Salt Bae ouvre un 28e restaurant: pour un gueuleton à cinq chiffres, le chef vous donne même la becquée

Romelu Lukaku y était encore la semaine dernière. Les images de sa visite montrent l’attaquant essayer d’imiter Salt Bae saupoudrer la viande de sel le long du coude, selon son geste caractéristique devenu viral. Kevin De Bruyne est lui passé le voir à Dubaï. Thibaut Courtois en est fan aussi. Des visites que Salt Bae, qui sait jouer des relations publiques, relaie rapidement sur les réseaux sociaux.

D’où vient ce chef hissé au rang de star internationale? Salt Bae, Nusret Gökçe de son vrai nom, est le fils d’un mineur turc. Il n’est allé à l’école que jusqu’à l’âge de 13 ans, puis a commencé à travailler dans un abattoir d’Istanbul, avant de se former en Argentine. Il a ouvert son propre restaurant à Istanbul en 2010, Nusr-et, mais il n’est devenu grand que quatre ans plus tard, quand un riche investisseur lui a proposé d’en faire une chaîne, jusqu’à New York. Lunettes de soleil, queue de cheval, corps musclé sans graisse: Salt Bae a soigné son image.

L’enseigne est connue pour ses steaks, éventuellement recouverts d’or comestible, grimpant alors au-dessus des 1.000 euros. Ajouter une bonne bouteille à la commande, et les records par table flambent au-delà de 50.000 dollars (soit plus de 43.000 euros). Les additions fleurissent fièrement sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs souvent le but de la visite: montrer sur Instagram qu’on y est allé.

Est-ce du show? Évidemment. Les critiques culinaires ne savent pas exactement comment se positionner. Fin septembre, Salt Bae ouvrait un restaurant à Londres. C’était très attendu, car au-delà du cliché du “fish and chips”, Londres est une ville de gourmets. Les commentaires ont été cinglants: le steak est bon, mais le reste de la carte, comme les burgers, les accompagnements et les sushis se sont avérés médiocres, voire insipides, écrivait un critique, admettant cependant que l’expérience était surréaliste, digne d’un film: une salle comble vibrant au son de jazz et de funk, avec au milieu Salt Bae coupant les steaks avec un plaisir presque sensuel et posant avec les clients. Le chef pousse même la viande dans la bouche de celui qui le voudrait, façon oisillon.

Force est de constater que le personnage joue avec les limites: jusqu’où donc peut-on aller dans le culte des chefs? Chaque histoire pleine de paillettes a par ailleurs ses côtés moins glamour. La nouvelle a filtré la semaine passée: Salt Bae cherchait un chef de partie pour son restaurant londonien, mais la personne recrutée ne gagnerait que 14 euros de l’heure... soit le prix d’une purée ou d’un Red Bull dans l’établissement.

Deux mois après Londres, Salt Bae s’envole cette fois vers l’Arabie saoudite, pour ouvrir son 28e restaurant, à Riyad. Les chefs savent que des mannes d’argent s’y trouvent. La viande rouge y est en outre un symbole de statut social: là-bas, un steak importé est le summum, d’où les importations de wagyu du Japon. Succès assuré pour Salt Bae?

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