Tournée de frites sur la Croisette: le repas surréaliste

Pour faire la promotion d'un film à Cannes, il faut marquer les esprits. Organiser une soirée hors de prix peut être une bonne façon de faire. La grosse sauterie sur le thème des années folles qui a suivi la projection de "Gatsby le Magnifique" n'était réservée qu'à la crème de la crème et toute la Croisette rêvait d'y aller. C'est connu, l'inaccessible fait toujours rêver... Mais on peut aussi faire parler de son film avec des initiatives originales, sous forme de clin d'oeil. Ainsi, hier, à la sortie de la projection du film "Henri" de notre compatriote Yolande Moreau, une baraque à frites - celle du film - était installée devant le Théâtre Marriot.

Dans le film, Henri et Rosette, la jeune fille légèrement handicapée mentale qu'il a engagée pour l'aider depuis la disparition subite de sa femme mangent des frites à la mer du Nord. Henri, qui veut commencer une nouvelle vie, achète finalement le camion ambulant.

A croire que les festivaliers n'avaient plus mangé depuis deux semaines (ce qui est tout à fait possible vu les prix pratiqués par les restos locaux)... Le fritkot qui distribuait ses cornets gratuitement a attiré la grande foule. Voir des dames en robes longues à paillettes et des hommes en smoking noeud pap' déguster un cornet de frites-mayonnaise avait tout du surréalisme si cher à notre pays. J'ai mangé le mien en regardant les fringues exposés dans magasin de luxe tout proche: le prix de la veste de costume coûtait un demi-salaire et se portait, en vitrine, avec un short et des sandales de plage. Surréaliste, on disait.