Le droit à l’avortement menacé dans la moitié des États-Unis, Joe Biden dénonce une “erreur tragique”
Le président des États-Unis Joe Biden a déclaré vendredi que la décision de la Cour suprême annulant le droit à avorter était une “erreur tragique” et le résultat d’une “idéologie extrémiste”.
“La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger”, a martelé le démocrate dans une allocution solennelle dans la foulée de l’arrêt historique, déplorant un “triste jour” pour l’Amérique, qui fait figure “d’exception” dans le monde.
“Cette décision est le résultat d’un effort délibéré depuis des décennies pour rompre l’équilibre de notre droit”, a-t-il déclaré.
“150 ans en arrière”
La Cour de neuf juges, qui porte pour longtemps l’empreinte de la droite religieuse américaine suite aux nominations faites par Donald Trump, “ramène littéralement l’Amérique 150 ans en arrière” en invoquant d’anciennes jurisprudences, a-t-il déploré dans le grand hall d’entrée de la Maison Blanche.
Des femmes occupant des postes-clés à la Maison Blanche s’étaient rassemblées pour écouter les propos présidentiels, dans un silence pesant et avec des mines sombres.
Le président a demandé à ses compatriotes de poursuivre le combat de manière “pacifique”, et surtout de défendre “dans les urnes” le droit à l’avortement et toutes les autres “libertés personnelles” à l’approche des législatives de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.
Joe Biden, dont la cote de popularité est chancelante, a promis de faire “tout ce qui est en (son) pouvoir”, par voie de décrets et décisions réglementaires, pour tâcher malgré tout de protéger l’accès aux interruptions volontaires de grossesse, désormais menacé dans la moitié des États américains.
Le président s’est en particulier engagé à protéger le droit des Américaines à voyager pour se rendre dans un État où l’avortement resterait légal, ainsi que l’accès aux pilules abortives, utilisées en tout début de grossesse.
Marge de manœuvre réduite
Mais il a reconnu que sa marge de manœuvre était réduite et que seul le Congrès américain pouvait rétablir ce droit dont bénéficiaient toutes les Américaines depuis 1973, en votant une législation fédérale qui écraserait les décisions des États - et notamment de ceux aux mains des républicains.
Le président, fervent catholique de 79 ans devenu rempart improbable du droit à l’avortement, a aussi mis en garde contre les potentielles répercussions de l’arrêt rendu vendredi sur d’autres acquis: la contraception et le mariage pour tous.
“La Cour nous emmène sur une voie extrêmement dangereuse”, a-t-il dit.
Washington compte poursuivre le soutien aux “droits de la santé reproductive” à travers le monde malgré l’arrêt historique de la Cour suprême révoquant ce droit aux États-Unis, a de son côté déclaré vendredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
Le département d’État “va rester totalement déterminé à faciliter l’accès à des services de santé reproductive et à favoriser les droits de la santé reproductive à travers le monde”, a dit le secrétaire d’État dans un communiqué.
M. Blinken a aussi assuré que ses services “feront tout ce qui est possible” pour que l’ensemble des employés du département d’État puissent y avoir accès, “où qu’ils habitent”. “Nous ne flancherons pas vis-à-vis de cet engagement”, a-t-il ajouté.
Le droit à l’avortement menacé dans une moitié des Etats-Unis
Concrètement, la Cour suprême a rendu vendredi la liberté aux 50 États américains d’interdire l’avortement sur leur sol et une poignée d’entre eux s’en sont saisi immédiatement, la moitié des États devant, in fine, s’en emparer.
Treize États, surtout dans le Sud et le centre plus religieux et conservateur, se sont dotés ces dernières années de lois dites “zombie” ou “gâchette” rédigées pour entrer en vigueur automatiquement en cas de changement de jurisprudence à la Cour suprême.
Dans les heures qui ont suivi la publication de la décision, certains de ces États ont annoncé leur mise en place immédiate.
Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que son État devenait le “premier” à interdire l’avortement. Ont notamment suivi l’Arkansas et l’Oklahoma, où les autorités ont appliqué immédiatement la nouvelle interdiction.
Enfin, le Texas ou le Tennessee ont un délai de 30 jours entre la publication de l’arrêt et l’entrée en vigueur du nouvel interdit.
Ces lois interdisent les avortements avec des nuances: l’Idaho prévoit des exceptions en cas de viol ou d’inceste, le Kentucky uniquement en cas de danger pour la vie de la femme enceinte; la Louisiane prévoit jusqu’à dix ans de prison pour les professionnels de santé, le Missouri jusqu’à 15...
Restrictions
Quatre États supplémentaires (Géorgie, Iowa, Ohio et Caroline du Sud) disposent de lois interdisant les avortements dès que les battements de cœur de l’embryon sont perceptibles, soit vers six semaines de grossesse quand la plupart des femmes ignorent encore être enceintes. Bloquées par la justice car elles violaient le cadre légal en vigueur jusque-là, elles pourront désormais entrer en vigueur.
Plusieurs États disposent de lois rédigées avant l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui avait établi le droit des Américaines à avorter. Mises en sommeil pendant près de 50 ans, elles pourraient théoriquement être immédiatement réactivées, mais rien n’est certain.
Prenant acte du risque juridique, la puissante organisation Planned Parenthood ne planifie aucun avortement à compter de la fin juin dans le Wisconsin où le gouverneur démocrate défend le droit à l’avortement mais pas les parlementaires républicains majoritaires.
Dans le Michigan, la procureure générale démocrate Dana Nessel a ajouté à la confusion en promettant de ne pas poursuivre les personnes qui violeraient la loi de 1931 si elle redevenait active. Les procureurs locaux pourront eux toujours le faire et l’État risque de devenir un patchwork complexe.
En Arizona, le gouverneur républicain Doug Ducey estime qu’une loi adoptée en 2022 pour interdire les IVG après 15 semaines de grossesse préemptera les textes antérieurs, mais des sénateurs de son parti ne l’entendent pas de cette oreille et il reviendra sans doute aux tribunaux de clarifier la situation.
Quatre États ont, selon l’institut Guttmacher, envoyé des signes défavorables à l’avortement, mais ne disposent pas aujourd’hui des textes pour les interdire.
Les élus du Nebraska ou de l’Indiana ont échoué à voter de telles lois. Ceux du Montana et de Floride ont réduit les délais légaux pour interrompre une grossesse mais les cours suprêmes de ces États protègent pour l’heure le droit à l’avortement sur leur sol.
Vingt-deux États - surtout sur la côte ouest et dans le Nord-Est - conserveront le droit à l’avortement et certains ont même pris des mesures pour élargir l’accès aux IVG, notamment en autorisant davantage de professionnels de santé à les pratiquer ou en augmentant les financements des cliniques.
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