L’ancien ministre russe des Affaires étrangères l’affirme: “La Russie peut et doit être vaincue”

L’ancien politicien a ainsi exposé ses propos sur les réseaux sociaux. Ministre russe des Affaires étrangères de 1990 à 1996 au sein du gouvernement de Boris Eltsine, Kozyrev a été écarté de ses fonctions après avoir été jugé trop pro-otanien par le Parlement russe.

D’après lui, deux arguments sont avancés pour ne pas vaincre la Russie en Ukraine: 1) il s’agit d’une puissante trop importante, qui pourrait utiliser son arsenal nucléaire, et 2) elle est faible et volera bientôt en éclat.

“Ces deux menaces sont exagérées”, explique-t-il. “Lorsque vous analysez la situation de manière réaliste, vous tombez alors sur la conclusion suivante: la Russie peut et doit être vaincue.”

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Selon Kozyrev, Poutine et son entourage proche sont bien conscients de ne pas pouvoir gagner une guerre nucléaire, et sont ainsi assez lucides pour ne pas en commencer une. “Non pas pour les millions de victimes qu’un tel conflit engendrerait, mais parce qu’eux aussi mourraient. Ils poursuivent l’argent, le pouvoir et la gloire, pas le suicide.”

Les nombreux avertissements lancés par Moscou autour d'un possible déploiement d’armes nucléaires en Ukraine auraient ainsi pour seul objectif d’instiller la peur au sein des rangs occidentaux et, in fine, de les obliger à capituler. “Si l’Ukraine et l’Occident se rendent, il n'y aura plus de limite au chantage de la Russie”, ajoute-t-il.

Le fait que les menaces russes n’aient pas été mises à exécution lorsque l’Occident a commencé à livrer des armes à l’Ukraine prouve que Moscou ne va pas déployer son arsenal nucléaire, selon Kozyrev. Seule une atteinte directe à sa survie, telle qu'une invasion de son territoire, pourrait l'obliger à changer d’avis sur la question, explique-t-il.

“Les États-Unis et l’Otan doivent ainsi clarifier leurs buts dans cette guerre. Assister l’Ukraine, mais pour quelle raison? Quelle est leur définition d'une victoire? Cela devrait être la restauration de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ukrainienne en conformité avec le droit international”, affirme Kozyrev. “Cette victoire est bien loin de constituer une menace existentielle pour la Russie ou Poutine.”

Le président russe pourrait également vendre ce résultat comme un succès. En effet, Poutine pourrait, selon l’ancien ministre, faire croire à ses citoyens que l'objectif initial - qui est de dénazifier, démilitariser et de mettre fin au génocide dans le Donbass - a été atteint. Il aurait également donné une bonne leçon à l’Otan: penses-y à deux fois avant de t’en prendre à la Russie.

Sans réforme, Kozyrev voit la Russie se transformer en une sorte de “gigantesque Corée du Nord”: “un pays dépressif, dépendant de la Chine, qui agite ses armes nucléaires.” “Si l’Otan et Washington ne laissent pas tomber l’Ukraine, Moscou n’osera plus attaquer un pays voisin bénéficiant de la protection des États-Unis. Comme Pyongyang", conclut l’ancien ministre.