“De son crâne, nous ferons une coupe”: un Russe brandit le crâne d'un soldat ukrainien lors d’un discours génocidaire

“Nous sommes en vie et ce type est déjà mort. Qu’il brûle en enfer. De son crâne, nous ferons une coupe.” Une vidéo a dernièrement été postée sur les réseaux sociaux. Celle-ci semble avoir été filmée dans une boîte de nuit branchée. L’homme qui prononce ces paroles morbides est Igor Leonidovich Mangushev, 36 ans. Dans sa main, un crâne qui appartient, selon lui, à un soldat ukrainien retrouvé mort dans l’usine Azovstal, à Marioupol.

“Vous êtes sûr que ce n’était pas un civil?”, demande une personne dans l’assistance. “Ce n’est certainement pas un civil”, lui répond Mangushev. “Nous l’avons tué nous-mêmes.” Il précise toutefois que cette distinction lui importe peu. “Nous ne nous battons pas contre des personnes de chair et de sang”, essure-t-il. “Nous nous battons contre l’idée que l’Ukraine est un pays. Nous devons ‘désukrainiser’ l’Ukraine. Tous ceux qui incarnent cette idée doivent être tués.”

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Les propos d’Igor Mangushev sont traduits par la presse ukrainienne comme un appel au génocide. Le médiateur des droits de l’homme au Parlement ukrainien, Dmytro Lubinets, a d’ailleurs déjà rapporté l’événement à la Commission d’enquête des Nations Unies. “Par l’intermédiaire de leurs propagandistes, les Russes continuent de déshumaniser le peuple ukrainien, justifiant les massacres de civils et la destruction de colonies”, dénonce-t-il.

Dire de Mangushev qu’il est propagandiste est en donner une description incomplète. Car l’homme est aussi un combattant armé. Il a notamment été dans les rangs d’ENOT, une organisation nationaliste qui organisait autrefois des camps où les enfants apprenaient à manier les armes. En 2014, elle avait fourni des troupes armées pour le combat dans le Donbass, où Mangushev a même posé avec le partisan flamand de Poutine, Kris Roman. ENOT est, depuis, devenue une milice privée. Igor Mangushev est désormais relié au célèbre groupe Wagner avec lequel il a combattu en Syrie.

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Sur ses réseaux sociaux, Mangushev déclare être diplômé de l’Académie navale de Saint-Pétersbourg, l’une des écoles militaires les plus prestigieuses de Russie. Mais selon d’autres sources, il n’a jamais obtenu de diplôme supérieur. À une époque, il aurait utilisé une adresse électronique dans laquelle il se faisait appeler “Großadmiral” (“Grand-amiral”). C’était le plus haut grade dans les forces navales de l’Allemagne impériale et sous le régime nazi. Mais il semble que Mangushev ne soit jamais réellement devenu un officier.

Le nom de famille qu’il utilise est celui de sa mère. Le nom de son père est Reimer, ce qui trahit ses racines juives. Cette origine est difficile à assumer dans certains milieux que Mangushev aime fréquenter.

Le nom de Mangushev a, par ailleurs, figuré dans l’article avec lequel le magazine russe “Novoje Vremja” (“Nouveau temps”), désormais interdit, a remporté le prix de la presse européenne en 2014. Il y était raconté les raids de voyous d’extrême droite qui ont traqué les migrants illégaux et les ont chassés de leurs maisons. Mangushev était à leur tête.

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Selon le site russe “The Insider”, Mangushev travaille pour la “League for a Safe Internet”, une organisation chrétienne conservatrice qui lutte contre l’extrémisme et la pornographie en ligne. Mais elle ne fait pas que ça. Grâce aux outils qu’elle développe, elle contrôle en fait l’ensemble de l’Internet russe. Son fondateur et financier est l’oligarque Konstantin Malofeyev, proche de Poutine, qui est également à l’origine de tentatives visant à amener les partis d’extrême droite européens à rejoindre le Kremlin.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine, en février 2022, Mangushev est resté au Liban. Il n’est allé au front que plus tard, et notamment à l’usine Azovstal, où il a été filmé en mai dernier. Le même mois, il a affirmé au site russe “Meduza” que c’était lui qui avait imaginé la lettre “Z” comme symbole de la lutte russe. Un symbole qui, entre-temps, a été très largement utilisé par les organismes officiels russes.

La lettre a notamment été peinte sur des véhicules militaires russes postés à la frontière afin de les distinguer des véhicules ukrainiens. Toutefois, nous ne connaissons pas réellement la signification du symbole. Ce que l’on sait, en revanche, c’est qu’au départ, le Kremlin n’aurait pas apprécié que le “Z” devienne le symbole de la bataille. En effet, cette lettre n’existe pas dans l’alphabet russe. Le symbole est malgré tout devenu si populaire que Moscou a finalement changé d’avis.

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