Deux journalistes de BFMTV agressés en marge d’une manifestation à Paris: “Ils voulaient voler la caméra et nous faire sortir de ce cortège”

Plusieurs dizaines de personnes, certains vêtus de noirs et visages masqués, ont pillé un commerce Leclerc, allumé des feux de poubelles ou dégradé du mobilier urbain peu avant l’arrivée du cortège intersyndical place de la Nation, terme de la manifestation contre la réforme des retraites.

Deux journalistes de BFMTV couvrent les incidents aux alentours de 16h. Mais la tension monte et le JRI (journaliste reporter d’images, NDLR), Baptiste Keita, est pris à partie par une dizaine d'individus alors qu'il filme la foule sur un point haut. “Ils me disent ‘arrête de filmer’ alors que je ne les filme pas”. “Ils attrapent le monopode (une sorte de stabilisateur, NDLR) et c’est là qu’ils l’arrachent ainsi qu’une partie de la caméra”, témoigne-t-il.

“Arrête, je vais tomber, je vais tomber!”, crie le journaliste, qui est finalement rattrapé par un agent de protection qui l’accompagne. Les deux journalistes de la chaîne d'information décident alors de quitter les lieux et de se rapprocher de la place de la Nation, point final de la manifestation parisienne. “Lors de cette première agression, ces individus voulaient nous agresser parce qu'on était en train de filmer”, explique Jérémie Paire.

Environ vingt minutes plus tard, les deux journalistes se font à nouveau agresser par une masse d'une vingtaine d’individus “vêtus comme des blacks blocs mais n’avaient pas les codes des blacks blocs”. “Cela commence à s’attrouper autour de nous et on entend des ‘barrez-vous’, ‘courez’, ‘cassez-vous’ et là, on reçoit des coups de pied et des coups de poing”, indique Baptiste Keita.

Le JRI reçoit un coup qui le fait tomber, ainsi que son agent de protection et celui de son collègue. Il perd également sa caméra. “Les coups pleuvent pendant une à deux minutes”, précise Jérémie Paire dans un témoignage ce mercredi matin. “J’ai réussi à reprendre la caméra, j’ai pris un ou deux coups.”

Heureusement, plusieurs personnes de la manifestation calment les esprits et permettent aux journalistes de se sortir de cette agression. “Il y a eu des échanges de coups”, lance-t-il. “Cette deuxième agression, c’était parce qu’on ressemblait à des journalistes. Ils voulaient voler la caméra et nous faire sortir de ce cortège. Il n’y avait pas vraiment de volonté politique”, ajoute-t-il.

“Ça s’est arrêté comme cela a commencé, très rapidement. On a ensuite pu s’exfiltrer et quitter la manifestation”, déclare le reporter, qui a déjà couvert cinq manifestations contre la réforme des retraites. “La police était loin. Les individus arrivaient à Nation et ils cherchaient des choses et des personnes à qui s’en prendre, en l’occurrence nous. Il y a eu un autre journaliste qui s’est également fait agresser. Un street-reporter. Ce n’est qu’après notre sortie du cortège que les policiers ont réussi à intervenir, notamment car il y avait un feu très important”, dit-il.

“S’il n'y avait pas eu ces manifestants qui nous ont aidés, cela aurait pu très mal finir”, conclut-il. Il indique que son collègue JRI est arrêté ce mercredi et va se rendre chez un médecin. Il souffre des cotes et du dos.

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