En 24h, 10.000 personnes ont passé la frontière à Gevgelija

Séparés de l'ancienne République yougoslave de Macédoine par des barbelés et des dizaines de militaires, les migrants attendent impatiemment les bus qui les conduiront au centre de transit de Gevgelija, situé quelque 600 mètres plus loin. Il y a eu 90 cars rien que pour la journée de dimanche.

Depuis le 1er septembre, l'infrastructure de transit permet à la petite ville de 16.000 âmes de respirer. Avant la rentrée, c'est dans le centre-ville, à côté de la gare, que venaient s'enregistrer quotidiennement des milliers de personnes, créant au fil des semaines le chaos et un sentiment d'insécurité grandissant pour les habitants. Si la situation est loin d'être parfaite aujourd'hui, "tout fonctionne beaucoup mieux" depuis l'installation du centre à l'extérieur de la cité et à quelques centaines de mètres de la frontière, souligne Alexandra Krause du Haut commissariat pour les Réfugiés de l'Onu (UNHCR).

Le centre, où se mélangent futurs demandeurs d'asile, policiers, militaires mais aussi volontaires et ONG, permet aux migrants de s'enregistrer - 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 - et de quitter la ville pour la Serbie par trains, bus voire taxis. Ils y reçoivent les premiers soins, de l'eau, un peu de nourriture mais surtout un soutien logistique pour la suite de leur périple. Sur place, des tentes permettent ci et là aux migrants de se poser, se retrouver, charger leur GSM, prendre un café, etc. Une tente de l'Unicef apporte quelques jeux aux enfants, pendant que les parents se renseignent sur les horaires des transports et découvrent le prix, 25 euros jusqu'en Serbie.

Depuis le 19 juin, les migrants peuvent circuler légalement dans le pays s'ils déclarent vouloir demander l'asile. Ils disposent alors de 72 heures pour rejoindre un autre bureau et se porter candidat. Mais le cas n'est, d'après les autorités locales, encore jamais arrivé et ces personnes souhaitent simplement quitter le pays au plus tôt pour s'enfoncer dans ce qu'ils voient comme un Eldorado, l'Union européenne. Le délai les pousse souvent à mettre leur santé en péril, nombreux sont ceux qui refusent de se faire soigner par crainte d'être retenu. Qu'ils soient Syriens, Irakiens, Afghans ou Kurdes, c'est majoritairement l'Allemagne qu'ils affirment vouloir rejoindre.

L'ex-République yougoslave, confronté à une situation politique et économique critique sur fond d'écoutes illégales, de suspicions de corruption dans les hautes sphères de l'Etat et d'un taux de chômage dépassant les 30%, a pour l'instant trouvé un équilibre précaire. Mais tous s'inquiètent de l'hiver qui arrive ou d'une décision serbe de fermer ses frontières. Le pays ne dispose en effet pas des infrastructures nécessaires pour passer d'une fonction de transition à un pays d'accueil.

Des craintes évoquées par la police des frontières macédonienne qui implore l'Union de prendre ses responsabilités. Appelée par les leaders européens à canaliser l'entrée des migrants, la police estime que c'est à la frontière greco-turque qu'il faudrait agir, et non ici. Pour le maire de Gevgelija, Ivan Frangov, c'est en Syrie qu'une intervention serait la plus utile. "Personne ne quitte sa maison sans y être contraint", souligne-t-il.