Testé pour vous: que vaut le “champagne” russe?

Pour réaliser cette dégustation, notre choix s’est porté sur trois bouteilles de la même gamme de prix, approximativement: entre 9 et 13,99 euros. Notre dégustatrice du jour n’avait aucune indication sur leur provenance ni leur appellation, outre le constat évident qu’il s’agissait de vin effervescent. Cécile De Blauwe a procédé à l’analyse visuelle, olfactive et gustative de trois cuvées très différentes: un crémant d’Alsace, un champagne d’entrée de gamme et un vin pétillant russe. Nous avons dévoilé les bouteilles à la fin de la séance.

Le champagne d’entrée de gamme “Comtesse de Gramont” est issu d’un assemblage de chardonnay, pinot noir et pinot meunier et affiche un prix de 13,99€, soit l’un des plus bas du marché dans son appellation. 

Analyse à l’aveugle

Cécile De Blauwe: “On sent des fruits mûrs, de la pêche, des abricots, de la poire. Un côté gourmand. Le nez est flatteur... mais en bouche, ce n’est plus du tout ça. On perd de la finesse et le sucre est un peu trop présent. Il est moins acide, peu minéral et on sent surtout la pêche au final, qui masque par conséquent le reste. L’effervescence est puissante et anesthésie également les sensations. Il perd de sa complexité olfactive en bouche. Il est un peu trop dosé et assez mal équilibré. Il n’y a pas assez de fraîcheur pour contrebalancer le tout.”

(Au terme de la dégustation)

“Je n’imaginais pas trop un champagne. Ma première impression partait sur un prosecco brut, un crémant de Bordeaux ou une blanquette-de-limoux. Ce n’est clairement pas un champagne de gastronomie.”

L’histoire de la Crimée est complexe mais depuis le référendum populaire organisé par la région en 2014, la péninsule de la mer Noire est désormais officiellement intégrée à la Russie. Une “annexion” que conteste évidemment l’Ukraine. Bien que son appartenance à la Russie pose donc question, et sans vouloir entrer dans le débat géopolitique, “La Perle de Crimée” reste le “champagne russe”, issu de la tradition soviétique, le plus facile à trouver à Bruxelles, au prix de 8,99 € chez Mini-Mix. Il résulte d’un assemblage de chardonnay, riesling, aligoté et pinot. La mention “trocken” (en allemand, au dos de la bouteille) indique qu’il s’agit d’un vin sec. Prudence toutefois: dans la législation viticole allemande, les vins “secs” peuvent contenir jusqu’à 9 g/l de sucre résiduel alors qu’en France la limite est fixée à 4 g/l. Un mousseux classé “Trocken” peut donc presque nous évoquer un champagne extra-dry, catégorie intermédiaire entre le brut et le demi-sec.  

Analyse à l’aveugle

Cécile De Blauwe: “Il est assez peu complexe au nez, discret. On sent des fruits acidulés, de la pomme verte. Il est plus étonnant en bouche, particulièrement sucré, très, voire trop dosé. Les bulles sont grosses, la mousse est chargée. Ça manque un peu de subtilité et de finesse. Deux arômes dominent: ce côté litchi et cette eau de rose un peu écœurante. Il est déséquilibré: il manque clairement d’acidité pour contrebalancer le sucre. C’est celui que j’aime le moins et je pense qu'il s’agit du ‘champagne’ russe.”

(Au terme de la dégustation)

“Ça ne vaut pas plus de 9 euros. Après, ça n’est pas désagréable et ça reste original sur un dessert, si les gens veulent s’amuser, mais il ne convient certainement pas à l’apéro. Je l’imagine bien sur un dessert majoritairement composé de fruits, pas trop sucré, un carpaccio d’ananas par exemple ou un crumble aux abricots et au romarin.”

Issu d’un assemblage de pinot blanc, de pinot noir et de riesling, le crémant d’Alsace Brut “Prestige” de la maison Wolfberger est disponible en grande surface autour de 11 euros.

Analyse à l’aveugle

Cécile De Blauwe: “La robe tire vers le doré. Les bulles sont très fines. Le train de bulles remonte assez vivement vers la surface. On sent des odeurs d’agrumes, un peu de brioche, de la vanille. C’est, selon moi, le plus qualitatif, le plus complexe. Il présente une belle minéralité et une nette acidité qui apportent de la fraîcheur en bouche. Il affiche une certaine élégance et démontre de la finesse. C’est le plus abouti des trois. Pour moi, il répond à tous les critères du champagne.” 

(Au terme de la dégustation)

“Je reste sur mon premier sentiment, malgré ‘l’erreur’. Il bénéficie d’une belle minéralité, d’une belle fraîcheur et il est très agréable... même si j’ai pris un pinot blanc pour un champagne (rires). Dommage que son dosage (NDLR: taux de sucre) ne soit pas indiqué. Un très bon rapport qualité/prix!”

1) Crémant d’Alsace Wolfberger brut “Prestige” 

2) Champagne Comtesse de Gramont brut

3) “Perle de Crimée”

La Russie s’approprie l’appellation “champagne”: les producteurs français “scandalisés”

Un vin à 2,50 euros décroche le titre de Maître-Achat

Un vin houblonné, la curieuse mixture née de l’amitié entre un brasseur et un viticulteur