Le grand amour brisé par le Covid: “Perdre un mari, on ne s’imagine pas ce que c’est”
La pandémie et les confinements successifs ont été, à bien des égards, des moments très difficiles pour de nombreuses personnes. Durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, nous avons été coupés de nos proches, nous avons parfois dû vivre cloîtrés chez nous. Certains ont eu la chance d’être accompagnés durant cette étrange période, mais d’autres non. Le 25 mars 2020, alors que la Belgique est confinée depuis près de deux semaines, et ce, pour la première fois, Annie Lalé perd son mari des suites du Covid. Cette Française installée à Bruxelles a dû surmonter une double peine: celle d’avoir perdu l’homme qui partageait sa vie depuis cinquante ans, et celle d’avoir passé ce moment douloureux loin de ses proches, de ses amies et amis, seule dans sa grande maison bruxelloise. Dans son livre “Journal d’une jeune veuve confinée”, Annie explique comment elle est parvenue à garder le cap après cette épreuve difficile.
Le 13 mars, la vie des Belges a basculé. Le gouvernement a décrété un confinement afin de lutter contre la pandémie de coronavirus. Pour beaucoup, cette annonce a été difficile à accepter. Bien que, à l’époque, on promettait que cela ne durerait pas. L’Histoire se rappelle pourtant que ce premier confinement a duré plus longtemps que prévu et qu’il a été suivi par d’autres.
Ce confinement a été une mauvaise nouvelle pour beaucoup de Belges, mais pas pour Dieter, le mari d’Annie Lalé. Depuis 2012, l’homme d’origine allemande vivait dans un appartement du CPAS. Le couple était toujours uni, mais pas sur le plan physique. Suite à une très mauvaise chute, Dieter ne pouvait vivre dans leur maison bruxelloise où il fallait emprunter des escaliers pour aller jusqu’à la chambre à coucher ou dans la salle de bain. D’un commun accord, Annie et lui ont donc trouvé un logement de substitution, qu’il occupait depuis 2015. Pour Dieter, son “Schatz” (“Chéri”), comme Annie l’appelle, ce confinement était l’occasion de passer plus de temps à deux. Mais cet enthousiasme a été de courte durée.
Le virus a eu raison de lui
Très peu de temps après le confinement, Dieter tombe malade. “J’ai dû attraper le Covid et le lui ai passé”, explique Annie. Voyant que son mari ne se sent pas bien, elle appelle alors les urgences. Mais comme il n’a aucun symptôme, Dieter n’est pas pris en charge. “Le lendemain, quand les ambulanciers sont venus, il était déjà trop tard”, poursuit Annie.
Je n’ai pas besoin de vengeance. Je pense, par contre, que nous avons perdu des notions essentielles de respect de ce qu’est la vie humaine.
Durant l’hospitalisation de son mari, Annie est allée lui rendre visite. Dieter était sous sédatif. Un traitement auquel s’ajoutaient des antidépresseurs, qu’il prenait depuis plusieurs années pour calmer ses angoisses, qui lui ont d’ailleurs valu des séjours en psychiatrie, mais aussi de la morphine. Quand Annie a vu son Schatz pour la dernière fois, elle explique qu’il était encore “présent”, mais pas complètement conscient de son état. “Il m’a demandé son manteau, puis s’est étonné d’être venu sans chaussures. Il était dans un demi-coma”, se souvient-elle. Dans la nuit du 24 au 25 mars, Dieter est décédé.
La septuagénaire n’en veut pas aux médecins de ne pas avoir pu déceler plus tôt que Dieter avait le Covid. “Je n’ai pas besoin de vengeance”, indique Annie. “Je pense, par contre, que la situation que nous avons vécue était tout à fait inédite. Et la peur dans laquelle nous avons vécu, les uns et les autres, a fait que nous avons perdu une part de notre humanité. Nous avons perdu des notions essentielles de respect de ce qu’est la vie humaine”, poursuit-elle.
