Charles Michel, critiqué et isolé: “Il se concentre déjà sur son prochain poste”

Politico revient ainsi sur le sommet européen extraordinaire du 9 février dernier auquel Volodymyr Zelensky a participé. Après le départ du président ukrainien, les leaders européens ont repris leurs discussions qui portaient initialement sur la politique migratoire et l’économie. Non sans un certain désordre, manifestement.

Irritée, la Première ministre danoise Mette Frederiksen a pris la parole pour exprimer son mécontentement. Selon elle, Charles Michel peinait à orienter les débats vers une conclusion. Un sentiment largement partagé autour de la table du Conseil, notamment par le président français Emmanuel Macron, rapporte Politico.

Ainsi, selon le média spécialisé dans la politique européenne, Charles Michel est de plus en plus critiqué au sein de ce que l’on appelle la “bulle bruxelloise.” Par les chefs d’État ou de gouvernement et leurs puissants conseillers pour les affaires européennes (les fameux “sherpas” de l’UE), mais également par les ambassadeurs de l’UE à Bruxelles, dont le travail consiste à ouvrir la voie à des accords entre les 27 gouvernements nationaux de l’Union.

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Les critiques portent notamment sur le fait que Charles Michel passerait trop de temps sur la route et pas suffisamment sur la fonction principale de son poste, à savoir la préparation et l’organisation des sommets du Conseil européen. Par ailleurs, l’ancien Premier ministre belge, dont le deuxième et dernier mandat à la tête de l’institution européenne s'achève à la fin de l'année prochaine, est accusé de se concentrer désormais sur son prochain poste, et non plus sur son job actuel.

Pour réaliser cette enquête, Politico s’est entretenu avec des dizaines de diplomates, d’anciens et d’actuels fonctionnaires du Conseil européen et des représentants de gouvernements nationaux au sein et en dehors de l’UE. Bien que Charles Michel conserve des partisans, l’enquête dépeint le portrait d'un homme de plus en plus isolé au sein du Conseil européen, ses relations avec les différents leaders européens étant au plus bas, sans parler de celle, exécrable, qu’il entretient avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, résume Politico.

Charles Michel aurait ainsi tendance à tirer la couverture à lui et à trop vouloir se montrer à l’international, ce qui en agacerait plus d'un. Le Belge montrerait bien davantage d’intérêt pour sa fonction de représentation extérieure de l’Union que pour celle, plus administrative, d’animateur des débats lors des sommets.

Charles Michel aime voyager et notamment en jet privé. Selon des documents consultés par Politico, le président du Conseil a pris 26 vols privés entre janvier et novembre 2022. Pourtant, selon le règlement intérieur du Conseil européen, son président n’est autorisé à prendre des vols privés que lorsque les options commerciales ne sont pas disponibles. Un penchant pour les voyages qui fait grincer des dents dans le quartier européen, d’autant plus que l’UE dispose déjà d'un chef des Affaires étrangères en la personne de Josep Borrell. Les défenseurs de Charles Michel soulignent quant à eux les efforts du Conseil dans les pays en développement où Charles Michel a notamment plaidé en faveur du soutien à l’Ukraine face à la Russie.

Politico et de nombreux observateurs s’interrogent également sur l’avenir de Charles Michel. Un retour sur la scène nationale étant très peu probable, Charles Michel pourrait briguer le poste de directeur de la Banque européenne d’investissement (BEI), qui se libère à la fin de l'année. Mais il faudrait alors qu'il quitte le Conseil plus tôt que prévu. Plusieurs fonctionnaires écartent néanmoins cette possibilité, notant qu’il n’a montré qu’un intérêt limité pour les questions économiques au cours de son expérience européenne.

Charles Michel pourrait dès lors suivre les traces de son père et briguer un siège au Parlement européen. S’il suit cette voie, le Wavrien pourrait tenter de devenir la tête de liste de son groupe politique dans l’hémicycle européen, appelée dans le jargon “Spitzenkandidat.” S’il pourrait difficilement prétendre à la présidence de la Commission européenne, Charles Michel serait par contre en bonne position pour obtenir le poste de haut représentant de l’UE, le chef de la diplomatie européenne. Compte tenu de son penchant pour les voyages internationaux, il serait un candidat idéal pour ce poste.