Ce labyrinthe de tunnels et de couloirs est le dernier bastion des combattants ukrainiens à Marioupol

Après plus de six semaines de combat, la quasi-totalité de Marioupol est aux mains des Russes. Les derniers combattants ukrainiens se sont retranchés dans une grande usine métallurgique d’Azovstal dans la ville portuaire et continuent d’opposer une résistance depuis cet endroit. Le complexe est un véritable labyrinthe de tunnels et de couloirs, ce qui signifie que les Russes devront aller jusqu’au bout pour prendre complètement la ville.

Le nombre de combattants ukrainiens à l’intérieur n’est pas clair. Le porte-parole militaire de la “république populaire” pro-russe de Donetsk, Eduard Basurin, a parlé en début de semaine de 4.000 personnes. À l’époque, il était également favorable à l’utilisation d’armes chimiques “pour faire sortir les taupes de leurs trous”.

Car le bâtiment semble ne pas être facile à prendre. C’est un labyrinthe de halls d’usine, d’entrepôts, de fours, de lignes de chemin de fer, de tunnels et de couloirs, avec d’innombrables entrées et sorties, idéal pour la guérilla. Basurin l’appelle “une ville dans la ville”.

“Il ne sert à rien de prendre d’assaut le bâtiment”, poursuit-il. “Vous ne pouvez pas non plus le bombarder depuis les airs, car il y a plusieurs étages souterrains, datant de l’époque de l’Union soviétique. Nous devons aller sous terre pour nettoyer les tunnels. Cela prendra du temps.”

Selon Alexander Grinberg, analyste à l’Institut de Jérusalem pour la stratégie et la sécurité, cela ne sera effectivement pas facile. “Entrer dans les tunnels est presque impossible. Ils peuvent essayer, mais ils seront massacrés, car tactiquement les défenseurs des tunnels ont le dessus.”

Les Russes ne peuvent pas non plus déployer de tireurs d’élite, d’artillerie ou de satellites dans les tunnels.

D’autre part, selon les analystes, un tel labyrinthe ne fonctionne que s’il est suffisamment grand et que les combattants à l’intérieur disposent de suffisamment de nourriture, d’eau et de munitions. Ils doivent également disposer d’un équipement leur permettant de voir dans l’obscurité et être entraînés à combattre à courte distance, selon James Rands, du spécialiste britannique du renseignement militaire Janes. Autres problèmes potentiels: les équipements de communication standard ne fonctionnent souvent pas (bien) sous terre et les tunnels ne sont pas toujours bien cartographiés non plus.

La Russie a annoncé plus tôt dans la journée qu’elle avait pris le contrôle du port maritime de Marioupol. Quelque 1.000 marines ukrainiens se seraient rendus près de l’usine Illich Iron and Steel Works. Des images en ont été diffusées par la télévision d’État russe, mais elles n’ont pas été vérifiées. Le ministère de la Défense ukrainien affirme ne pas avoir connaissance d’une quelconque reddition.

Igor Konachenkov, du ministère russe de la défense, ne donne aucun espoir aux Ukrainiens et a rapporté aujourd’hui à l’agence de presse publique russe Interfax que les derniers combattants ukrainiens sont pris au piège et qu’il n’y a aucun espoir pour eux de s’échapper.

Si les Russes prenaient le contrôle total de Marioupol, cela signifierait la chute de la première grande ville d’Ukraine depuis l’invasion des Russes le 24 février. Les occupants s’empareraient ainsi également d’un pont terrestre entre les “républiques populaires” pro-russes de l’est de l’Ukraine et la Crimée, que les Russes ont déjà annexée en 2014.

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