L'UE qualifie de "grave erreur" le refus de Colombo de recevoir Bildt

La présidence tchèque de l'UE a qualifié mardi de "grave erreur" et de "lamentable" la décision du gouvernement sri-lankais de refuser un visa au ministre suédois Carl Bildt, menaçant Colombo de "répercussions" sur ses relations avec l'Europe.

"Je pense que c'est une grave erreur du gouvernement sri-lankais, qui aura bien sûr des répercussions en Europe et influencera les relations entre le gouvernement sri-lankais et les Etats européens", a déclaré le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg lors d'une conférence de presse à Luxembourg.

"C'est lamentable que le gouvernement du Sri Lanka lui ait refusé un visa", a-t-il ajouté. Il a souligné que M. Bildt était "un expert" de la situation au Sri Lanka et aurait été "très utile" à ce voyage. Le chef de la diplomatie suédoise, qui devait se rendre mercredi avec ses homologues français et britannique Bernard Kouchner et David Miliband au Sri Lanka pour plaider pour un cessez-le-feu humanitaire, avait annoncé un peu plus tôt avoir essuyé un refus de visa "sans aucune explication" de Colombo.

Stockholm a protesté en rappelant "pour consultations" son chargé d'affaires au Sri Lanka. David Miliband et Bernard Kouchner ont malgré tout maintenu leur voyage. Leur visite "était moins en tant que membres de l'UE qu'en tant que membres permanent du Conseil de sécurité" de l'ONU, a noté M. Schwarzenberg. Les deux hommes devraient sur place "réitérer les appels de la communauté internationale au cessez-le-feu, au respect du droit international humanitaire et à la protection des civils", a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

Selon l'ONU, plus de 6.500 civils ont probablement été tués et 14.000 blessés depuis que l'armée sri-lankaise a lancé en janvier son offensive "finale" contre les séparatistes tamouls dans un Nord-Est aujourd'hui dévasté. Depuis le début, le 20 avril, d'un exode massif de Tamouls, l'ONU pense que plus de 100.000 personnes ont quitté la zone de guerre et qu'il en reste 50.000 retenues par les insurgés. Le gouvernement sri-lankais les évalue à 15.000, et accuse les Tigres de s'en servir comme "boucliers humains". Colombo affirme en avoir "sauvé" 113.000, grâce à "la plus grande opération de libération d'otages dans l'Histoire". (belga/th)