Bastien Vivès présente ses excuses pour ses propos “gratuitement violents” et défend son oeuvre

L’exposition “Dans les yeux de Bastien Vivès” devait ouvrir fin janvier à Angoulême, à l’occasion du festival de la bande dessinée (FIBD). L’annonce des organisateurs avait provoqué la colère d’une partie de la population, qui juge les œuvres du bédéaste indécentes, et qui l’accuse d’y faire l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité. Ses détracteurs lui reprochent également d’avoir lancé des appels à la violence, sur les réseaux sociaux, contre la dessinatrice Emma, en 2017. Une pétition pour demander au FIBD de déprogrammer l’exposition a été lancée en tout début de semaine. Elle comptabilise à ce jour plus de 110.000 signatures.

Dans un premier temps, les organisateurs avaient déclaré qu’il n’était pas question de modifier la programmation de l’événement, mais sont revenus sur leur décision. “Des faits nouveaux ont radicalement changé la nature de cette situation et imposent dorénavant au festival la nécessité d’annuler cette exposition”, a fait savoir, mercredi, le FIBD, qui déplore en outre les intimidations dont auraient été victimes des membres de l’équipe du festival.

Ce jeudi, Bastien Vivès s’est exprimé sur son compte Instagram et s’est excusé pour les propos qu’il a pu tenir. “Aujourd’hui je me rends compte qu’au-delà de mes œuvres, ce sont surtout mes propos qui ont choqué. J’aurai désormais la plus grande attention lorsque je m’exprimerai en public ou dans les médias”, a écrit l’auteur de BD.

“Ma présence sur les réseaux sociaux était souvent puérile. Il m’arrivait de m’en servir comme d’un défouloir. Je regrette sincèrement certains de mes propos, et plus particulièrement ceux à l’encontre de la dessinatrice Emma postés sur mon mur Facebook, envers laquelle je tiens à m’excuser. C’était gratuitement violent, irrespectueux et surtout indigne”, peut-on lire.

Concernant ses œuvres polémiques, le bédéaste se défend. “La plupart de mes livres évoquent la naissance du sentiment amoureux et du désir. C’est le sujet qui m’inspire le plus. Mes quatre livres dits ‘pornographiques’ (...) s’inscrivent dans un genre burlesque humoristique”, indique-t-il. Il assure condamner toute forme de pédocriminalité, ainsi que son apologie ou sa banalisation. “Je condamne la culture du viol et les violences faites aux femmes. Je tiens à exprimer ma solidarité sincère envers les victimes d’inceste et de tout autre abus sexuel. En aucun cas, mes livres ne doivent être lus sous le prisme de la complaisance envers ces crimes”, poursuit Bastien Vivès, qui regrette que l’exposition rétrospective consacrée à son œuvre ait été annulée.

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Interrogée sur la polémique, la secrétaire d’État française chargée de l’Enfance, Charlotte Caubel, a “salué le fait que Bastien Vivès ait remarqué enfin l’impact extrêmement violent de ses dessins et de ses propos sur de très nombreuses victimes “. “Une représentation ou une image d’un mineur en situation pornographique est punie par la loi. Il m’apparaît qu’un certain nombre de dessins de cet humoriste relèvent de la loi”, a aussi affirmé sur Franceinfo la secrétaire d’État, ancienne magistrate.

“La justice, d’ailleurs, a été saisie d’une plainte. C’est à elle de se prononcer pour qualifier ces faits”, a-t-elle ajouté. “Cette bande dessinée est toujours en vente, cette image qui me paraît être de nature pédopornographique est toujours accessible, voilà, mais ce n’est pas de ma compétence.”

Face aux accusations de pédopornographie, deux enseignes françaises de librairie, Cultura et Gibert Joseph, ont cessé de vendre “Petit Paul”, l'une des œuvres de Bastien Vivès qui avait créé la polémique à sa sortie, en 2018. La bande dessinée met en scène Paul, un garçon de dix ans pourvu d'un pénis de 80 centimètres.

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