“Déposez vos vidanges”: l’appel d'un brasseur face à la pénurie de ses bouteilles

La crise sanitaire aura causé du tort aux brasseries de notre pays. Alors que l’Horeca a été forcé de fermer ses établissements durant les nombreuses semaines de confinement, la pandémie a mis la production de matière première fortement sous pression. À cela s’ajoute une pénurie de matière première nécessaire à la production de nouvelles bouteilles. 

Comme d’autres brasseurs, St Hubertus, la bière d’abbaye artisanale, rencontre des problèmes de vidange et lance aujourd'hui un appel aux consommateurs: “Déposez vos vidanges!” Et ce, afin de pouvoir continuer à produire. En effet, depuis la crise sanitaire, le flux retour des bouteilles au sein des brasseries est en baisse, mais quelles en sont les raisons?

“On a développé une bouteille très spécifique pour nous différencier”, nous explique Julien Galand. La St Hubertus est connue pour sa bouteille aux formes si particulières et son cerf gravé. “Quand on fait le choix d’une bouteille spécifique, on n’a pas accès à un parc de bouteilles énorme. La nôtre n’existe pas en dehors de notre réseau”, précise le Head of Marketing.

“On a choisi de faire une ‘bouteille retour’, car on peut l’utiliser au minimum sept fois. Mais généralement, elle est utilisée une vingtaine de fois. Notre business model est donc basé sur cette ‘bouteille retour’. C’est plus responsable, mais cela permet aussi d’économiser de l’énergie. Et puis, c’est un standard du marché dans l’horeca.”

Dans ce canal, la perte de bouteille est faible, car l’exploitant horeca commande par casier et est bien conscient de la valeur économique et écologique de ses vidanges. Toutefois, toutes les bouteilles qui ne reviennent pas doivent être remplacées et reproduites. “Tant qu’on est dans un marché horeca, ça ne pose pas de problème. Le circuit de retour est fermé. On récupère nos casiers plein de vidanges lors de la livraison. La brasserie nettoie les bouteilles et les remplit de bière. On a une perte qui s’élève à 3 et 8% généralement.”

Mais les choses se sont compliquées avec la crise sanitaire. Uniquement vendue dans l’horeca, la crise du Covid-19 a poussé la marque St Hubertus à vendre ses bières en magasin. “Cela faisait un moment que Delhaize nous demandait le produit et que l’on refusait, en pensant qu’il était trop tôt pour nous. La crise sanitaire est arrivée et là, notre chiffre d’affaires a fait -90%. On s’est donc retrouvé sans business, avec notre bière en stock.” 

Après mûre réflexion, la société familiale belge a décidé de répondre favorablement à la demande de Delhaize et accepté de rentrer dans leurs magasins. “Ça a été fait en bon partenariat”, se réjouit Julien Galand. 

Dans le retail, nombreuses sont les boissons vendues hors de leur casier ou dans ce que l’on appelle “le verre perdu”. Le consommateur n’est donc pas toujours conscient de la valeur de la bouteille qu’il consomme. Certaines doivent en effet finir dans la bulle à verre, tandis que d’autres sont consignées. Cela signifie qu’il a payé une caution sur la bouteille à l’achat qui lui sera remboursée lorsqu’il la retournera au vendeur.

Pour encourager le consommateur à retourner ses bouteilles St Hubertus, la marque a même proposé une caution de 20 centimes, soit 10 centimes de plus que les autres enseignes. “C’est aussi parce que nos bouteilles coûtent plus cher, étant uniques. Mais il n’y en réalité que 10% des bouteilles qui nous reviennent. Pourtant, on pensait que le retour des bouteilles se ferait facilement. On connaît le marché, et on sait que les Belges sont beaucoup plus disciplinés que bien d’autres Européens en matière de recyclage et de tri”, s’étonne Julien Galand. 

À travers son appel, St Hubertus souhaite donc rappeler qu’il est primordial de retourner ses vidanges régulièrement. “Quand on est dans un système retour, on est aussi dans un système local, qui protège assez bien l’économie locale.” Pour rappel, les vidanges de la marque sont à déposer exclusivement dans les points de vente Delhaize.

Vous reprendrez bien une bière à l’ail?

Des appels au boycott lancés contre Heineken après une publicité pro-vaccin: “Maintenant ils seraient experts en santé?”