Jusqu'à 3.000 emplois supprimés chez Ryanair, pas de reprise des vols avant juillet

Le groupe Ryanair va engager des consultations avec les syndicats et précise que ce plan de restructuration, qui prévoit des fermetures de bases, concernera l’ensemble de ses marques, dont Ryanair, la plus connue, mais également l’autrichienne Lauda, la maltaise Malta Air et la polonaise Buzz.

La compagnie prévoit par ailleurs que des salariés prendront des congés sans solde et que d’autres verront une réduction de 20% de leurs salaires.

Le directeur général du groupe, Michael O’Leary, avait déjà baissé de 50% son salaire pour avril et mai, et étendra cette mesure pour le reste de l’exercice annuel, soit jusqu’à mars 2021.

Il dit être en négociations avec Boeing pour réduire le nombre de livraisons prévues durant les 24 prochains mois. Une commande de 150 appareils, avec une option sur 60 autres, est en effet en cours. “Nous souhaiterions en garder certains, si pas tous”, a déclaré O’Leary. “Nous devons réadapter l’entreprise pour trois à cinq années qui s’annoncent commercialement très dures pour Ryanair.” Le 737 Max est lui cloué au sol depuis un an à la suite de deux accidents mortels. Boeing espère une reprise de service au troisième trimestre de 2020.

Ryanair opérera seulement 1% de ses vols en avril, mai et juin, soit 150.000 passagers sur la période, contre 42,4 millions attendus sans la pandémie.

Pour l’été, la compagnie prévoit de ne transporter que la moitié des 44,6 millions de passagers prévus. Et cela représentera au total moins de 100 millions sur son exercice 2020-2021, loin des 154 millions espérés.

_{(la suite sous la photo)}

En termes financiers, Ryanair s’attend à une perte nette de 100 millions d’euros pour le premier trimestre (avril à juin) et devrait être encore dans le rouge au deuxième trimestre.

Le groupe explique être entré dans cette crise avec une trésorerie de 4 milliards d’euros et dit tout faire pour préserver ses finances, dénonçant au passage les aides fournies par les gouvernements à nombre de ses concurrents en Europe, comme Air France-KLM, Alitalia ou Lufthansa. Ryanair, qui ne demandera pas de soutien des pouvoirs publics, estime que ces aides fausseront la concurrence pour plusieurs années et les contestera devant les tribunaux européens.

Balpa, syndicat qui représente une partie des pilotes de Ryanair, déplore le fait qu’il n’y a eu aucun avertissement ou consultation de la part de la compagnie concernant les pertes d’emplois. “Ryanair semble faire volte-face dans sa capacité à gérer la tempête Covid”, déclare Brian Strutton, secrétaire général. “Les travailleurs du secteur aéronautique sont face à un tsunami de pertes d’emplois.”

Les actions de la compagnie ont chuté de 5,3% à Londres, alors que les marchés sont fermés à Dublin et en Europe, 1er mai oblige. EasyJet Plc plonge de 7,3%, et IAG, maison-mère de British Airways, de plus de 4,6%.

La crise frappe l’ensemble du secteur et British Airways avait annoncé plus tôt cette semaine la suppression de 12.000 emplois, soit plus du quart de ses effectifs, et SAS 5.000 pertes d’emplois. Vendredi, IAG a par ailleurs annoncé avoir obtenu une aide groupée de 1,1 milliard d’euros du gouvernement espagnol pour ses filiales Iberia et Vueling afin de surmonter la crise.