Joël Dicker est de retour: “Mon problème, c’est que j’ai trop d’idées”
InterviewUne nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais. Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire. Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier? Voilà la question que pose Joël Dicker, l’un des auteurs post-confinement les plus attendus, dans son nouveau roman. Et pour obtenir la réponse, il faut s’armer de patience et d’un peu de concentration puisque les péripéties et retournements de situation s’enchaînent à un rythme diabolique.
Joël Dicker nous le dit au téléphone : il ne fait aucun plan, aucun projet, aucun scénario. Son histoire lui vient comme elle lui vient. “Le plan, c’est quelque chose qui me cadre trop, qui m’empêche d’imaginer l’histoire telle que je la voudrais. Je n’ai jamais peur de la page blanche, mon problème à moi, c’est que j’ai trop d’idées. J’ai du mal à les canaliser. Couper, trier les informations pertinentes des autres, c’est un travail compliqué.”
“L’énigme de la chambre 622" débute avec un décès inexpliqué. Il faut attendre plus de la moitié du roman, long de 586 pages, pour savoir qui est mort. “Si je mets 350 pages à découvrir qui est mort, c’est parce que je commence sans savoir moi-même qui c’est. Je sais qu’il y a un mort mais je n’ai pas encore les personnages et au fur et à mesure que les personnages viennent, je m’interroge sur qui est mort et pourquoi. Je ne commence jamais un livre en ayant le luxe de savoir comment l’histoire va se passer.”
Mais alors comment savoir à quel moment elle est terminée ? “Ça met toujours un peu de temps”, admet l’écrivain. “Disons qu’au trois-quarts du roman, je sais enfin ce que j’ai envie de faire. Il y a alors une forme de libération. Je ne réfléchis pas à ce que je vais pouvoir dire, je suis dans le plaisir et dans l’excitation de laisser cette intrigue se dérouler. Quand je mets le point final, je réfléchis alors à ce que j’ai écrit dans cette dernière partie. Généralement, je recommence tout, je coupe, je modifie certaines choses. Au début, c’est beau, ça polit. Mais à force de refaire, je commence à défaire. Donc j’arrête pour ne pas perdre l’essence de mon texte. On pourrait écrire le même livre pendant toute une vie… À un moment, il faut assumer ce qu’on a fait, se dire : c’est le mieux que je pouvais faire à ce moment-là de ma vie. Si je veux progresser et aller de l’avant, il faut que j’arrête et que je passe à autre chose. Un peu comme on va à une soirée : on peut se changer mille fois mais à un moment, il faut accepter d’être comme on est. On se sent alors le plus beau du monde, on va à cette soirée, on fait même une photo. Dix ans après, en retrouvant cette photo, on se demande comment on a pu sortir habillé ou coiffé comme ça. Il faut accepter d’arrêter d’écrire à un moment donné, on prend la photo et la vie continue. Il y aura d’autres livres, d’autres soirées…”
Dans “L’énigme de la chambre 622", Joël Dicker rend hommage à son éditeur Bernard de Fallois disparu en janvier 2018 à l’âge de 91 ans. Il fait partie intégrante de son histoire, qui lui dédie également. “Puissent tous les écrivains du monde connaître un jour un éditeur aussi exceptionnel”, écrit-il au début de son livre. « Bernard était un homme d’une ouverture d’esprit, d’une intelligence, d’une jeunesse incroyables. Il avait été émerveillé par les grands romanciers et il me parlait souvent de ‘Autant en emporte le vent’. Il l’avait lu pendant la guerre, dans une voiture avec sa mère et son frère. En lisant, il se disait : ‘Pourvu que les Italiens ne me tuent pas avant d’avoir fini ce livre extraordinaire’. Il disait que pour lui, le succès d’un livre, ce n’est pas de savoir combien on en vend, c’est le plaisir qu’on a à mener ce projet, à l’écrire d’abord, à l’éditer ensuite. C’est ça qui compte. Et ensuite, seulement, vient la question des lecteurs, des journalistes, des libraires. Mais il faut vivre les deux étapes avant de façon heureuse pour que ça soit un succès pour soi.”
Un auteur qui fonctionne à la curiosité
Né d’une mère libraire et d’un père prof de français, Joël Dicker a toujours eu une curiosité pour la lecture. “Ils m’ont influencé, très probablement. Il y avait beaucoup de livres chez moi et on ne m’a jamais dit : ‘Ce n’est pas pour toi, tu ne vas pas comprendre ce que ça raconte’. C’est moi qui me rendais compte assez vite tout seul que c’était trop élaboré pour moi quand c’était le cas.”
Joël se souvient avoir “toujours aimé écrire”. Il n’y a pas eu de déclic, pas d’inspiration particulière pour le mener à l’écriture de son premier roman. “Je ne savais pas comment ça marchait. Il n’y a pas de règle pour écrire un livre, on ne vous dit pas combien de chapitres il faut écrire par exemple. La musique, on peut vous apprendre des gammes, vous pouvez aussi suivre des cours pour apprendre à dessiner. Mais l’écriture, c’est un art qui se découvre, qui s’improvise.”
Quand il a eu fini son premier roman, il en a été le premier surpris. “La vérité sur l’affaire Harry Quebert” a été vendu à plus de 5 millions d’exemplaires et traduit dans 40 langues. Huit ans après sa parution, Joël Dicker est encore incapable d’expliquer l’engouement pour son histoire. Mais il se réjouit d’une chose : “La lecture n’est plus un moment solennel où on s’assied dans le canapé et on ne fait que ça pendant trois heures. Aujourd’hui, on lit dans le bus, dans une salle d’attente, sur une terrasse. La littérature s’invite dans le quotidien et c’est ce qui me fait le plus plaisir : entendre les gens dire ‘Votre livre me suit partout’.”
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