Kargus confirme avoir espionné Greenpeace sur ordre d'EDF

Une officine privée de renseignement, Kargus Consultants, poursuivie par la justice française pour intrusion dans les systèmes informatiques de Greenpeace, confirme avoir agi sur ordre du groupe d'électricité EDF, dans des déclarations publiées mardi.

EDF devrait "prendre ses responsabilités"
Le patron de l'officine, Thierry Lorho, un ancien agent de la DGSE (renseignement militaire français), inculpé dans cette affaire, affirme avoir été chargé d'indentifier en particulier les sources de financement de l'organisation écologiste qui se bat notamment contre les activités d'EDF dans le nucléaire.

"J'assume complètement la mise sous surveillance de l'ordinateur du responsable de Greenpeace Yannick Jadot, mais (...) j'aimerais bien qu'EDF, qui a commandité l'opération, prenne aussi ses responsabilités", déclare Thierry Lorho, dans une interview publiée par le site spécialisé lerenseignement.com.

Qui finance Greenpeace?
"La vraie question pour nous était de savoir qui finance Greenpeace, qui se cache réellement dans les rangs d'une organisation comme Greenpeace, qui sont les généreux donateurs de l'organisation", ajoute M. Lorho, qui est inculpé dans cette affaire.

Le groupe d'électricité français, un des principaux exploitants de nucléaire dans le monde, s'est jusqu'à présent défendu d'avoir commandité un tel espionnage de Greenpeace, dans le cadre d'un contrat de "veille stratégique" signé en 2006 avec Kargus Consultants.

Kragus risque de payer pour EDF
Deux hauts responsables de la sécurité d'EDF ont été récemment suspendus de leurs fonctions par le groupe après l'inculpation de l'un des deux fin mars. L'autre a été placé sous le statut de témoin assisté, statut à mi-chemin entre simple témoin et inculpé.

Trois autres personnes sont également inculpées: un informaticien, soupçonné d'avoir commis l'"intrusion informatique", et deux "intermédiaires", dont le patron de Kargus Consultants.

M. Lorho explique la nécessité pour EDF de renforcer ses défenses face à Greenpeace par, selon lui, l'inaction de l'Etat dans ce domaine. L'espionnage de Greenpeace était illégal mais "déstabiliser le plus gros groupe européen d'énergie et commettre des actions sur les centrales nucléaires l'était encore plus", affirme-t-il. (belga/th)