Sans-abri, elles racontent leur première nuit dehors

Michelle a 24 ans. Elle a passé sa première nuit à la rue à 21 ans, sur une plaine de jeux de Santa Monica. Elle venait d'être remerciée de son job de manager dans une pizzeria, avait rompu avec son copain et s'est retrouvée dans l'incapacité de payer son loyer. "Ma mère m'a payé un hôtel les premières nuits mais elle ne pouvait pas continuer à faire ça." Michelle a mangé dans un fast food ce soir-là, avec ses valises remplies, son appareil photo, son ordinateur portable, cachés dans un buisson. "Je voudrais avoir de meilleurs adjectifs pour décrire à quel point je me sentais triste. Pendant que je mangeais, je sanglotais."

La nuit, elle a utilisé sa valise comme oreiller. "J'ai dormi en position foetale avec mon appareil photo caché sous mon bras droit et mon bras gauche par-dessus. J'avais tellement peur." Michelle a dormi dehors pendant sept mois. On lui a volé son appareil pendant la nuit. Elle a trouvé un logement temporaire, elle essaie de s'en sortir.

Paige, 35 ans, a été mise à la porte par son petit ami. Elle se droguait, il n'a pas supporté. "J'avais déménagé de Californie à Seattle pour être avec lui. J'étais supposée commencer une nouvelle vie." Elle connaissait mal Seattle. Elle a dormi dans un parc. Elle a perdu les albums photos de famille auxquels elle tenait tant. Elle est à la rue depuis quatre ans.

Bonnie, 31 ans, se levait tous les matins à 5h30 pour s'occuper de ses enfants et aller travailler chez un opérateur téléphonique. "J'avais une routine mais quand je traversais une période difficile, je prenais de la méthamphétamine." Droguée, elle a perdu la garde de ses enfants. Elle s'est retrouvée dans un squat pendant deux mois avant d'être explusée par la police. "Je n'ai même pas eu le temps de mettre des chaussures." Elle se souvient de sa "très belle armoire", des photos de familles, des "livres de bébés" qu'elle avait gardés et de "leurs bracelets d'hôpital".

"J'ai attendu pieds nus sur le trottoir pendant 6 ou 7 heures." Les autorités avaient en fait déjà vidé son studio par l'entrée située de l'autre côté du bâtiment. "J'ai réfléchi pendant des heures à la façon dont vous pouvez passer de 'tout est parfait' à 'je ne sais pas comment je vais survivre à ça'." Bonnie vit dans la rue depuis un an.