Des ouvriers sans-papiers travailleraient sur les chantiers des JO de Paris 2024

Dans son enquête, “Le Monde” explique avoir parlé à plusieurs ouvriers sans papiers qui travaillent sur des chantiers des JO en Seine-Saint-Denis, au nord de la capitale française. Un Malien anonyme de 42 ans a déclaré au journal qu’il était payé 80 euros par jour pour son travail. L’homme vit sans papiers en France depuis 13 ans. “On est là pour survivre, on n’a pas le choix, même si les choses ne se sont pas passées comme on le souhaitait, on ne va pas baisser les bras”, témoigne-t-il. “Mes patrons s’en fichent. Si vous envoyez une photo de vos papiers via WhatsApp, vous obtenez un badge d’entrée.” Ces papiers proviennent souvent de compatriotes en situation régulière, qui empochent ensuite une partie du salaire en retour.

Avec des milliers d’ouvriers, il participe à la construction du village olympique au nord de Paris, qui accueillera quelque 14.000 athlètes et membres des organisations en 2024. Parmi ses collègues, il ne compte pratiquement aucun Français, mais surtout des personnes originaires d’Afrique de l’Ouest, “des Turcs, des Portugais et des Arabes”. Il se doute qu’il s’agit souvent de personnes séjournant dans le pays de manière illégale, comme lui, mais “on parle de tout sauf de ça sur les chantiers.”

Les contrôles au cours desquels des sans-papiers ont été découverts ont déjà fait du bruit en France ces derniers mois. Les autorités ont ensuite affirmé qu’elles allaient s’occuper du problème “temporaire”, mais le Malien de 42 ans dit que cela ne se remarque pas sur le site. Le syndicaliste Jean-Albert Guidou explique au “Monde” que cela est dû en partie à “l’enchevêtrement” des sous-traitants, qui ne suivent souvent pas de trop près les réglementations.

Selon le journal français, ce ne sont pas seulement les entreprises de construction qui sont en faute, mais aussi les politiques. Bernard Thibault, membre du comité chargé de superviser la politique sociale des Jeux olympiques de Paris, les qualifie d’”hypocrites”. “Les politiciens prétendent que les travailleurs illégaux n’existent pas. Mais je suis sûr qu’il y en a plus que ce que nous savons pour le moment”, indique-t-il.