Ce zoo de Kharkiv est dans l’urgence: “Faut-il tuer les animaux ou attendre qu'ils s'échappent?”

Marjo Hoedemaker, ancien soigneur animalier et conseiller au DierenPark Amersfoort aux Pays-Bas, est quotidiennement en contact avec le zoo de Kharkiv. En tant que mentor du zoo ukrainien, il participe à la modernisation du parc depuis plus de huit ans.

“Je reçois des courriels déchirants. Presque tous les membres du personnel sont désormais présents jour et nuit pour rester avec les animaux. Parce que si un missile frappe soudainement les enclos, que se passerait-il?”, relate-t-il. Ce scénario n’est plus si improbable. Il y a moins d’une semaine, une roquette a touché la place principale de la ville, provoquant une explosion sans précédent à moins de 150 mètres de l’entrée du zoo.

Désespérée, une gardienne du zoo a expliqué à Hoedemaker que la situation est critique. “Kharkiv est lourdement bombardée et ma maison a été détruite. Mais je resterai ici, au zoo, et je ne laisserai pas les orangs-outans seuls”, a-t-elle promis. “On peut toujours donner du pain ou une poignée de maïs à un chimpanzé, mais les pingouins, par exemple, ne peuvent manger que du poisson. Il n’y a plus d’approvisionnement.”

Le zoo est confronté à un énorme dilemme. “Ils réfléchissent sérieusement à tuer les animaux. Imaginez qu’ils s’échappent après l’impact d’une roquette et commencent à errer dans la ville. Que faire pour le bien-être des animaux? Que faire pour assurer au maximum la sécurité? Le choix est très difficile”, reconnaît le spécialiste. Le zoo de Kharkiv compte de nombreux grands animaux sauvages, dont des éléphants, des tigres, des lions et des ours.

Le Néerlandais est très impliqué auprès du zoo ukrainien pour l’aider à se développer. Il poussait notamment pour son adhésion à l’Association européenne des zoos (EAZA). “Il devait y avoir un dernier contrôle et ils auraient pu entrer à l’EAZA. Mais à cause de cette terrible guerre, cette perspective est maintenant loin.”

“Les zoos européens collectent beaucoup d’argent en ce moment pour les zoos d’Ukraine. Celui de Kharkiv est le plus ancien du pays, mais Kiev et Mykolaïv ont également des zoos réputés. Bien sûr, je ne comprends que trop bien à quel point la guerre est terrible pour les gens eux-mêmes, mais l’attention portée aux animaux reste appropriée.”

Ce n’est pas la première fois que les animaux du zoo de Kharkiv, construit en 1895, sont touchés par la guerre. Un monument dans le parc rappelle le périple des trois singes Hector, Rosa et Desi. Comme de nombreux autres animaux, ils se sont échappés du zoo lors des bombardements de l’occupation allemande en 1941. Les citoyens de la ville ont nourri le trio et ils ont survécu. Après la libération de la ville, ils ont pu retourner au zoo.