Le père d'une victime du Bataclan désormais fiché comme extrémiste: “Qu'ils aillent tous brûler en enfer”
Jean-Louis Périès, le président de la cour d’assises spéciale de Paris, chargée de juger les accusés des attentats du 13 novembre 2015, a reçu des menaces de mort. Non pas de la part d’islamistes, mais de partisans d’un proche d’une des nombreuses victimes rappelé à l’ordre alors qu’il témoignait à la barre ce mardi. Patrick Jardin, 68 ans, a perdu sa fille au Bataclan. “J’attends de ce procès qu’ils aillent tous brûler en enfer”, a déclaré le sexagénaire, désormais lui-même fiché comme extrémiste après avoir appelé à la violence à l’encontre des musulmans et s’être notamment félicité du massacre perpétré dans une mosquée en Nouvelle-Zélande en 2019.
Le mégaprocès des attentats du 13 novembre 2015 est entré dans sa huitième semaine. Des survivants et des proches de victimes se succèdent à la barre depuis plusieurs jours pour témoigner. La plupart dans le calme et la dignité. Cependant, mardi, un homme qui avait promis un feu d'artifice devant la cour d’assises a tenu parole. “Je n’en attends pas grand-chose”, avait-il déclaré à propos du procès. “Les accusés seront probablement condamnés à la perpétuité. Mais si cela ne tenait qu’à moi, ça devrait être la peine de mort.”
Nathalie, la fille de Patrick Jardin, avait 31 ans lorsqu’elle est morte sous les balles des terroristes. Elle était responsable de l’éclairage de la salle de concert du Bataclan. Son père, un vendeur de voitures à la retraite de Marcq-en-Barœul, en banlieue lilloise, avait déjà perdu sa femme d’un cancer 12 ans auparavant.
Apologie du terrorisme
Il a toujours nié toute affiliation politique, mais avant le massacre du Bataclan, il était déjà actif dans les milieux d’extrême droite. Après l’attentat, il n’a plus caché sa haine des musulmans. “En Nouvelle-Zélande, un homme a eu le courage de faire ce que je voulais”, a-t-il écrit sur son blog après que Brenton Tarrant eut tué 51 personnes dans une mosquée de Christchurch, en mars 2019.
Ces appels à la violence lui ont valu le tampon “fiché S”, qui équivaut à une inscription sur la liste officielle des extrémistes. Patrick Jardin comparaîtra d’ailleurs bientôt devant la justice pour avoir proféré des menaces à l’encontre de Nicolas Hénin. Ce journaliste français avait été enlevé par l’État islamique le 22 juin 2013 et retenu otage avec trois autres Français avant d’être libéré le 18 avril 2014. À son retour en France, Nicolas Hénin s’est engagé dans la prévention du terrorisme et de la radicalisation et milite depuis lors contre l’incitation à la haine.
“Si ça ne tenait qu’à moi, j’enverrais Abdeslam rejoindre les 72 vierges qu’il convoite tant”
Patrick Jardin, habitué des discours vengeurs contre l’islam sur les réseaux sociaux, s’en est pris à cette religion dans son ensemble lorsqu’il s'est avancé à la barre mardi.
“Ma fille a été tuée par des monstres et je pèse mes mots”, a-t-il dit d’emblée. L’assassinat de sa fille a été “un crime de guerre”, s’est-il ensuite emporté.
“J’ai connu de vrais combattants, des amis qui ont combattu dans la Légion étrangère ou dans les paras. Jamais aucun d’entre eux ne se serait permis de tirer à bout portant ou même à bout touchant contre des personnes désarmées”, a poursuivi M. Jardin.
“Si ça ne tenait qu’à moi, j’enverrais Abdeslam rejoindre les 72 vierges qu’il convoite tant”, a-t-il ajouté.
Théories du complot
Patrick Jardin, qui peste contre “la bien-pensance”, a affirmé “ne pas faire de politique” mais n’a pas pu s’empêcher de fustiger les dirigeants politiques d’alors, le président François Hollande ou le Premier ministre Manuel Valls. “Il manque dans ce box les politiques qui doivent la sécurité aux citoyens”, a-t-il soutenu. Le sexagénaire entrecoupant son témoignage par des théories du complot. “Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve savait que quelque chose se tramait. Il a dit à son chef de cabinet le matin que 130 personnes allaient mourir.”
Le président de la Cour Jean-Louis Périès a rappelé Patrick Jardin à l’ordre à plusieurs reprises et a déclaré ironiquement à la fin: “Merci pour votre déclaration, qui n’était pas politique. Et merci pour votre confiance dans votre pays.” Quelques mots qui ont valu au magistrat une volée d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux. “Vous respectez davantage les terroristes que le père d’une victime”, s'est notamment indigné un internaute. “Petite merde dégoûtante, je te souhaite le pire. Un autre internaute a même déclaré que M. Périès méritait la peine de mort, avant même les accusés. “Il devrait être en haut de la liste.”
La douleur d’un père
L’humanité a soudainement resurgi lorsque Patrick Jardin a évoqué sa fille. “Elle me manque de plus en plus. Plus le temps passe, plus la douleur augmente”.
Il continue de payer l’abonnement téléphonique de sa fille pour avoir la joie brève d’entendre sa voix enregistrée sur son répondeur. “Quelques fois, je l’appelle”, a-t-il dit hors de la salle d’audience et, à ce moment, ne reste que la douleur d’un père.
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