De policier à écrivain traduit dans 30 pays: “En vérité, la police, c’est décevant”
InterviewRose Rivière, jolie jeune femme, a été étranglée le 25 décembre sur la place de la grande ville de M., au milieu de cinq cents personnes qui assistaient au spectacle de Noël. Pourtant, personne n’a rien vu... De l’événement dramatique, il ne reste qu’une photo en noir en blanc, prise par un journaliste local. On peut y voir deux mains noires encerclant le cou de la victime. Une avocate de la région va prendre l’affaire à cœur et tout faire pour trouver le coupable. Voilà le résumé du roman “Sous le parapluie d’Adélaïde” de Romain Puértolas qu’on avait connu avec “L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea”, sorti en 2013. Roman Puértolas, alors capitaine de police, avait vu son premier roman être traduit dans trente pays avant même sa parution. Il s’est mis en congé de la police suite à cet énorme succès littéraire mais le goût de l’enquête reste bel et bien présent. Rencontre.
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“Sous le parapluie d’Adélaïde” est un livre plein de rebondissements. C’est une habitude chez vous, l’envie de surprendre vos lecteurs...
J’aime beaucoup les gros coups de théâtre à la fin. Mais pas ceux qui viennent d’un coup. J’aime jouer sur ce qui était là dès début mais qu’on n’avait pas vu. J’adore créer un effet waouh, un peu comme dans Le sixième sens. J’avais adoré ce film. Ce sens du coup de théâtre qui joue sur des choses qui sont là depuis le début mais qui sont invisibles, ça existe plus au cinéma qu’en littérature. Disons que j’ai adapté ça à l’écrit.
Vous avez exercé de nombreux métiers avant d’être écrivain. Professeur de langues, policier, steward... Finalement, dans la vie, vous aimez être surpris...
Je suis quelqu’un de très organisé, de très routinier, mais à-côté de ça, j’ai un esprit très aventurier. J’ai fait plein d’études, j’ai vécu dans plusieurs pays, j’ai exercé une douzaine de professions. J’ai besoin d’être surpris, c’est vrai. J’ai toujours eu besoin de ça, vivre de nouvelles histoires. J’ai très tôt compris qu’on avait qu’une seule vie.
On sent votre bagage de policier dans ce livre. L’avocate enquête avec minutie...
L’enquête, elle ne doit pas forcément policière. Je ne trouve rien de plus ennuyeux qu’une enquête policière menée par un policier. Ici, c’est une avocate, mais ça pourrait être n’importe qui, en train d’enquêter dans le voisinage. On est tous amené à mener une enquête un jour ou l’autre au sein de notre propre ménage, dans notre quartier... J’ai essayé de développer ça. Mais vu que c’est une avocate et qu’il y a une procédure pénale, j’ai utilisé des choses de ma vie de policier. Vous savez... J’ai été déçu dans la police. J’ai passé le concours a 33 ans. Quand j’étais jeune, je regardais Columbo, Starsky et Hutch. La police, en vérité, c’est décevant. Ce n’est pas très intellectuel comme dans les films. C’est un quotidien d’incivilités. Se faire caillasser dans les banlieues, on ne voit pas ça dans les Agatha Christie.
Vous avez pris congé dans votre carrière de policier. Vous pensez que vous y reviendrez un jour?
Non. Si je garde mes lecteurs, non. J’ai arrêté d’être policier en 2014 suite au succès du “Fakir” qui a bouleversé ma vie. J’ai droit à dix ans d’arrêt, je devrai décider un jour si je reviens ou si je démissionne. Pour “Le Fakir”, je pensais vendre 3 ou 4 livres mais ça a été le gros buzz. Tous les jours, j’arrivais au boulot en disant: hé, aujourd’hui il va être traduit dans tel pays, hé j’ai reçu un mail de Brad Pitt, hé Luc Besson m’a appelé... C’était marrant de vivre ça. Au bout de trois mois, j’ai annoncé au commissaire que je ne pouvais pas continuer. Aujourd’hui, j’ai trouvé ma profession parfaite. Quand on est écrivain, on peut être qui on veut. Je peux être médecin demain dans un roman sans avoir à passer le concours. Et en plus, c’est une passion qu’on peut exercer jusqu’à la mort. Un écrivain peut écrire jusqu’à ce qu’il meure, tant qu’il a ses facultés intellectuelles. J’ai toujours fait des professions passions. Là j’ai trouvé ma profession idéale.
Vous avez changé de vie après la sortir de votre premier roman. Comment avez-vous vécu ça?
Ça a été merveilleux. Ça s’est passé du jour au lendemain. J’ai écrit toute ma vie, j’ai été refusé 22 fois, je ne pensais pas en faire un métier. J’avais besoin d’écrire mais je ne pensais pas être publié et du jour au lendemain, j’étais numéro un des ventes. J’ai gagné énormément d’argent mais ça m’est arrivé à 37 ans. Je n’en avais pas 18. J’étais très calme, tout ça m’a semblé très naturel. Je suis très conscient de la chance que j’ai eu. Il y a beaucoup de gens qui écrivent et qui continuent à avoir une profession à côté, même des Prix Goncourt qui travaillent à côté. J’ai eu énormément de chance.
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