Des prix encore plus élevés, des troubles sociaux et un risque de pénurie: des experts tirent la sonnette d’alarme sur un hiver sans gaz russe
Winter is coming. Et cet hiver risque d’être rude. Météorologiquement, c'est possible. Économiquement, c'est fort probable. En cause, le gaz russe, dont l’Europe pourrait bientôt être totalement privée, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour des pans entiers de l'économie et pour les citoyens en général. Plusieurs experts interrogés par HLN tirent la sonnette d’alarme.
Alors que l'été vient à peine de débuter, c'est pourtant le prochain hiver qui est au centre de toutes les discussions, et source d’inquiétudes. De nombreux experts craignent un hiver difficile. Non pas en raison de températures potentiellement basses - bien que cela ne ferait qu’empirer les choses - mais surtout à cause du risque de pénurie de gaz et ses multiples conséquences.
Car la Russie pourrait bientôt fermer complètement le robinet européen du gaz. C'est déjà le cas pour la Pologne, la Bulgarie ou encore les Pays-Bas. Moins de gaz transite actuellement par le gazoduc Nord Stream 1 et cela se fait sentir en Allemagne, le point de chute, mais également dans toute l’Europe. D’ailleurs, les Allemands, ultra-dépendants du gaz russe, craignent que la Russie ne rouvre pas le gazoduc après une maintenance prochainement prévue, souligne Thijs Van de Graaf, professeur de politique énergétique internationale à l’université de Gand. Un hiver européen sans gaz russe se profile à l’horizon.
“Alerte rouge” pour l’Europe
Plusieurs pays européens ont anticipé ce risque de pénurie et ont déjà appelé à faire des économies d'énergie. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il s’agit ni plus ni moins d’une “alerte rouge” pour l’Europe. Au niveau national, le cabinet de la ministre de l’Énergie, Tinne Van der Straeten, avoue que la situation est grave et que notre pays se prépare à tous les scénarios possibles
Selon Thijs Van de Graaf, Vladimir Poutine a bien l’intention d’utiliser le gaz comme une arme de destruction massive contre les Européens. Le maître du Kremlin sait qu’il a perdu l’Europe comme client à long terme et en la privant de gaz, il espère provoquer des troubles sociaux et que les opinions publiques changent d’avis à propos du soutien aux sanctions et à l’Ukraine.
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Solidarité européenne
Johan Albrecht, professeur d’économie environnementale, estime qu’une pénurie de gaz est peu probable en Belgique, compte tenu de sa position de plaque tournante européenne du gaz naturel, mais également liquéfié. Selon les chiffres du gestionnaire de réseau gazier Fluxys, notre pays exporte actuellement trois fois et demie plus de gaz naturel qu’il n’en consomme. Toutefois, le marché est très tendu, répond Thijs Van de Graaf. Il rappelle notamment que le Royaume-Uni aurait déjà prévu de fermer les pipelines avec la Belgique et les Pays-Bas en cas de pénurie.
De plus, la Belgique n'est pas une île et devra se plier au mécanisme de solidarité européen, rappelle l'expert.
Outre la question de l’approvisionnement en gaz, un autre élément sera particulièrement important: son prix. Il est déjà très élevé actuellement mais il pourrait encore augmenter dans les semaines et les mois à venir. “Le prix du gaz pourrait grimper à des niveaux encore jamais vus", prévient Matthias Detremmerie, trader chez Elindus, un fournisseur d’énergie basé en Belgique et exclusif pour les indépendants, les PME et les entreprises.
Des risques pour l'économie tout entière: “Une bombe à retardement”
Des prix extrêmement élevés auraient bien entendu des conséquences désastreuses sur de nombreux secteurs et industries, alerte pour sa part Peter Claes, directeur de Febeliec, la fédération des consommateurs industriels d’énergie dans notre pays. “C'est une bombe à retardement”, met-il en garde. “De plus en plus d’industries menacent de s’arrêter, ce qui signifie que certaines matières premières et certains produits ne seront plus fabriqués, que les chaînes d’approvisionnement s’arrêteront et que nous serons confrontés à des coûts supplémentaires et à la pénurie. Chaque entreprise qui doit arrêter sa production crée davantage de problèmes pour les entreprises en aval et des produits qui se raréfient. Nous sommes dans une situation très précaire”, constate-t-il.
Le secteur alimentaire est notamment en danger. “Nous travaillons dans un secteur à forte intensité énergétique, où il est important que les matières premières soient traitées à temps”, souligne Bart Buysse de la Fevia, la fédération sectorielle de l’industrie alimentaire. “Le gouvernement doit considérer le secteur alimentaire comme un secteur essentiel et garantir l’approvisionnement en gaz en cas de problème. Car si la population venait à manquer de nourriture, nous serions évidemment confrontés à un grave problème.”
Une crise énergétique provoquerait inévitablement une crise économique. “Nous pourrions atteindre un point où l’ensemble de l’économie commencerait à s’essouffler”, embraie Thijs Van de Graaf. “L’Allemagne est notre principal partenaire commercial. Si son économie est touchée, cela aura inéluctablement des effets chez nous. Des études ont montré que le rationnement obligatoire de l’essence pourrait plonger l’économie allemande dans la récession. C’est extrême, mais plausible.”
Choc énergétique
L’expert est pessimiste pour cet hiver. “Il est peu probable qu’on s’en sorte indemne. Nous sommes en état de choc énergétique depuis des mois. Et nous n’avons pas encore atteint le pire. Ursula von der Leyen (la présidente de la Commission européenne) a récemment déclaré que nous devions nous préparer au pire. C'est exactement ce que nous devons faire. L’Europe doit s’y préparer collectivement. Dès aujourd’hui, en économisant le plus d’énergie possible.”
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