La solidarité européenne se fait attendre: “Pas encore d’accord”
Mise à jourLe président de l’Eurogroupe Mario Centeno a suspendu mercredi matin les discussions en cours depuis la veille sur la réponse socio-économique à apporter à la crise du coronavirus. Il a reporté à jeudi la suite des travaux, alors que le bras de fer se prolongeait entre l’Italie et les Pays-Bas sur fonds de solidarité européenne difficile à trouver.
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“Après 16 heures de discussions, nous sommes proches d’un accord, mais nous n’y sommes pas encore”, a tweeté le Portugais, après une nuit de labeur par vidéoconférence avec les ministres des Finances des 27. “J’ai suspendu l’Eurogroupe pour continuer demain, jeudi. Mon objectif demeure un filet de sécurité européen solide contre les retombées du Covid-19 pour protéger les travailleurs, les entreprises et les pays, et s’engager dans un plan de relance important”, a-t-il ajouté.
Le “coronabond”, pomme de discorde
Les ministres des Finances européens planchent depuis mardi 16h sur un paquet de mesures fiscales pour faire face à la crise liée à la pandémie de coronavirus. La mise sur pied d’un instrument de dette collectif du type “coronabond” demeure la pomme de discorde des négociateurs. La France, l’Italie, l’Espagne entre autres insistent pour inclure cette option d’un instrument de dette commun émis par une institution européenne, afin de lever des fonds à bon prix sur le marché au profit de tous les États membres. Mais ce bloc est confronté à l’opposition de pays plus rigoristes comme l’Allemagne et les Pays-Bas, qui refusent de partager le risque financier lié à un tel instrument et préfèrent s’en tenir aux outils existants comme le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds d’urgence créé en 2012 pour répondre à la crise des dettes souveraines.
Or, le recours à ce mécanisme, qui pourrait délivrer des lignes de crédit préventives jusqu’à 240 milliards d’euros, fait craindre à l’Italie des conditions dures telles qu’en a connu la Grèce dans les années 2010, et ce même si les Pays-Bas et l’Allemagne ont donné des gages de souplesse ces derniers jours.
Tensions entre l’Italie et les Pays-Bas
La tension s’est focalisée entre l’Italie et les Pays-Bas ces dernières heures. Le ministre néerlandais Wopke Hoekstra s’est dit disposé à faire une exception à la conditionnalité du MES pour couvrir les coûts médicaux de la crise, mais pour le long terme, il maintient la nécessité d’imposer des conditions. Le ministre italien Roberto Gualtieri, lui, veut voir apparaître dans les conclusions des grands argentiers européens la possibilité d’émettre des euro-obligations. M. Hoekstra s’y oppose. Il voit dans cette piste “plus de problèmes que de solutions” et estime être soutenu par “une majorité de pays de la zone euro”, surtout l’Autriche et la Finlande.
Compromis à la belge
La Belgique, qui a soutenu l’appel de l’Italie, l’Espagne et la France pour un instrument de dette commun - mais pas nécessairement le coronabond -, avait fait lundi un pas vers les pays dits nordiques en jugeant qu’il n’était pas nécessaire actuellement de recourir à ce type d’instrument, vu les conditions du marché. Elle se situe “dans une position de compromis”, avait affirmé le ministre Alexander De Croo.
“Un accord pour le Jeudi saint”
À l’annonce du report des discussions à jeudi, les ministres français et allemand, Bruno Le Maire et Olaf Scholz, ont appelé “tous les États européens à être à la hauteur des enjeux exceptionnels pour parvenir à un accord ambitieux.” Pour M. De Croo aussi, “les citoyens et les entreprises touchés méritent un signal clair de solidarité européenne”. Il dit espérer “un accord pour le Jeudi saint”.
“Filet de sécurité pour les travailleurs”
Outre le recours au MES et la discussion sur le coronabond, les ministres des Finances disposent aussi de la proposition de la Commission européenne de prévoir 100 milliards d’euros pour garantir les programmes nationaux de chômage partiel, sorte de “filet de sécurité pour les travailleurs”, selon M. Centeno. Ils examinent également la possibilité pour la Banque européenne d’investissement (BEI) de créer un fonds de garantie de 25 milliards d’euros pour accroître son soutien aux entreprises - en particulier les PME - jusqu’à hauteur de 200 milliards d’euros.
Ce paquet, avait prévenu M. Centeno, ne pourrait pas être séparé d’un plan de relance “coordonné et de grande envergure”, mais l’Allemagne ou les Pays-Bas jugent qu’il est encore trop tôt pour en parler alors que l’épidémie bat son plein en Europe.
Test décisif pour l’unité européenne
La rencontre constitue un test décisif pour l’unité des 27, qui continuent d’étaler leurs divisions après l’échec d’un sommet des chefs d'État et de gouvernement consacré à la crise le 26 mars. Si un accord est finalement trouvé jeudi, les propositions des ministres devront encore être approuvées par les chefs d'État et de gouvernement.
L’Allemagne campe sur son refus de dettes mutualisées
L’Allemagne a réitéré son refus d’envisager des emprunts mutualisés en Europe pour répondre à l’impact économique du coronavirus. La relance est possible “avec des instruments très classiques” et déjà existant “comme le budget de l’Union européenne”, a déclaré à la presse le ministre allemand des Finances Olaf Scholz, à l’issue de la première journée de tractations avec ses homologues. “C’est pourquoi cela suffit selon moi de se concentrer sur ces questions et sur ces instruments”, a ajouté M. Scholz à Berlin. Il s’est toutefois dit “optimiste” sur les chances de parvenir rapidement à un accord unanime de tous les pays de la zone euro sur la réponse économique à la pandémie, dont l’Europe est l’un des épicentres.
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