Bientôt un passeport vaccinal en Europe? “Les gens qui ne présentent pas de risque pourraient voyager”
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz veut absolument instaurer, à l’image de ce qui se fait déjà en Israël, un passeport vaccinal uniforme valable dans toute l’Europe. Cela permettrait aux gens vaccinés contre le coronavirus, à ceux qui ont déjà eu la Covid-19 et ceux qui ont récemment passé un test négatif de retourner à une certaine normalité et de circuler librement dans les pays de l’UE. Sebastian Kurz est évidemment soutenu par les “pro-assouplissements” dans cette proposition qu’il veut soumettre à l’Europe, mais nombreux de ses homologues européens craignent les dérives d'une telle politique.
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Le passeport “vert” instauré en Israël, avec sa version numérique à conserver sur son smartphone, semble faire des émules. À l’image de la manière dont tous les yeux étaient tournés vers Israël et les premiers résultats de sa campagne de vaccination, le pays aux neuf millions d'habitants ouvre désormais la voie à une généralisation du passeport vaccinal.
Porte ouverte sur le monde
La méthode est à l’opposé de l’optique belge: pas de règles pour tout le monde par solidarité, mais du sur-mesure en fonction de l’expérience individuelle avec le coronavirus. Les Israéliens entièrement vaccinés (qui ont donc reçu les deux doses du vaccin Pfizer négocié par le pays) ont donc à nouveau leur liberté, tandis que les personnes qui n'ont reçu qu'une seule injection ou n’ont pas encore vaccinées se voient encore imposer des mesures sanitaires plus strictes. Brandir son passeport vert ouvre la porte à quasi toutes les possibilités d’antan... salles de sport, piscines, et même aux voyages, vu que la Grèce et Chypre ont d’emblée conclu des accords avec Israël pour autoriser les touristes vaccinés à y voyager à partir de mi-mars et ce sans quarantaine.
Soutien des destinations typiquement touristiques
L’exemple à suivre? Le chancelier Sebastian Kurz en est convaincu. Le président fédéral du parti populaire autrichien, afin de contrecarrer les limitations du droit de circuler actuellement en vigueur en Europe, estime que ce passeport est la seule solution. Il permettrait de rouvrir toutes les frontières à tous ceux qui ne présentent pas de danger pour la santé d’autrui. Sebastian Kurz voudrait donc instaurer un passeport vaccinal européen sur les mêmes bases que ne l’a fait Israël. Naturellement, les pays touristiques comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, Chypre ou la Croatie entendent l’appuyer dans ses démarches. Le chancelier autrichien se fera le porte-parole de l’enjeu économique évident de cette initiative au nouveau sommet européen qui aura lieu à distance.
“Je me battrai fermement pour défendre le passeport vert européen, comme il existe déjà en Israël, de préférence numérique sur smartphone de manière que chacun récupère la liberté que nous chérissons tant”, a résumé le chef d’État dans Bild avant le top départ du sommet. “Il faut absolument que ceux que sont vaccinés retrouvent leur totale liberté. Mais cela vaut tout autant pour ceux qui ont eu le coronavirus récemment et qui ont donc les anticorps nécessaires et sont immunisés”, estime-t-il. Il ajoute qu’il faut aussi envisager d’accorder ce permis de voyager à ceux qui ont eu un test négatif récent.
Cela induirait que les retours de voyages se feraient également sans quarantaine pour tous les détenteurs du passeport vert. Et le leader autrichien de préciser que si l’UE ne parvient pas à s’accorder sur une mesure homogène, il entend implémenter le concept à l’échelle nationale.
Boîte de Pandore?
Mais la proposition de Kurz ne sera pas accueillie les bras ouverts: de nombreux dirigeants européens - souvent conseillés sur ce point par des scientifiques - se sont déjà publiquement opposés à l’éventualité de “déconfiner” uniquement les personnes vaccinées ou qui ont récemment été malades de la Covid-19. La Roumanie, l’Allemagne et la France ne sont, par exemple, pas partisanes de cette stratégie à deux vitesses. Elles estiment que l’Europe ne peut pas homologuer un tel certificat tant que tous les citoyens européens n’ont pas eu la chance de se faire vacciner. De plus, les données liées à la vaccination n’offrent pas encore le recul nécessaire pour déterminer si les vaccins sont suffisamment efficaces contre tous les variants du virus. Yves Van Laethem rappelait d’ailleurs en janvier qu’on ne sait pas non plus dans quelle mesure le vaccin rompt définitivement la chaîne de transmission.
Du côté de la Commission européenne, on est partagé également. La Commission ne souhaite pas que certains États membres octroient unilatéralement des attestations, qui reviennent à des doubles privilèges pour les citoyens vaccinés vu qu’ils seraient les seuls à être protégés et à pouvoir voyager, mais elle reste ouverte à des autorisations de voyager dans le cadre d’une approche commune. Techniquement, des passeports “à sens unique” engendreraient des problèmes “vu que nous nous trouvons tous dans l’espace Schengen”, rappelle une source à l’UE. “Il n’est par exemple pas acceptable que les touristes israéliens ou britanniques se voient attribuer des avantages dont les citoyens de l’espace Schengen seraient exclus”.
Actuellement, les voyages hors de l’UE sont majoritairement interdits. “Le débat politique doit être mené, mais une mesure de ce type ne peut en aucun cas conduire à de la discrimination au sein de l’UE”, poursuit la même source.
Contrôles aux frontières? En Belgique seulement
Actuellement, à part la Belgique, aucun pays Schengen ne mène de contrôles à ses frontières intérieures pour contrer la circulation du virus. D’ailleurs, la Commission européenne a déjà pointé la Belgique du doigt, pour ne pas dire fait pression sur elle, pour cette entrave à la liberté de circuler. Notre pays a donc 10 jours pour répondre aux questions quant à l’apparente absence de justification à la prolongation de l’interdiction de voyager jusqu’au 1er avril. Ce n’est donc pas que pour des raisons épidémiologiques que cette mesure sera débattue vendredi au Comité de concertation... En attendant, Alexander De Croo défend sa position bec et ongles.
Les dirigeants européens tentent ce jeudi de parvenir à une décision commune et homogène sur la liberté de circuler et la nécessité d’endiguer la propagation des variants plus contagieux, tant que les campagnes de vaccination sont freinées par les délais de livraison. Actuellement, tous les pays sont tributaires du manque de vaccins et tentent de négocier avec les firmes pharmaceutiques pour résoudre le puzzle des secondes doses et de la hiérarchie des groupes à vacciner. Plus que jamais, un peu de cohérence à l’échelle européenne serait la bienvenue.
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