Terreur dans une station de ski isolée: “Dans des tas de situations anodines, il y a des idées horribles qui me viennent”
InterviewHugo a le cœur brisé. Pour se remettre de sa rupture, il accepte un poste de saisonnier dans une petite station de ski isolée de tout et de tout le monde. Il y restera tout l’été, entouré d’une poignée d’habitués qui profitent de l’absence de touristes pour remettre le site en état. Très vite, Hugo se met à avoir des hallucinations. L’isolement est-il en train de le rendre fou ou est-ce autre chose, de plus inquiétant? Maxime Chattam avec son roman “L’illusion” réussit son tour de magie: nos nerfs se tendent à l’extrême et nos battements du cœur s’accélèrent lors de passages où il ne se passe pourtant pas grand-chose. L’ambiance est noire. Terrifiante. “C’était jouissif. La rupture de tons, dans ce climat énigmatique, provoque paranoïa et séquences dignes d’un film d’horreur”, se réjouit l’auteur au téléphone.
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Et dire que ce roman n’aurait pas dû exister. À la fin du livre, en effet, Maxime Chattam explique que le livre qu’il avait présenté à sa maison d’édition n’a finalement rien à voir avec “L’illusion”. “Pour être romancier, il faut écouter ce qu’on a envie d’écrire au moment où on a envie de l’écrire. J’étais enthousiaste sur un projet précis mais au fur et à mesure que j’avançais dans ce projet, je perdais la passion. C’est un livre qui demandait beaucoup de recherches et je n’avais pas envie de partir pour deux mois de recherche. Je n’avais en fait pas envie d’écrire le livre que j’avais initialement en tête tout de suite. C’est celui que j’avais en tête pour après qui s’est imposé. Il n’y avait pas de recherches: j’ai inventé la station, je maitrisais du coup son histoire, sa géographie, je faisais ce que je voulais. La vraie préparation avait déjà été faite avant. Je connaissais les personnages, les lieux, les interactions. Quand je commence à écrire, je sais où je vais.”
Vous avez installé votre histoire dans une station de ski isolée. Vous avez eu l’idée du roman sur les pistes?
C’est un mélange de plein de choses mais c’est surtout parti d’un souvenir de gamin. J’avais la chance d’aller skier et je me souviens de ces immenses barres avec tous ces appartements. Je me souviens m’être dit que ça devait être extrêmement angoissant. J’ai cette image dans mon paysage mental depuis que je suis gamin.
“L’illusion” est un thriller angoissant qui se déroule en huis clos. Comment on fait pour ne pas tourner en rond quand les faits se déroulent dans un espace limité?
Ce n’est pas si compliqué, c’est une question d’interaction entre les personnages. Ici, il fallait une galerie de personnages intéressants. Pour tout vous dire, quand j’ai préparé les notes du roman, j’avais créé les historiques de chaque personnage. Je connaissais leur vie dans le détail mais je n’ai pas pu mettre les trois quarts de ce que j’avais imaginé. À partir de là, le huis clos, c’est facile: qui, parmi cette douzaine de protagonistes, est coupable de ce qui se passe? Est-ce que le héros ne serait pas un suspect? Et puis, c’est un roman entre réalisme et fantastique, je pouvais donc imaginer certaines choses...
Hugo anticipe toujours l’horreur. Il imagine toujours le pire, il imagine des choses très précises. Ça se passe comme ça dans votre tête au quotidien? Vous imaginez toujours des choses horribles dans des situations quotidiennes banales?
(Il rigole) En tant que romancier, disons que j’ai travaillé mon cerveau en ce sens. Ou bien je le laisse tourner, comme une déformation professionnelle. Dans des tas de situations anodines, il y a des idées horribles qui me viennent. C’est mon travail d’accepter d’imaginer le pire, ça devient une routine, sans que je le veuille ou que j’y pense. Je discute avec quelqu’un et d’un coup, boum, j’imagine un truc horrible. Et parfois, de ça, il y a une idée qui reste...
“L’illusion” est sorti alors que les librairies sont fermées en France. Vous avez exprimé votre colère à ce sujet sur les réseaux sociaux...
Oui. Il y a mon cas personnel, la déception de savoir que le livre sur lequel j’ai bossé pendant tant de mois ne rencontrera peut-être pas son public. Mais bon, il sortira en poche. C’est triste mais ce n’est pas dramatique. J’ai de la chance: si le bouquin ne marche pas, financièrement je vais m’en remettre. Mais il y a des auteurs qui bossent 1 an, 2 ans, 3 ans et qui ont besoin d’être en librairie. Pour eux, c’est dramatique, c’est une catastrophe. Les librairies fermées en France, symboliquement, dans un pays comme le nôtre, j’ai du mal à comprendre. Quelle est la logique des politiciens qui disent ouvrons les cavistes et les merceries mais pas les librairies. On peut acheter du vin, on peut bricoler mais pas se cultiver. Ça me met en colère.
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