Les "tartes à la crème" de la défense de Nemmouche

Me Koning s'en est méthodiquement pris à l'acte de défense déposé par les avocats de Mehdi Nemmouche.

En premier lieu, il a réfuté l'idée d'une exécution ciblée des époux Riva, qui seraient des agents du Mossad, les services de renseignements israéliens. "Les Riva hésitaient à entrer dans le Musée juif. Leur venue n'était pas prévue. Ils se sont arrêté au hasard devant les prospectus, ils n'avaient rien à faire là." De plus, "quand l'auteur entre dans le musée, il n'a pas son arme à la main, il ne regarde même pas qui il abat", a avancé l'avocat.

Le fait que la tuerie n'ait pas été revendiquée par l'État islamique (EI) était censé prouver que l'organisation terroriste n'est pas derrière les faits, selon la défense de Mehdi Nemmouche, qui avait parlé de "fausses victimes" et de "pseudo attentat", a rappelé Me Koning.

"Avant août 2014, il n'y a aucune revendication d'attentat de l'EI", qui n'en était encore qu'à ses balbutiements et ne voulait sûrement pas attirer l'attention du monde entier en frappant, au cœur de la capitale européenne, des ressortissants d'Israël, qui est aussi un grand allié des États-Unis, selon l'avocat. "L'EI se dit victime d'une attaque illégitime des États-Unis (...) Revendiquer l'attentat a posteriori aurait justifié l'action américaine à son encontre. (...) En outre, à ce moment, la chaîne de commandement est encore relativement lâche."

"N'est pas Mohamed Merah qui veut"
À propos de l'absence de réaction de Mehdi Nemmouche lors de son arrestation, Me Koning estime que celle-ci est due à son manque de courage. "Pourquoi ne fait-il rien? Il y a des militaires de Vigipirate, armés de mitrailleuses et bien visibles partout autour du bus. Il se sait fait comme un rat. Lui, il ne s'attaque qu'à des otages entravés, à des petites juives. (...) Le fanatisme laisse à ce moment-là place à la lâcheté. Mohamed Merah s'en était pris à des militaires, mais n'est pas Mohamed Merah qui veut."

Enfin, l'avocat s'est employé à démonter le "coup de théâtre des lunettes". "Trois cent enquêteurs ont trafiqué l'enquête pendant cinq ans, selon la défense, et pourtant aucune plainte n'a été déposée pour coalition de fonctionnaires et aucune demande de contre-expertise des vidéos n'a été déposée", a-t-il relevé.

Pour Me Koning, la "disparition" des lunettes du visage de l'auteur s'explique par la position de la caméra de surveillance, dans une zone de fort contraste lumineux entre la pénombre du couloir et le puits de lumière en provenance de la cour intérieure. Un phénomène qui peut aussi être observé sur le visage d'un passant présent au musée quelques minutes après les faits, a-t-il indiqué aux jurés.

"Il n'y a ni trucage, ni grand complot. C'est de la fumisterie"
En début d'après-midi, l'avocat avait rappelé les conclusions des experts ADN, selon lesquels l'absence d'une trace à un endroit - en l'occurrence la porte de l'accueil du musée - ne veut pas forcément dire que celui-ci n'a pas été touché par quelqu'un, comme le laisse entendre la défense. A contrario, la présence de l'ADN de Mehdi Nemmouche sur les armes confirme bien qu'il les a manipulées, "et pas pour les sécuriser comme vous l'a dit la défense". Au moment de son arrestation, la kalachnikov était prête à tirer, elle n'était pas du tout sécurisée, a rappelé Me Koning.

"Il n'y a ni trucage, ni grand complot. C'est de la fumisterie", a-t-il conclu avant d'entamer la dernière partie de son exposé, consacrée au co-accusé Nacer Bendrer.