Cette femme au destin exceptionnel a changé la vie de milliers d’enfants

Thérèse Papillon a réellement existé et Alia se souvient de sa première rencontre avec elle, bouleversante. “J’ai visité l’Abbaye de Valloires lors de vacances avec ma belle-famille. À l’époque, ma petite dernière ne faisait pas ses nuits. Autant dire que je rêvais de me reposer plutôt que d’aller faire la visite guidée d’une abbaye. Je suivais à moitié les explications de la guide jusqu’à ce qu’elle commence à parler de Mademoiselle Papillon. Là, je me souviens avoir regardé les gens autour de moi. Personne ne réagissait alors que moi, mon univers venait d’être retourné.”

“J’étais bouleversée. Je me suis demandée si j’avais bien compris. J’ai levé le doigt pour interroger la guide. Donc, en 1920, une femme a décidé de bâtir un refuge pour les enfants dans le but de les préserver de la tuberculose? La guide a confirmé.” Alia n’avait jamais envisagé écrire un roman historique mais comment ne pas raconter le destin incroyable de Thérèse Papillon. “J’ai décidé en 60 secondes qu’elle serait un personnage de mon prochain roman.”

Elle lui a cependant posé un petit problème de scénario: “Elle est trop parfaite.” Et les gens parfaits, à la longue, ça lasse. Alia savait qu’elle devait trouver une façon de bousculer un peu cette perfection absolue. “Et juste à ce moment-là, j’ai une lectrice qui m’a dit: le jour où vous vous intéressez à la néonatologie, je voudrais bien être interviewée par vous et vous partager mon histoire. Elle était maman d’un grand prématuré. Je voulais prendre trois semaines de vacances avant de commencer l’écriture de mon livre mais cette interview a été tellement fabuleuse que j’ai commencé directement. L’après-midi même, j’ai commencé à écrire et j’ai pris des rendez-vous dans les services de néonatologie. Il fallait que je m’imprègne du sujet.”

Alia a donc contacté plusieurs chefs de service en néonatologie. “Les femmes sont les seules à m’avoir répondu et accueillie”, souligne-t-elle en souriant. En visitant cet endroit qu’on ne visite pas et dont on ne sait rien quand on accouche d’un enfant né à terme, Alia a été interpellée par la présence des machines. “C’est un service où la technologie est reine et quand il y a un tel niveau de technologie, c’est difficile de mettre de l’humanité là-dedans. De prendre sa place en tant que parent, en tant qu’infirmier. Il faut trouver l’équilibre avec le stress, la pression, la responsabilité.” 

“Ce qui m’a marquée aussi, c’est combien le temps est important dans ce service-là. C’est le temps qui peut te dire si un bébé va bien ou pas. On ignore à quel point chaque petite chose, chaque gramme, peut être un combat pour les mamans des grands prématurés. Alors que pour les mères qui accouchent de bébé à terme, ce sont des évidences, elles ne prennent pas conscience que le bébé sait réguler sa température, sait manger, respirer seul. Là, tout retrouve un sens profond, un poids, tout est chargé.”

Les histoires de Gabrielle et Thérèse Papillon nous accompagnent bien après avoir refermé le livre d’Alia Cardyn. Jusqu’à son prochain roman, peut-être? Il est déjà écrit et prévu pour 2021.