Au Brésil, 1.300 bébés sont morts des suites de la Covid: “Je voulais faire tester mon fils, mais le médecin m’a envoyée balader”
En un peu plus d’un an, le coronavirus a fait plus de 360.000 morts au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis. Selon un médecin brésilien, au moins 1.300 bébés sont décédés des suites de la Covid-19. Jessika Ricarte a perdu son fils d’un an après qu’un médecin a refusé d’effectuer un test de dépistage du coronavirus. Deux mois plus tard, Lucas est mort après avoir développé un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (MIS-C), une complication rare du virus caractérisée par une inflammation des parois des vaisseaux sanguins. Cette maladie infantile a également été diagnostiquée à plusieurs reprises dans notre pays.
Jessika Ricarte, une enseignante brésilienne, s’était inquiétée de la perte d’appétit de son petit garçon. Selon la marraine de l’enfant, une infirmière, il ne souffrait que d’un mal de gorge. Mais son état s'est rapidement aggravé. Il avait du mal à respirer, avait de la fièvre et était très fatigué.
Sa mère l’a alors emmené à l’hôpital et a demandé un test covid. Le médecin “l’a envoyée balader”, dit-elle, sous prétexte que le virus ne touchait pratiquement jamais les enfants en bas âge.
Lucas semblait aller mieux grâce aux antibiotiques. “Mais il était toujours très fatigué”, raconte sa mère à la BBC. J’envoyais des vidéos de lui à ma famille, mais tout le monde pensait que j’exagérais. J’ai dû arrêter de regarder les infos, parce que ça me rendait paranoïaque. Mais au fond de moi, je savais que quelque chose n’allait pas. Il avait toujours des difficultés à respirer.” Les craintes de la jeune maman étaient fondées.
Nous sommes alors en mai 2020. À l’époque, le Brésil commençait à peine à être touché par le coronavirus, un virus dont on ne savait encore que peu de choses. “Nous venions d’enregistrer les deux premiers décès liés à la covid dans mon village de Tamboril. Ce fut un véritable choc”, se souvient Jessika.
Le syndrome de MIS-C
Le 3 juin, l'état de santé de Lucas s’est encore aggravé. Le petit garçon n’arrêtait pas de vomir. Admis à l’hôpital local, il a finalement été testé positif au coronavirus. Ses parents l’ont ensuite emmené d’urgence à l’hôpital mieux équipé de la ville de Sobral. Après deux heures de route, ils ont enfin reçu le bon diagnostic: leur fils souffrait du syndrome inflammatoire multisystémique, une pathologie similaire à la maladie de Kawasaki. Les complications sont souvent dues à une réaction excessive du système immunitaire.
Lucas a été placé sous respirateur et a survécu à un arrêt cardiaque. Après 33 jours en soins intensifs, le petit garçon a finalement perdu son combat contre la maladie. “Les médecins venaient de me donner un peu d’espoir, alors j’avais éteint mon téléphone portable cette nuit-là”, raconte sa maman. “J’ai rêvé que Lucas s’approchait de moi et embrassait mon nez. Je me suis réveillée en étant apaisée, mais ensuite j’ai vu dix appels manqués du docteur. Son rythme cardiaque et son taux d’oxygène avaient chuté de façon drastique, avec des conséquences fatales.”
“On a perdu un temps précieux”
Jessika Ricarte est convaincue que son enfant serait toujours en vie si on avait accepté de le dépister plus tôt. “Même si les médecins n’y croient pas, il faut toujours tester. Les bébés ne peuvent dire ce qui ne va pas. 70% de son poumon était déjà touché à ce moment-là. On a perdu un temps précieux.”
Le docteur Manuela Monte, le médecin qui a traité Lucas, est d’accord avec Jessika. Il n’y avait pas de temps à perdre et il aurait dû être pris en charge le plus tôt possible. “Il était déjà dans un état critique lorsqu’il est arrivé à notre hôpital. J’ai été surprise, cependant, qu’il soit en si mauvais état, car avant cela, il semblait être en parfaite santé”, explique-t-elle.
Selon les chiffres officiels, au moins 852 enfants de moins de dix ans sont morts des suites de la Covid-19 au Brésil entre février 2020 et mars 2021. Parmi les victimes, on compte pas moins de 518 enfants en bas âge.
Deux mille enfants décédés au Brésil, selon un médecin
Le docteur Fatima Marinho estime qu’il est erroné de croire que les enfants ne courent aucun danger lorsqu’ils sont infectés par le coronavirus. Elle a creusé davantage les chiffres et a également pris en compte la surmortalité. Elle est arrivée à la conclusion qu’il y avait dix fois plus de décès chez les enfants souffrant de problèmes respiratoires que les années précédentes.
D’après ses calculs, 2.060 enfants de moins de dix ans sont ainsi décédés au Brésil à cause de la Covid-19, dont 1.302 bébés. “On ne teste pas assez dans ce pays, ce qui fait que beaucoup de cas passent entre les mailles du filet”, fait-elle souligner.
Le Brésil en proie à une “catastrophe humanitaire”
La gestion chaotique de la crise du Covid-19 par les autorités brésiliennes, sans aucune “réponse coordonnée et centralisée”, a plongé le pays dans une “catastrophe humanitaire”, a dénoncé jeudi Médecins sans Frontières (MSF).
“L’absence de volonté politique pour agir de manière adaptée face à cette pandémie est responsable de la mort de milliers de Brésiliens”, a affirmé l’ONG dans un communiqué.
En un peu plus d’un an, le coronavirus a fait plus de 360.000 morts au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé au monde après les Etats-Unis. La crise sanitaire s’est fortement aggravée ces dernières semaines, avec plus de 66.000 morts lors du seul mois de mars et plus de 3.000 décès par jour en moyenne.
“La semaine du 5 avril, 11% des nouvelles infections au Covid-19 dans le monde étaient enregistrées au Brésil, ainsi que plus d’un quart des décès”, a souligné MSF.
Pour l’ONG, “ces chiffres illustrent l’incapacité des autorités à gérer la crise sanitaire et humanitaire dans le pays et à protéger les Brésiliens, en particulier les plus vulnérables, contre le virus”.
Le président d’extrême droite Jair Bolsonaro n’a cessé de minimiser l’ampleur de la pandémie et de critiquer les mesures restrictives prises au niveau local par les maires et les gouverneurs des différents Etats.
Les spécialistes relèvent qu’en l’absence d’une coordination nationale, ces mesures sont souvent confuses, insuffisantes et finalement peu respectées par la population.
“Au Brésil, les problématiques de santé publique sont instrumentalisées par le pouvoir politique”, a déclaré le Dr. Christos Christou, président international de MSF. “En conséquence, les mesures sanitaires à adopter qui devraient être basées sur des faits scientifiques sont davantage associées à des opinions politiques au lieu de servir de cadre pour protéger les individus et leurs communautés”, poursuit-il.
Mardi, le Sénat brésilien a débuté la procédure d’installation d’une Commission d’Enquête Parlementaire qui devrait se pencher notamment sur d’éventuelles “omissions” du gouvernement Bolsonaro dans le combat contre la pandémie.
“Le manque de planification et de coordination entre les autorités sanitaires fédérales et leurs homologues étatiques et municipaux ont des conséquences fatales”, déclare pour sa part Pierre Van Heddegem, coordinateur d’urgence de la réponse Covid-19 de MSF au Brésil.
“Non seulement les patients meurent sans pouvoir accéder aux soins, mais le personnel médical est épuisé et souffre de graves traumatismes psychologiques et émotionnels en raison des conditions de travail”, conclut-il.
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