à Kyan Khojandi de "gagner quatre ans de psychanalyse", l'homme n'a pas fini d'en découdre avec ses angoisses, ses looses et ses Pulsion(s). Il sera sur la scène du Centre Culturel d'Uccle le mardi 15 novembre prochain (réservations ici). "De plus en plus, les gens qui viennent voir mon spectacle se disent: 'On est venu voir le mec de Bref et maintenant, on connaît Kyan'", nous glissait-il cette semaine dans un sourire, pas du tout agacé qu'on lui parle de son mini-format sur Canal +. "C'est super. Je suis auteur et dans la vie d'un auteur, c'est rare de faire un truc qui marche. Je suis privilégié."

Le succès de "Bref", ça vous a apaisé?
Bien sûr, ça apaise d'être connu pour ses hontes. Ça me rend normal, ça me permet d'accepter qui je suis. Ce n'était pas un programme que pour les hommes: les réactions étaient mixtes. J'ai souvent été qualifié de mec pas normal dans ma vie parce que j'avais des envies, des rêves, des angoisses. "Bref", c'est la quête de la normalité. Je dis: "Voilà qui je suis. Et vous, qui êtes-vous? Ah, vous êtes comme moi! Génial." Le succès apaise. Il amène un nouveau lot de tensions. Je suis encore plus vigilant sur ce que je fais et ce que je produis. Mais je l'ai toujours été. Ça fait partie de ma névrose: je la mets au service d'un truc marrant.

Ce spectacle, c'est la prolongation de "Bref", quelque part? Dans le choix des sujets notamment?
Dans "Bref", j'ai parlé de la dépression, de la loose amoureuse, des petits trucs qu'on fait en tant qu'homme infidèle. Dans le spectacle, je vais encore plus loin. Les Pulsion(s), c'est un tabou. On essaie tous d'être des brochures en papier glacé dans la vie: de se présenter sous son meilleur jour, d'être parfait. Quand on se met en couple, on se rend compte qu'il y avait des lignes en bas de page qu'on n'avait pas lues dans la brochure... On me vendait l'île paradisiaque et je me retrouve dans une banlieue industrielle. C'est chaud. (Il sourit)

On a cru que vous jouiez un personnage dans "Bref" mais on se rend compte qu'en fait, c'était vous à 100%, ce mec... C'est pareil du coup dans votre spectacle!
Dans mon spectacle, tout est vrai. Il n'y a pas de filtre. Voilà qui je suis, voilà comment je m'en sors et j'espère que ça vous parle. C'est un spectacle que j'ai écrit avec les gens. J'ai fait 60 dates de mise en place. Il évoluera toujours un peu: c'est comme une relation, ça évolue toujours, même si c'est bien. J'ai trouvé la recette de mon bon gâteau au chocolat. Ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas parfois changer de temps en temps le glaçage.

Vous riez de tout?
Je parle de la perte de mon père à un moment donné. Et je promets au début du spectacle qu'on va rigoler des choses tragiques. Je suis content de relever ce pari tous les soirs. Ca n'enlève pas la charge émotionnelle de rire des choses tragiques: ça la rend juste plus acceptable. Personne ne dira jamais qu'il a "trop" rigolé. Le rire est gratuit, c'est un pouvoir qu'on a en nous, il faut l'utiliser.

Grâce au rire et au succès, vous avez l'impression d'être moins névrosé?
Je suis profondément en paix: j'ai accepté qui je suis. C'est mille fois mieux qu'à 20 ans: sexuellement, amicalement, amoureusement, tout est plus simple. On arrête les brochures.

Vous avez rôdé votre spectacle en Belgique. Vous avez joué les trois premières dates à Bruxelles. Pourquoi?
C'est Jamel qui m'avait conseillé ça: il me disait que pour prendre confiance en moi, la Belgique était parfaite parce que les Belges sont accueillants. Il avait raison.

Vous êtes toujours sur Canal +. "Bloqués" vient de se terminer et l'aventure "Serge le Mytho" commence. Il y a eu beaucoup de changements entre "Bref" et aujourd'hui chez Canal +? Comment ressentez-vous ça?
J'ai une liberté de ton totale: je l'ai eue pendant Bref, pendant Bloqués, pendant Serge le Mytho. En terme de flux, de reportage, je vois que c'est différent mais en fiction, rien n'a changé. Je n'ai pas regardé Le Petit Journal mais j'ai vu Quotidien de Yann Barthès: c'est très bien.