Une élue locale de l’Open Vld se retrouve sur un site à contenu sexuel: “Je reçois encore des commentaires sur mes ‘jolies fesses’”

“Je me suis réveillée à 7h30 mardi matin avec de nombreux messages de followers. ‘C’est toi?’, m’écrivaient-ils. Un nouveau profil avait commencé à les suivre. ‘Ça a l’air bizarre’, m’ont-ils envoyé.” Immédiatement, Alexandra ressent une légère panique: elle trouve un compte Instagram avec sa photo de profil, qui renvoie également vers un site “Fansly” qui promet aux abonnés des contenus sexuels. Là aussi: le visage d’Alexandra est accompagné d’une photo d’un fessier nu.

“J’ai immédiatement ressenti un immense stress. Qui a fait ça, comment et pourquoi? De telles questions vous passent forcément par la tête. J’avais aussi peur: bientôt, les gens croiraient vraiment que j’ai créé ce compte. Ou peut-être que quelqu’un avait entré tous les détails de sa carte de crédit et avait été escroqué. J’ai immédiatement prévenu mes followers sur mes comptes Twitter et Instagram, et je leur ai demandé de signaler la page autant que possible.”

Alexandra a également envoyé un message à Fansly en contactant directement Wix, l’hébergeur du site, qui a ensuite mis la page hors ligne. Sur Instagram, le profil avait heureusement disparu dans la matinée. “Cela m’a choquée: j’avais déjà vu quelqu’un utiliser mes photos pour créer un faux profil, qui était resté en ligne durant deux semaines. C’est pourquoi je soupçonne la personne derrière ce compte de me suivre sur les réseaux sociaux.”

Elle ne sait pas si certains de ses abonnés sont tombés dans le piège du faux profil. Quoi qu’il en soit, elle a conservé toutes les captures d’écran et le numéro de ticket de Wix, et elle les a apportés à la police. “Je me sens un peu salie maintenant. Aujourd’hui, j’ai reçu trois autres commentaires sur Instagram à propos de mes ‘jolies fesses’. Donc, certains abonnés pensent encore que j’ai vraiment ouvert un tel profil sexuel. Cela montre à quel point les gens peuvent être facilement trompés.”

Quoi qu’il en soit, Alexandra continuera à poster des photos en bikini si elle le souhaite, assure-t-elle. “Et je ne peux pas mettre mon profil Instagram en privé en tant qu’élue politique. Je ne peux qu’espérer que la police veuille enquêter davantage. Et qu’Instagram décide que je suis “assez connue” pour que mon profil soit vérifié. Parce que sinon, ils n’interviendront pratiquement pas. Je suis impuissante. Et je ne suis certainement pas la seule dans ce cas.”

Il est vrai que la fraude d’identité est désormais aussi courante qu’un like ou un reel sur Instagram. Il y a de fortes chances que vous l’ayez vécue ou que vous le viviez aussi, déclare Matthias Dobbelaere-Welvaert, avocat spécialisé dans la protection de la vie privée. “Tout ce que vous publiez sur Internet fait désormais partie du domaine public. Vous pouvez donc difficilement éviter que quelqu’un sauvegarde ou use d’une photo de vous. Seul le fait de paramétrer votre profil Instagram en privé, afin que vous décidiez qui peut vous suivre, peut aider.”

Il faut davantage être prudent avec les photos où l'on apparaît nu ou dénudé, dit l’expert. “Chacun devrait pouvoir poster ce qu’il veut, bien sûr. Mais le risque d’abus augmente avec une image semi-nue ou nue.”

“La meilleure chose à faire si quelqu’un utilise votre image pour un faux profil est de signaler immédiatement ce profil”, conseille l’expert. “Et demandez à autant de personnes que possible de faire de même. Même dans ce cas, le service de surveillance d’Instagram ne réagit généralement pas rapidement. Ils sont trop peu nombreux et ne veulent pas faire eux-mêmes les contrôles actifs pour éviter toute responsabilité.”

Si le problème vient d’un faux site Web privé, vous pouvez demander à l’hébergeur du site de mettre la page hors ligne. “Il est également possible de déposer une plainte auprès de la police, mais je ne m’attends pas à ce qu’elle fasse grand-chose. Habituellement, les unités de criminalité informatique sont occupées par des crimes plus importants.”

Une chose dont Matthias Dobbelaere-Welvaert est certain, c’est que cela se produira beaucoup plus à l’avenir, avec les “deepfakes”. “Il est de plus en plus facile de coller le visage de quelqu’un sur une autre image ou dans une vidéo et de faire en sorte que cela paraisse naturel. Dans cinq ans, ils n’auront même pas besoin d’une photo de vous en bikini pour faire une image de vous nu. Ou alors votre ex pourra se lancer dans un ‘revenge porn’ en un clin d’œil. J’espère que cette technologie de “deep-faking” sera interdite: elle ne peut servir à rien de bon. Au sein de l’UE, la question est étudiée, mais la politique reste à la traîne.”

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