Des premiers jours compliqués
Les jours et les nuits qui ont suivi la disparition de Dieter ont été très particuliers pour Annie. Bien sûr, perdre un proche n’est jamais une chose facile à vivre, mais dans le contexte de l’époque, cela a été d’autant plus difficile pour la Bruxelloise d’origine française. “Perdre un mari, on ne s’imagine pas ce que c’est. J’ai été surprise, comme tout le monde. Bien que, d’une façon ou d’une autre, le fait que l’on ait été séparés m’a habituée à une certaine absence”, indique-t-elle.
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La première matinée en tant que jeune veuve a été particulièrement éprouvante pour elle. Elle s’est rendue à l’hôpital pour voir son mari. Il était à la morgue. Une morgue qu’elle a dû chercher toute seule. “Il n’y avait personne dans les services, car tout le monde se cachait, tout le monde avait peur. J’ai erré pendant une heure”, se souvient-elle. Finalement arrivée à la morgue, Annie se voit objecter un grand stop de la part du gardien. “Il m’a dit qu’il était hors de question que je vois mon mari. Il avait des instructions, ce que je comprends. Mais du coup, je n’ai pas pu dire au revoir à mon mari”, regrette Annie.
Écriture salvatrice
À l’époque, rappelons-le, les autotests n’existaient pas. Supposant qu’elle avait transmis le virus à son Schatz, Annie a préféré se mettre en quarantaine. Celle-ci, à la fois choisie et forcée, lui a permis de réfléchir et de commencer un long travail “pour se retrouver en tant que veuve”. Et c’est ainsi qu’elle s’est mise à écrire. C’était pour elle un besoin irrépressible. Pourtant, jamais, jusque-là, Annie n’avait eu l’occasion d’écrire pour elle, pour le plaisir: “J’ai vécu dans une maison où l’on était quatre. Je partageais ma chambre avec mon petit frère et ma petite sœur. Je n’ai jamais vraiment eu d’espace à moi, d’espace d’intimité. Contrairement à beaucoup de filles de mon âge, je ne pouvais pas tenir de journal intime. Je n’ai jamais vraiment pris l’habitude d’écrire, si ce n’est pour mes activités professionnelles.”
Les premières journées du veuvage étaient réservées aux tâches administratives et aux formalités d’usage auxquelles une personne veuve doit se plier après la perte de son compagnon ou de sa compagne. Elle écrivait donc le soir. Dans un premier temps, elle envoyait ses textes par mail à ses proches, et ceux de Dieter, pour les informer de la tragédie qui avait brisé leur couple. Après l’incinération, elle ne s’est pas arrêtée. Cette fois-ci, ses lettres étaient réservées à sa famille proche: son frère, sa sœur, et son fils, qui vit en Angleterre. “Ma sœur et mon frère en étaient demandeurs. Je ne suis, par contre, pas certaine que mon fils ait déjà lu mon journal.”
De la correspondance au livre
Si nous vous parlons, aujourd’hui, d’Annie et de son histoire, c’est qu’elle a récemment publié ce journal très intime. “Ce sont les réactions de ma sœur et de mon frère qui m’ont poussée à publier”, explique la jeune veuve. Ils m’ont dit que c’était quelque chose de très touchant, que j’abordais le thème de la mort de manière très directe, alors que c’était quelque chose que l’on ne faisait pas souvent. Qu’il n’y avait aucune sensation de malaise.”
Je n’ai jamais vraiment eu d’espace à moi. Contrairement à beaucoup de filles de mon âge, je ne pouvais pas tenir de journal intime.
L’idée de rendre ses écrits publics a tout doucement fait son chemin, jusqu’à ce qu’une amie lui dise qu’elle avait, elle aussi, été bouleversée par son histoire, et lui a suggéré de publier. “Je me suis dit qu’après tout, pourquoi pas. S’est alors fait un parcours intérieur, et je me suis finalement dit que c’était un témoignage comme un autre qui ne m’appartiendrait plus une fois qu’il serait publié.”
Le chemin avant la publication a été long, mais elle a fini par trouver une maison d’édition intéressée par son récit. En octobre 2021, plus d’un an et demi après avoir entamé son travail d’introspection, Annie a publié “Journal d'une jeune veuve confinée” aux éditions Vérone.
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