Les eurodéputés plaident pour un lien renforcé avec Taïwan, face aux ambitions chinoises

L’île, qui affiche une démocratie exemplaire, bénéficie d’une sorte d’indépendance de fait. Mais le statu quo semble récemment menacé par une attitude plus aggressive de la Chine. Pékin multiplie les incursions militaires en territoire aérien taïwanais et les manœuvres dans le détroit qui la sépare de l’île convoitée. Ces évolutions inquiètent les élus européens. Ceux-ci ont déjà appelé à plusieurs reprises la Commission à faire le nécessaire pour lancer formellement les démarches en vue d’un accord bilatéral d’investissement avec Taïwan, mais sans succès. L’UE y était pourtant en 2019 la principale source d’investissements directs étrangers, et Taïwan a des atouts non-négligeables, étant en pointe sur les précieux semi-conducteurs. L’UE et Taïwan ont aussi des “intérêts mutuels à coopérer” en ce qui concerne les “cyberattaques, la désinformation et l’indépendance des médias”, note Saskia Bricmont (Ecolo, groupe Verts/ALE). 

L’UE est “réaliste et pragmatique”, a promis face aux eurodéputés la commissaire Margrethe Vestager. Selon elle, les eurodéputés et la Commission ont bien le même objectif: soutenir Taïwan, renforcer les liens économiques et autres avec cet acteur, et œuvrer pour le maintien du statu quo entre l’île et son encombrant voisin. L’UE continuera de coordonner son action avec les partenaires internationaux de même sensibilité, comme dans le cadre du G7, et n’hésitera pas à transmettre ses inquiétudes à la Chine, a affirmé la Danoise. 

Le Parlement européen appelle quant à lui à la proactivité. “Il est clair que l’ambition chinoise de réunification avec Taïwan ne concerne pas seulement l’accomplissement du projet chinois mais qu’il s’agit aussi d’obtenir une domination géopolitique dans la région indo-pacifique”, a mis en garde Assito Kanko (N-VA/ECR) lors du débat, mardi. “Si l’on veut éviter que Taïwan ne subisse la même oppression que ce que l’on voit aujourd’hui à Hong Kong, l’UE doit agir proactivement contre les provocations chinoises et la pression croissante sur Taïwan”, estime également Hilde Vautmans.