La littérature inclusive de plus en plus populaire: “Les personnes issues de groupes minoritaires peuvent aussi être le héros”
Le fait que la société souhaite devenir plus inclusive se reflète non seulement dans les médias, principalement sur les réseaux sociaux, mais également dans la littérature. Le mouvement “woke” a le vent en poupe depuis quelques années. Les personnages principaux des livres, notamment pour enfants, sont de plus en plus diversifiés, et c’est une bonne chose. “Il est important que les personnes issues de groupes minoritaires comprennent qu’elles peuvent aussi être le héros ou la héroïne d’une histoire, au lieu d’être le sidekick gay insolent ou la personne en fauteuil roulant censée inspirer le personnage principal.”
RédactionDernière mise à jour:23-01-22, 12:53Source:HLN
Les gens se cherchent dans les livres. Les enfants certainement plus que les adultes. Une étude américaine à grande échelle a d’ailleurs montré que près de 90% des enseignants pensaient que les enfants seraient plus enthousiastes à l’idée de lire s’ils avaient des livres dans lesquels ils se reconnaissaient. Aux États-Unis, la moitié des enfants sont nés “non-blancs”, alors que seulement 10% des livres pour enfants font la part belle à des enfants “racisés”.
Ce constat est aussi valable pour les adultes. Pourtant, le paysage littéraire reste assez homogène. Les personnages principaux des livres sont généralement blancs, hétérosexuels et cisgenres (une personne dont l’identité de genre correspond à son sexe de naissance, NDLR).
Roméo et Julien
Et cela doit changer, selon “We Need Diverse Books”, une organisation américaine à but non lucratif qui souhaite voir plus de diversité dans la littérature pour enfants et pour jeunes, afin que tous les jeunes soient représentés dans les livres au lieu de la petite proportion qui l’a été jusqu’à présent.
L’organisation a été fondée en 2014 après que le hashtag #WeNeedDiverseBooks soit devenu viral sur Twitter. Cette initiative a vu le jour lorsque des auteurs ont exprimé leur frustration à l’égard du panel d’auteurs de livres pour enfants, tous blancs et masculins, invités à des rencontres lors du BookCon, un événement littéraire annuel organisé à New York à l’époque. De nombreux auteurs, blogueurs et lecteurs n’étaient pas d’accord avec le choix du panel et ont commencé à partager en masse, sur les réseaux sociaux, les raisons pour lesquelles ils pensaient qu’une plus grande diversité était nécessaire dans le paysage littéraire.
La diversité est encore trop souvent associée à une situation problématique.
Marieke Nijkamp
Le débat n’a cessé de croître, jusqu’à ce qu’un groupe de personnes décide finalement de créer l’organisation. Aujourd’hui, We Need Diverse Books se concentre principalement sur le financement de bourses et de stages pour les auteurs issus de la diversité, l’attribution de prix et la publication de nouvelles d’auteurs issus de la diversité. Ils proposent également des programmes de formation et des listes de livres pour les bibliothèques, les enseignants et les parents qui recherchent des livres avec des personnages issus de milieux marginalisés.
La diversité n’est pas un problème
Marieke Nijkamp écrit des livre. Le 25 janvier prochain sortira son prochain roman, intitulé “Als de nacht valt” (“Quand la nuit tombe”) et qui raconte l’histoire d’une personne non-binaire. C’est-à-dire une personne qui ne se sent pas à l’aise dans les catégories binaires “homme” ou “femme”.
Nijkamp est iel-même non-binaire et a un handicap. Iel s’est donné pour mission personnelle de rendre les livres pour enfants plus diversifiés. Iel le fait notamment en choisissant des personnages principaux de la communauté LGBTQIA ou des personnages avec un handicap. “La diversité est encore trop souvent associée à un problème”, explique-t-iel.
Selon l’auteur, les livres sont essentiels pour développer l’empathie envers d’autres cultures, orientations sexuelles, identités ou handicaps. “Il est important que les lecteurs puissent se reconnaître dans les personnages”, explique Nijkamp. “Qu’ils voient qu’ils peuvent, eux aussi, être le héros d’une histoire, plutôt que le sidekick gay et insolent ou la personne en fauteuil roulant censée inspirer le protagoniste.”