Les députés français replongent dans le douloureux débat sur l’euthanasie
Une "ultime liberté" ?: le douloureux débat sur l'ouverture d'un droit à l'euthanasie pour les personnes souffrant d'une pathologie incurable est de retour jeudi en France à l'occasion de l'examen d'une proposition de loi dans un pays qui se déchire régulièrement sur le sujet, à l'image de la levée de boucliers de députés de droite qui ont déposé des milliers d'amendements, compromettant un vote.
Pour le député Olivier Falorni, qui porte cette proposition de loi, ouvrir le droit à une mort médicalement assistée permettrait de sortir de l'"hypocrisie" de laisser les personnes partir en "exil" en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, ou fermer les yeux sur les "2.000 à 4.000" euthanasies clandestines qui seraient pratiquées chaque année en France. Ancien socialiste, M. Falorni est un militant de longue date sur le sujet.
L’euthanasie dépénalisée dans trois pays européens
L'article 1er de sa proposition prévoit que "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, provoquant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable", peut demander une "assistance médicalisée" pour mourir "par une aide active".
Adoptée en France en 2016, l'actuelle loi "Claeys-Leonetti" sur la fin de vie autorise la sédation profonde et continue, pouvant aller jusqu'à la mort, mais sans euthanasie active. Ce sujet, qui touche à l'intime de tout un chacun et transcende les courants politiques, est encore plus lourd en France dans le contexte de la pandémie de Covid-19, avec plus de 96.600 morts dans le pays.
En Europe, les pratiques sont très disparates: l'Espagne est devenue en mars le quatrième pays européen à dépénaliser l'euthanasie, après les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. D'autres formes d'aide à la mort existent aussi en Europe, comme l'arrêt des traitements. D'autres pays comme l'Irlande ou la Pologne y restent, eux, réfractaires. En France, le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite l'embarras du gouvernement.
“Le Parlement reste sourd”
Les adversaires de la proposition estiment prématuré d'envisager aller plus loin alors que la loi "Claeys-Leonetti" est toujours mal appliquée. Un cinquième des départements français n'ont toujours pas de centre de soins palliatifs. D'autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux.
Pour le sociologue Philippe Bataille, l'opinion publique française "réclame massivement une loi sur cette question depuis 20 ou 25 ans". "La société s'exprime, les cas se répètent, les médias s'y arrêtent, les politiques en discutent. Je ne peux pas dire que le pays est en retard, mais le Parlement reste sourd", commente cet ancien membre de l'association Le Choix-Citoyens pour une mort choisie.
Mais malgré une forte mobilisation des députés en sa faveur, le temps menace de manquer pour passer en revue les quelque 3.000 amendements déposés, dont 2.300 de députés Les Républicains (LR, droite) hostiles à cette proposition. De leur côté, 270 députés de tous bords, soit la quasi majorité, se sont insurgés dans une tribune au Journal du Dimanche (JDD) contre la guérilla qui s'annonce par voie d'amendements. "Nous voulons débattre. Nous voulons voter. Le temps du Parlement est venu. Respectons-le", ont-ils plaidé.
La proposition de loi étant prévue dans le cadre d'une "niche parlementaire" - où le débat dure maximum une journée -, ce temps réduit ne permettra très certainement pas l'examen de milliers d'amendements, risquant de laisser un débat inachevé et un texte sans vote ni pour ni contre. "La programmation de ce texte s'effectue dans une précipitation très inhabituelle et inadaptée", ont déploré dans un communiqué cinq députés LR.
“Mort en exil”
Plusieurs retentissantes affaires sur ce sujet ont déchiré la France. La plus emblématique est celle de Vincent Lambert, un ancien infirmier en état végétatif irréversible depuis un accident de la route en 2008. Le quadragénaire est décédé le 11 juillet 2019 à la suite à l'arrêt de ses traitements, après une sédation profonde voulue par des médecins et son épouse, mais à laquelle ses parents s'opposaient devant la justice.
Alain Cocq, 58 ans, atteint d'une maladie dégénérative très douloureuse et incurable, diagnostiquée alors qu'il avait 23 ans, a exhorté cette semaine les députés français à adopter le droit à l'euthanasie. Faute d'avoir été autorisé au suicide assisté, il a tenté à deux reprises de se laisser mourir, en faisant la grève des soins et de la faim, mais il a dû renoncer face à des douleurs insoutenables, selon lui.
L'homme a finalement accepté l'offre d'une association prête à financer les "8 à 10.000 euros" que coûte un suicide assisté en Suisse. Il attend sa convocation, mais a confié à l'AFP son écoeurement d'avoir été "obligé" d'opter pour la "mort en exil".
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