Policiers attaqués à Schaerbeek: la thèse d'une vengeance envers la police

Mercredi matin, Hicham Diop a agressé deux agents de police au couteau boulevard Lambermont à Schaerbeek. L'un a été blessé au cou et l'autre dans la région abdominale mais leurs jours ne sont pas en danger. Diop a été maîtrisé par une autre patrouille de police, qui lui a tiré dans la jambe

Pour tenter d'expliquer ce geste, le parquet fédéral évoquait hier la piste terroriste, sans donner davantage de détails. Hicham Diop aurait en effet été en contact avec des membres de l'EI en Irak et en Syrie et il y a une dizaine d'années, il était lié au cheikh Bassam Ayachi, connu pour être l'un des instigateurs de l'islam radical en Belgique, depuis le Centre islamique de Molenbeek.

Haine envers la police
Mais au delà de ça, c'est la thèse d'une vengeance personnelle qui semble davantage plausible aujourd'hui, à la lueur des informations dont on dispose sur Hicham Diop. L'homme avait en effet des raisons personnelles d'en vouloir à la police. Il y a cinq ans, il avait été grièvement blessé après avoir été renversé par une voiture de police. Or l'accident a été classé sans suite par le tribunal, ce qui aurait nourri la haine du suspect envers la police.

Hicham Diop était allé chercher ses enfants à l'école et était stationné en double file avenue de la Reine à Schaerbeek lorsqu'est apparu un convoi de police composé d'une camionnette et de deux Audi, sirènes hurlantes et feux clignotants. Diop se serait collé contre son véhicule pour laisser passer le convoi mais il a été renversé et projeté en l'air, avec de sérieuses blessures. Certains témoins ont même affirmé que l'une des Audi l'avait délibérément percuté.

"Je n'étais pourtant pas fou ce jour-là"
Un an plus tard, le tribunal a classé l'affaire sans suite: une décision qui a fait l'effet d'un coup de massue à Diop. "Je n'étais pourtant pas fou ce jour-là", a-t-il témoigné. "Je dois encore subir des interventions chirurgicales. Mais tant que je ne peux pas payer, je prends des analgésiques et des somnifères". Il qualifiait lui-même les faits de "tentative d'assassinat".

Il avait perdu un enfant
Par ailleurs, selon sa mère, il avait récemment perdu l'un de ses six enfants, ainsi que son père, décédé cette année.

Prise d'otages
Dès son enfance, Hicham Diop a été marqué par la tragédie. Il avait à peine six ans lorsque des hommes ont attaqué le restaurant tenu par son père à Schaerbeek. Toute la famille avait été prise en otage et l'agresseur, un désésquilibré, avait exigé une rançon d'un million d'anciens francs belges (25.000 euros). Il avait laissé partir le père d'Hicham pour aller chercher l'argent, avant de libérer ensuite son frère et sa mère suite à des négociations avec la police. Hicham Diop s'était donc retrouvé seul avec le preneur d'otages, jusqu'à ce que ce dernier soit finalement abattu par la police.