Le constat effrayant: on va tous mourir parce qu’on est de plus en plus bêtes
InterviewQuand l’inspectrice Grace Campbell pousse la porte du monastère de l’île d’Iona, à l’ouest de l’Écosse, où le corps d’un homme a été retrouvé mutilé, elle ne sait pas où elle met les pieds. Et nous non plus: Nicolas Beuglet, ancien journaliste reconverti en auteur de thriller à succès, met du temps à dérouler son intrigue. Elle s’accélère dans la deuxième partie du roman, écrite lors du confinement. À croire que l’enfermement forcé l’a inspiré.
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“Le dernier message”, fraîchement sorti chez XO, nous annonce le déclin de la civilisation mondiale et la raison de notre mort prochaine est terrifiante puisque tout à fait plausible. Nicolas Beuglet nous parle de la chute brutale l’intelligence et de notre dépendance aux réseaux sociaux, entre autres. Il part du principe qu’on passe notre vie sur des écrans, ça nous abrutit, notre QI baisse, on a moins de capacités verbales ou émotionnelles pour résoudre certains conflits, du coup on réagit de façon plus impulsive, jusqu’à ce que mort s'ensuive. Rencontre.
Dans “L’île au diable”, votre précédent roman, vous écriviez qu’une épidémie silencieuse était en train de nous tuer: il s’agissait de la dépression. Dans cette nouvelle histoire, vous allez plus loin encore: vous dites que le monde court à sa perte parce qu’on devient de plus en plus bêtes. Nous allons mourir d’une épidémie de bêtise…
C’est effrayant. Quand j’ai dû faire passer les tests de précocité à ma grande fille de 10 ans, je me suis intéressé au QI. Depuis les années 50 et jusqu’en 90, on avait des moyennes recevables et le quotient intellectuel était en croissance. L’Occident devenait toujours plus intelligent et là, on vit quelque chose qui n’est jamais arrivé dans l’espèce humaine: le QI stagne, au mieux, ou est en baisse. En termes de civilisation, ce n’est pas rien, c’est abyssal. Ça m’a questionné: est-ce que c’est vrai? J’ai découvert que oui. Je me suis alors demandé pourquoi. Est-ce que c’est dû au hasard? Est-ce que c’est voulu? Par qui? Et là, pour un auteur de thriller, il y a de la matière…
L’enquêtrice s’interroge: est-ce que le gouvernement n’essaierait-il pas de cacher des choses au grand public? C’est très actuel, ça, comme sujet: les théories du complot vont bon train.
C’est vrai. J’ai écrit la moitié du livre pendant le confinement. On a pu assister en direct à la désolation de l’intelligence et à la défaite de la science. Non pas parce qu’elle n’a pas trouvé de remède contre le coronavirus mais parce qu’elle a passé son temps à se contredire. J’ai trouvé ça terrifiant. Il n’y a eu que des messages contradictoires et ça a détruit l’intelligence de manière supplémentaire. On se dit qu’il n’y a plus rien de vrai. Que c’était déjà compliqué avant, que là, ça ne vaut plus la peine de croire en rien. Ce qui est intéressant, c’est que ces contradictions ont provoqué un ras le bol. Et la colère peut amener à se poser des questions. Concernant les théories du complot: il ne faut pas confondre se poser des questions et questionner le monde, et le mot complot. Il faut vérifier ses informations. Je passe mon temps à contredire les infos que je découvre. Je ne trouve pas forcément les réponses sur Internet mais souvent dans les livres. Il faut en tout cas admettre que dans les théories complotistes, il y a des questions importantes qui sont posées et que dans certaines réponses, parfois, il y a de la vérité. Si on vous avait dit à l’époque que Facebook, Instagram, Tinder avaient été créés pour vous rendre accros, vous auriez crié au complot. Mais on sait aujourd’hui que c’est vrai. L’information vient de gens qui travaillaient pour ces réseaux et qui se sont repentis. Il y a vraiment des choses qui sont organisées à grande échelle et qu’on n’est pas censés savoir.
Vous reprochez aux réseaux sociaux de rendre les utilisateurs addicts. Mais finalement, est-ce que vous ne faites pas la même chose avec vos romans puisque l’idée est de pousser le lecteur à tourner la page pour lire la suite?
On n’est pas accro aux réseaux sociaux par hasard. Tout ça est organisé de façon scientifique: ils veulent juste récolter des informations pour les revendre à la pub. Les ingénieurs qui se cachent derrière le disent: ils veulent juste nous rendre accros avec des récompenses aléatoires et de la dopamine. Ça pousse au scrolling sans fin mais tout ça n’aboutit absolument à rien en termes de richesse personnelle. J’essaie d’utiliser les mêmes armes que ces gens-là en vous donnant envie de toujours lire la page d’après. Mais j’espère que ça vous aura enrichi, que vous aurez envie de vous questionner sur des choses qui, en fait, conditionnent votre vie. J’utilise les mêmes armes, oui, mais pour un objectif plus sain.
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