Condamné à tort pour viol il y a 19 ans, un homme réclame que la justice le reconnaisse innocent: “C’est très difficile”

L’affaire démarre en 1998 quand Julie, alors âgée de 15 ans, porte plainte pour des faits d’agression sexuelle et de viol commis à Hazebrouck, dans le Nord de la France. Elle dénonce Farid, qu’elle identifie sur une photo présentée par les gendarmes. Le jeune homme de 17 ans, socialement défavorisé, nie immédiatement ces accusations, mais Julie décide de les maintenir jusqu’au procès en 2003, où il est condamné à cinq ans d’emprisonnement.

Farid ne part pas en prison pour autant, sa période de détention provisoire couvrant sa peine, raison pour laquelle il ne fait pas appel. Tout en continuant de plaider son innocence, il reprend le cours de sa vie, se marie, a deux enfants. En 2017, il est informé qu’il n’a plus besoin de pointer chaque année au commissariat. Julie a écrit au procureur pour expliquer qu’elle avait menti. Farid ne l’a ni agressée, ni violée en 1998.

“L’enquête a eu lieu quand j’avais 15 ans, suite à une plainte de mes parents en mon nom. Ils avaient eu connaissance de ces accusations par mon grand frère Antoine. Je me suis retrouvée ensuite dans un processus d’interrogatoires et d’enquête que je n’ai pas réussi à stopper”, écrit-elle dans son courrier retranscrit par Le Monde. La vérité explose finalement au grand jour: Julie a été victime d’inceste de la part de son grand frère.

Innocenté, Farid a demandé de faire annuler la condamnation prononcée à son encontre. La cour de révision examine actuellement son cas: “Merci de me recevoir. Aujourd’hui, c’est difficile pour moi, ce que je vous demande, c’est que la justice fasse son devoir, me reconnaisse innocent et surtout rapidement. Car mes parents sont dans un état de santé grave, en soins palliatifs, et je voudrais juste qu’ils puissent entendre que je suis innocent. Même s’ils n’ont jamais douté de moi. Je vais m’arrêter là car je ne me sens pas bien”, a-t-il déclaré devant la cour. Julie, représentée par son avocate, “a demandé pardon” à Farid et à ses proches, tout en plaidant également pour une reconnaissance d’une erreur judiciaire. Le verdict est attendu le 15 décembre.