Les Japonais sont conditionnés pour faire face aux séismes

De part sa position géographique inconfortable, en plein sur la ceinture de feu du Pacifique et à l'intersection des quatre plaques tectoniques, le Japon subit 20% des séismes les plus violents enregistrés dans le monde. On estime que le pays subit une secousse toutes les 5 minutes. Depuis plus de 50 ans et encore plus depuis le tremblement de terre de Kobe en 1995 (qui a fait plus de 6000 morts ), le Japon a adopté divers plans de protection antisismique et de prévention.

Sensibilisation à l'école
Dès son plus jeune âge, le Japonais est exposé aux tremblements de terre; les établissements scolaires convient les plus jeunes à des simulations et les entraînent à adopter le meilleur comportement en cas de séisme. Ces écoliers disposent d'ailleurs d'un casque de protection personnel. Un exercice dont bénéficient les fonctionnaires et porté à l'échelle des villes qui, chaque année, organisent de vastes simulations d'évacuation des maisons et des immeubles. Avec une densité de près de 6000 habitants au km², Tokyo, pour ne citer qu'elle, parvient de la sorte à gérer un flux de 13 millions d'habitants calmes et qui se réunissent dans la rue ou dans des aires de rassemblement. A titre d'exemple, le 1er septembre 2009, date anniversaire du grand tremblement de terre de 1923, près de 800.000 personnes à travers le pays ont participé à l'exercice annuel et national de prévention. 

Drôles de camions
Les villes japonaises sont par ailleurs parcourues par de nombreux camions pédagogiques qui soumettent aux citoyens des modules sismiques qui reproduisent les vibrations d'un tremblement de terre. Certains citoyens vont même plus loin et anticipent l'éboulement de leur habitation en achetant des kits de survie censés les aider jusqu'à l'arrivée des secours. Le touriste n'est pas oublié. Des dépliants disposés dans les chambres d'hôtel apprennent aux allochtones les rudiments (comme se réfugier dans la salle de bain) à la manière d'une compagnie aérienne avant le décollage. Si le guide de secours d'un avion peut prêter à sourire, il n'en va pas de même pour un tremblement de terre, d'autant que le Japon a renforcé depuis Kobe le perfectionnement de ses techniques de construction antisismique augmentant de la sorte les chances de survie. 

Bâtiments montés sur ressort
Saturo Saito, expert dans un cabinet de recherche contacté par l'Express, explique que "les systèmes d'isolation, placés entre les fondations et les structures élevées, permettent d'atténuer ou d'empêcher aux édifices de se déformer ou de se rompre. De plus, montés sur vérins, sur ressorts, sur rails ou roulements à billes, trempés dans une cuve d'eau, soutenus par des amortisseurs ou haubans, ou reposant sur d'imposants "boudins" en caoutchouc, les immeubles peuvent désormais faire face aux catastrophes naturelles". En outre, des bétons spéciaux ont été développés ou encore des solutions permettant la mise à niveau des bâtiments, sans les démolir.  En revanche, les bâtiments datant des années 60 et les maisons individuelles sont dépourvus de quelconque matériaux adaptés et s'en trouvent plus fragilisés.
 
Télé, radio et sms
Le système d'alerte aux séismes et au tsunami est également l'un des plus performants au monde. Les télévisions et radios s'allument automatiquement aux moments critiques et diffusent des programmes explicatifs d'évacuation aux habitants. D'autres sont même prévenus sur leur téléphone portable. Un dispositif massif de gestion des victimes et potentiels sans abris est également prêt à l'emploi. Bien entendu, les autorités japonaises ont mis en place des systèmes d'observation et de détection ultra sophistiqués, au large des côtes voire dans les profondeurs, où les poissons-chats sont des alliés de premier choix pour prévenir la catastrophe pour prévenir au maximum sa population.

Le séisme record de ce matin, s'il a provoqué la mort de centaines de personnes, a démontré l'efficacité de la politique antisismique japonaise. A titre de comparaison, le tremblement de terre qui a fait plus de 200.000 morts en Haïti début 2010 atteignait "à peine" les 7.3 sur l'échelle de richter. C'est dire si les politiques préventives, éducatives et architecturales peuvent sauver des milliers de vie. (LS)