Contactée sur le web par des escrocs, une habitante de Charleroi leur tend un piège

Contactée sur Internet par des escrocs, une Carolorégienne leur a fourni le numéro de téléphone de la police de Charleroi au lieu du sien. Sous le pseudonyme de Lila Lila sur Facebook, elle a conté son histoire: “C’est bien étrange, il y a un petit moment, j’ai mis plusieurs articles en vente sur Marketplace (NDLR. le marché en ligne officiel de Facebook) et des groupes de vente sur Facebook. Je recevais chaque jour une multitude de réponses de brouteurs.

Vu que ces personnes-là demandent le numéro de compte bancaire afin de pouvoir payer directement sur le compte, ça méritait bien une petite leçon, non? Oui, je leur ai dit que je ne partageais pas mes coordonnées bancaires sur Messenger mais que je préférais le faire en privé, via ma ligne téléphonique fixe. Mais comme ça arrive à tout le monde de se tromper, moi je n’ai pas raté l’occasion de leur fournir le numéro de la police de Charleroi”.

Un brouteur est un arnaqueur qui opère sur Internet depuis l’Afrique. Il s’agit d’ailleurs d’un mot ivoirien. Il fait référence à la passivité du mouton qui se nourrit sans effort. En l’occurrence ici, il s’agit de cybercriminels qui gagnent de l’argent sans le moindre effort.

Avec son stratagème, Lila Lila pensait s’être débarrassée des malfaiteurs qui tentaient de la truander. Mais il n’en est rien.

Et pour cause, son initiative est complètement inutile. “Ce n’est pas très malin” nous déclare le porte-parole de la police de Charleroi, David Quinaux. “Cela a pour conséquence d’obstruer nos services d’appel. Après, les bandits aboutissent à un standard téléphonique. C’est moins grave que s’ils étaient transféré vers les numéros d’urgence. Mais cela fait perdre du temps à tout le monde”.

De toute façon, les numéros de téléphone utilisés par les malfrats sont rarement source d’informations. En effet, ils peuvent être facilement achetés sur Internet.

Lila Lila a pourtant réitéré l’expérience avec un autre brouteur pas plus tard que dimanche. 

En guise de prévention, la police fédérale a récemment mis en garde contre des fraudes sur Marketplace: “Marketplace est devenue une des plateformes préférées des escrocs. Un indice: ils vous demanderont par exemple d’utiliser votre Digipass pour recevoir votre argent. Ce n’est pas normal”.

Le commissaire Olivier Bogaert, expert en cybercriminalité, a donné l’exemple d’une certaine Myriam sur le site web de la police fédérale: “Après y avoir proposé plusieurs articles, elle reçoit un message d’un monsieur qui se dit intéressé. Il lui explique qu’il veut acheter deux des objets et qu’il va passer par Mondial Relay ou Bpost pour le transport. Myriam lui répond qu’elle est d’accord et rapidement, elle reçoit un mail de Mondial Relay pour lui signaler que le monsieur a versé 95 euros sur leur compte et que pour recevoir ce montant sur le sien, elle doit se créer un identifiant sur le site. Myriam s’y connecte et crée donc un identifiant. Le site en question lui réclame également ses données bancaires et une confirmation via son digipass”.

Le doute s’installe: “Elle décide de contacter Mondial Relay par téléphone, après avoir trouvé leurs coordonnées sur leur site officiel. Elle reçoit alors confirmation qu’il s’agit bien d’une arnaque. Myriam décide donc de reprendre contact avec l’acheteur et lui précise qu’elle craint l’arnaque. Il va alors tenter de la rassurer, mais Myriam ne donnera pas suite. Et, après avoir signalé dans le groupe qu’il s’agissait clairement d’une fraude, elle constate que l’acheteur a disparu. Dans les heures qui ont suivi, Myriam a encore reçu deux appels d’un certain Christian Desmet, se disant membre de Mondial Relay. Elle lui demande des précisions et là, sans surprise, il raccroche”.

Ce comportement a évité à Myriam de se faire plumer tout en protégeant d’autres victimes potentielles. Prévenir les autres utilisateurs de Marketplace était la bonne chose à faire. Olivier Bogaert donne un conseil supplémentaire: “N’hésitez pas non plus à signaler le profil de cette personne à Facebook pour qu’il puisse être bloqué”.

En 2021, la police fédérale a dénombré 19.341 cas de criminalité informatique. En 2020, année durant laquelle un confinement généralisé a été imposé pour ralentir la propagation du coronavirus, elle en avait recensé 44.281. Il s’agit du plus grand nombre de délits en la matière jamais constaté depuis 2011.

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