La détection de jihadistes parmi les migrants est "presque impossible"
L'Europe peut-elle détecter des jihadistes qui tenteraient de s'infiltrer parmi les migrants transitant via la Grèce et les Balkans? "S'ils ne sont pas déjà dans la base de données, c'est presque impossible", tranche le capitaine de police en première ligne sur l'île grecque de Lesbos.
Le zèle grec n'est pas en cause, se défend Dimitris Amountzias, qui dirige les opérations au camp de Moria, où plusieurs centaines de milliers de migrants, depuis janvier, font l'objet d'une première identification et sont enregistrés, avant de poursuivre leur route. "Aucun policier ici n'a jamais songé à laisser partir un seul migrant sans avoir pris ses empreintes", insiste-t-il, dans le cadre d'une visite du camp par le commissaire européen à la Santé, Vytenis Andriukaitis.
Trafic
Et sans le laissez-passer délivré après cette procédure, les migrants ne peuvent pas acheter le billet de ferry pour poursuivre le voyage, se prévaut-il. Mais ce document, aisément falsifiable, fait déjà l'objet d'un trafic. Six Pakistanais ont été arrêtés mercredi à Lesbos, accusés d'avoir vendu des faux.
Vendredi matin du coup, la police contrôlait pour la première fois au port du Pirée les migrants débarqués de l'île. A Moria jeudi soir, des dizaines de migrants font sagement la queue. Il y en a trois, successives, pour s'identifier et être pris en photo, pour répondre aux agents de Frontex, l'Agence européenne de surveillance des frontières, qui tentent de vérifier identités et nationalités, et pour fournir les empreintes des dix doigts, entrées ensuite dans une base de données. C'est de cette manière, et grâce à un document d'identité trouvé près de lui, vraisemblablement faux, qu'on a établi qu'un des kamikazes du Stade de France avait pénétré dans l'UE le 3 octobre, par l'île grecque de Leros.
"Très facile d'entrer et de sortir de l'UE"
A l'enregistrement, "s'il y a un problème, que la personne est signalée, il y a une alerte" explique à l'AFP un responsable policier à Athènes. Mais cela suppose renseignement efficace et échange d'informations au niveau européen, ce dont Paris vient justement de mettre l'UE en demeure de se doter, au vu des failles avérées. "Contrairement à ce qu'on pense, il est très facile d'entrer et de sortir de l'UE sans se faire repérer", relève ainsi au-delà du cas grec le criminologue Christophe Naudin, spécialiste de la fraude documentaire. "On ne sait pas vraiment qui passe", ajoute le même responsable policier.
Car si les Syriens disposent généralement de papiers "dont on peut en gros vérifier l'authenticité sans toutefois pouvoir déterminer s'ils sont vraiment ceux de leurs porteurs", la plupart des autres sont listés "sur la base de qu'ils déclarent".
Fouille à corps
"Ces flux incontrôlés recèlent une menace inégalée pour la sécurité européenne", s'alerte un expert sécuritaire européen. Avant de rentrer incognito à Paris, où il a été tué mercredi par la police, l'inspirateur présumé de ces attentats, le Belge Abdelhamid Abaaoud, s'était déjà illustré fin 2014 par un aller-retour express entre la Syrie et l'Europe à la barbe des services de renseignements. Via apparemment la Grèce, où son portable avait été tracé en janvier.
Le ministre adjoint grec à la Politique migratoire, Yannis Mouzalas, n'a pas esquivé le problème en évoquant samedi les attentats de Paris: "cela est possible" que des infiltrés passent, "nous le redoutons", mais "pour cinq suspects, faut-il jeter 100.000 arrivants à l'eau?". Idéalement, il faudrait "connecter tous les grands fichiers criminels", juge le capitaine Amountzias.
Il aimerait aussi des renforts, alors que l'enregistrement ne s'arrête jamais, à raison de cinq équipes par jour, même si Frontex en a déjà envoyé. Il s'interrompt pour prescrire "double checking, et fouille à corps" à un de ses hommes, qui lui demande quoi faire d'un jeune vêtu d'un tee-shirt proclamant "Pas de panique, je suis musulman".
Coupe-file
Sur l'île de Kos, deux Syriens jugés suspects ont été détenus deux jours en milieu de semaine, et interrogés par services secrets et anti-terroristes. Sur le port de Lesbos en tout cas, Korous, un Iranien, est rassuré. "On a vraiment cru que ces attentats, commis par quelques mauvaises personnes, allaient nous rendre les choses plus difficiles". Mais il n'en a rien été. Moyennant 20 euros, il a bénéficié d'un des petits trafics du camp de Moria pour couper la file d'attente aux enregistrements. Arrivé le matin même, il prendra le bateau vers Athènes dès le soir.
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