Ils étaient inséparables et la vie est passée par là: “Trois”, l’histoire d'amitié bouleversante de Valérie Perrin
InterviewOn lui avait parlé il y a trois ans. Elle venait de sortir son deuxième roman “Changer l’eau des fleurs”, qu’on avait trouvé absolument bouleversant. On ne savait pas alors que ce livre deviendrait un best-seller international, traduit dans une trentaine de pays. Il est notamment le livre le plus vendu en 2020 en Italie. Valérie Perrin, compagne de Claude Lelouch, âgée de 53 ans, a signé plusieurs heures d’affilée chez Filigranes dimanche. Son nouveau roman, “Trois” (chez Albin Michel), sorti il y a moins d’un mois, est déjà un succès de librairie.
Déborah Laurent
Sur 665 pages, Valérie raconte l’histoire d’amitié d’une fille et de deux garçons. Elle raconte la vie et ses dégâts, ses rebondissements, ses coups de théâtre, les secrets qu’on enfuit, ceux qu’on révèle pour soulager notre conscience, ceux qui nous rattrapent, ceux qui nous étouffent. Nina, Étienne et Adrien se sont connus enfants, ils étaient inséparables à l’adolescence et se sont perdus de vue à l’âge adulte. Pourquoi? Et puis que faire des regrets, des projets qu’on n’a pas réalisés, des promesses qu’on n’a pas tenues?
“C’était sacrément difficile de s’atteler à ce troisième roman après le succès mondial de Changer l’eau des fleurs”, nous confie Valérie dans un sourire, lors de sa journée promo marathon. “On se dit: qu’est-ce que je vais raconter? Je suis allée chercher ailleurs: dans l’enfance, dans l’adolescence, dans l’amitié. Je parle de trois vies différentes. Dans Changer l’eau des fleurs, il y a un personnage principal: Violette Toussaint. Ici, c’est trois personnages qu’on suit sur 30 ans. Ça parle des bonnes et des mauvaises rencontres qu’on peut faire dans nos vies, des mariages, des divorces.”
Virginie, la narratrice, nous raconte l’histoire de ces trois amis. Elle les a très bien connus et elle déroule le fil de leurs aventures, de leurs coups durs, de leurs grandes joies. On saute d’une époque à l’autre aisément grâce à la musique, omniprésente. “Trois” se lirait presque en écoutant en Indochine: l’histoire des trois amis est liée aux tubes du groupe de Nicola Sirkis. Elle inscrit aussi l'un des moments du roman le jour de l’enterrement de Johnny Hallyday. On se projette immédiatement dans l’action.
L'adolescence a l’odeur d'une première taffe, d'un déodorant musqué, d'une tartine beurrée dans un bol de chocolat chaud, du whisky-Coca et des caves transformées en salles de bal, du corps qui désire, de l’Eau précieuse, du gel pour les cheveux, du shampoing aux œufs, du rouge à lèvres, des effluves de lessive sur un jean. Les vies d'après, celles de l’écharpe oubliée par son premier chagrin d’amour. Et puis, il y a l’été. L'été appartient à tous les souvenirs. Il est intemporel. C’est son odeur qui est la plus tenace. Qui s'accroche aux vêtements. Que l'on cherche toute sa vie. Les fruits trop sucrés, le vent de la mer, les beignets, le café noir, l’Ambre solaire, la poudre Caron des grands-mères. L'été appartient à tous les âges. Il n’a ni enfance ni adolescence. L'été est un ange.”
Valérie Perrin, Extrait de “Trois”
“La musique, elle fait partie de nos vies à tous, qu’on ait 14, 35 ou 80 ans. Il y a des moments clés de nos existences qui sont liés à des chansons. Si je vous fais écouter un tube de votre génération, vous vous souviendrez de l’endroit où vous étiez, avec qui, de ceux qui était votre bande de copains… Nos vies sont marquées par les grands tubes. Je parle beaucoup d’Indochine parce qu’ils existent encore après 40 ans et ils continuent à remplir les stades. Je voulais que Virginie et Nina se retrouvent ensemble dans la voiture aujourd’hui et que soit diffusée La vie est belle qui est un morceau récent d’Indochine. Ils ont dansé sur Tes yeux noirs 30 ans plus tôt, ça les renvoie à leurs souvenirs.”
Valérie Perrin décrit comme personne les corps qui se touchent, les baisers qu’on échange pour la première fois, les bières tièdes, les premières vacances, la liberté et l’insouciance propres à l’adolescence. “Notre adolescence nous colle à la peau, toute notre vie. C’est toutes nos premières fois et on les trimballe toute notre vie. J’avais envie de parler de cette transition entre l’enfance et l’âge adulte. Et de l’amitié aussi: les amis qu’on garde, ceux qu’on perd de vue parce qu’on change de ville, d’école… Je voulais parler de comment la vie s’infiltre dans nos vies et comment on tient ou pas nos promesses, quel est notre destin. Je voulais parler des corps qui changent au moment où on découvre sa sexualité, des parfums, les premières fêtes, les premières clopes, les premiers whisky coca, la première fois qu’on essaie de séduire, c’est très fort.”
Elle sourit: “Rien qu’en en parlant, même si j’ai 54 ans et que ça fait bien longtemps tout ça pour moi, je revis tout ça. Et puis, les premières boîtes de nuit aussi... Dans ma génération, la génération 70-80, notre vie, c’était les boîtes de nuit. C’est là qu’on flirtait, qu’on a fait nos premières rencontres, on dansait, on écoutait de la musique… On faisait n’importe quoi. On n’avait aucune limite. Aujourd’hui, nos jeunes font plus des fêtes entre eux, mais ils font probablement n’importe quoi entre eux aussi. Mes enfants ont 28 et 24 ans et ils ont fait n’importe quoi. Ils me racontent des trucs, je me dis: heureusement que je ne savais pas. Ne sachons pas… C’est très bien.”
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.