Kadhafi superstar

Si le discours a été moins passionné et plus posé que lors de ses précédentes interventions, le colonel Kadhafi a défendu tout de même avec ardeur et sans discontinuer son emprise sur son pays, lors de cette cérémonie du 34e anniversaire de l'établissement du "pouvoir des masses" en Libye. Mais habitué aux gestes curieux, le numéro un libyen est resté fidèle à cette réputation, arrivant seul à bord d'une petite voiturette de golf beige, mais suivi d'une dizaine de 4x4 noirs ou blancs chargés de gardes du corps armés.

Kadhafi superstar
Les délégués, certains avec des portraits du "Guide de la révolution" agrafés à la poitrine, ont ensuite réservé au colonel un accueil digne d'une rock-star. Les bras au ciel, M. Kadhafi, dont nombre de dirigeants occidentaux réclament la démission après plus de deux semaines d'une violente révolte, a écouté pendant une dizaine de minutes les cris, les chants et les applaudissements de ses partisans, certains debout sur leurs chaises.

"Mouamar on t'aime"
"Mouamar on t'aime", entonne une partie de la foule, "Allah, Mouammar, Libye, tous unis", rétorque plus fort un autre groupe, "Nous sommes prêts à mourir" pour Kadhafi, hurlent d'autres. "Je me sens tellement bien aujourd'hui, car je vois notre chef, le défenseur de notre dignité, de la révolution", explique  Habib Hasnawi, un professeur d'université invité à assister à ce discours, suivi d'une séance de questions-réponses. "L'Otan et les Etats-Unis veulent venir ici, nous coloniser, mais ça n'arrivera jamais grâce au peuple libyen et à notre Guide. Il est le fondement de notre union, et il faut qu'on le soutienne jusqu'à la mort", souligne ce fonctionnaire, une écharpe verte sur les épaules.

Foule en délire
Les tirades de M. Kadhafi sont ainsi régulièrement interrompues par les chants des délégués, si bien qu'à plusieurs reprises, il appelle la foule au calme en tapant sur son micro. Mais rien n'y fait. A chaque déclaration contre Al-Qaïda, à chaque diatribe contre l'intervention des puissances occidentales et à chaque promesse de crédits immobiliers à O%, des partisans se lèvent et hurlent leur admiration.

Mouamar Kadhafi quitte finalement la salle de conférence sous une ovation, promettant une nouvelle fois de ne jamais partir de Libye, même s'il devait être le dernier Libyen à y rester. A sa sortie, il reprend le volant de son étrange voiturette, qui peine à se frayer un passage à travers la foule des délégués venus l'applaudir jusque dans la cour du bâtiment accueillant la cérémonie. Dans la rue, une centaine de ses partisans, en majorité des enfants et des adolescents, brandissent des portraits du dirigeant libyen et entonnent des slogans à sa gloire.

 Le long convoi de M. Kadhafi traverse doucement la manifestation, laissant derrière lui desdizaines de personnes chantant et dansant sur l'avenue, face à des dizaines de militaires et de policiers, sourire aux lèvres et kalachnikov à la main. (afp)