Le vin, vu du foie, est un alcool comme les autres

Au début du mois dernier, la ministre française de la Santé avait provoqué un véritable tollé en osant égratigner l'un des trésors du patrimoine national: son vin. Agnès Buzyn pointait une désinformation dangereuse dans le domaine (voir extrait vidéo ci-dessus): "Zéro différence du point de vue du foie... C'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu'il apporterait des bienfaits que n'apporteraient pas les autres alcools. C'est faux", avait-elle ainsi dénoncé sur le plateau de l'émission de France 2 "Alcool, un tabou français?". 

Macron désavoue sa ministre
Or, le président Emmanuel Macron, grand défenseur de l'excellence française en la matière, n'est pas du même avis et l'a fait savoir à la profession: "Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de (Georges) Pompidou: 'n'emmerdez pas les Français'", avait-il déclaré en marge du traditionnel Salon de l'agriculture. "Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n'est pas avec le vin", avait-il notamment argumenté. 

Le vin "n'est pas notre ennemi"
L'opinion du patron du mouvement politique En Marche, Christophe Castaner, allait dans le même sens que celle d'Emmanuel Macron: "Il y a de l'alcool dans le vin mais c'est un alcool qui n'est pas fort et qui fait partie de notre tradition, de notre culture, de notre identité nationale. Il n'est pas notre ennemi. L'alcoolisme est toujours notre ennemi", avait-il répondu à Jean-Jacques Bourdin sur RMC. 

Soutien des médecins
Lâchée par ses "supérieurs", Agnès Buzyn a en revanche reçu le soutien appuyé d'un collectif de médecins. Ils ont confirmé les propos de la ministre et publié une tribune dans Le Figaro: "L'alcool tue près de 50.000 personnes par an et est la seconde cause de cancers après le tabac; l'alcool, notamment le vin, est à la source de violences familiales, conjugales et de violences sur la voie publique, de 'binge drinking', d'une part importante des affections mentales, des suicides et de la mortalité accidentelle et routière", rappellent les professionnels de la santé. 

Débat de santé publique
Ils insistent en outre sur la nécessité d'aborder le débat de santé publique plutôt que de craindre la colère d'un secteur lucratif et prestigieux, étroitement lié à l'image de la France: "Si le débat ne s'affranchit pas des intérêts particuliers et des lobbys intervenant y compris au sommet de l'État, s'il néglige les souffrances des malades, des familles et de toutes les victimes de l'alcool, nous n'avancerons pas dans le contrôle de la consommation d'un produit ambigu, source d'emplois, de plaisir et en même temps, et trop souvent, de malheurs et de drames", conclut la tribune.