Les chiffres explosent du jour au lendemain en Turquie: que se passe-t-il et que dit le gouvernement?

En Turquie, la vie a pu continuer comme d’habitude pendant longtemps. Les chiffres communiqués par les autorités semblaient relativement sous contrôle. Mais fin novembre, le nombre d’infections à la Covid-19 est soudainement passé d’environ 6.000 par jour à plus de 30.000. 

Selon l’Association nationale des médecins, ces chiffres ajustés ne seraient toujours pas corrects. Les unités de soins intensifs sont surchargées, le nombre de lits est insuffisant et le nombre réel d’infections confirmées serait d’environ 50.000 par jour.

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“Nous savions tous qu’ils nous donnaient des chiffres erronés depuis des mois, afin de ne pas devoir arrêter la vie publique”, explique Mehmet Cebe, qui tient un café à Istanbul, au journal allemand Die Welt. La stratégie du gouvernement était claire: garder les gens “heureux” et maintenir leur pouvoir d’achat à un niveau acceptable dans un pays frappé par une crise économique. En effet, en partie à cause de la présentation trop optimiste des faits, les gens ont continué à dépenser de l’argent.

Mais face à la pression, la Turquie a non seulement annoncé du jour au lendemain le nombre de personnes infectées par des symptômes, mais a également inclus les cas asymptomatiques dans ses statistiques. La courbe d’infection est donc soudainement montée en flèche. “C’est la seule façon pour le gouvernement de justifier un confinement (partiel). Il a toujours résisté et nous a fait croire que nous pouvions continuer de cette façon”, ajoute Mehmet Cebe.

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Deux tiers de la population est favorable à un lockdown strict. “Si nous fermions tout pendant deux ou trois semaines, la courbe pourrait s’aplatir, puis nous pourrions rouvrir dans des conditions sûres, et nous n’aurions plus à nous inquiéter pour notre santé”, confie Mehmet Cebe.

Mais cette option n’est pas encore sur la table. Pour le moment, le pays n’est en confinement que le week-end. Du vendredi 21 heures au lundi 5 heures, personne n’est autorisé à sortir sans raison valable. Les supermarchés sont ouverts à certaines heures et les services de livraison sont autorisés à travailler jusqu’à 20 heures.

Les jours de semaine, le couvre-feu en vigueur dure de 21 heures à 5 heures. Les personnes de plus de 65 ans et les jeunes de moins de 20 ans ne sont plus autorisés à utiliser les transports publics. Il n’y aura pas de fête du Nouvel An et trente personnes au maximum peuvent assister aux funérailles.

Dans ces circonstances, la plupart des moyennes entreprises turques devraient tenir le coup deux à trois mois au maximum. L’avenir ne s’annonce donc pas radieux sur le plan économique. Le pouvoir d’achat des Turcs devrait chuter drastiquement après la pandémie.

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En temps normal, lorsque l’État turc est aux abonnés absents, les familles, les voisins et les amis s’occupent les uns des autres. “Mais maintenant, personne n’a d’argent. La solidarité semble avoir disparu”, observe Mehmet Cebe. Il indique entendre autour de lui comment le désespoir mène à la violence domestique et aux idées noires.

Le gouvernement ne serait pas conscient de la gravité de la situation pour la population active. Ankara reste silencieuse à ce sujet. Mais récemment, le gouvernement a annoncé qu’une campagne de vaccination devrait commencer le 11 décembre, avec un vaccin provenant de Chine. Recep Tayyip Erdoğan se serait même déjà fait injecter le vaccin il y a quelques jours. Il pourrait vouloir se présenter à son peuple comme un modèle.