L’invasion de l'Ukraine est un "tournant" pour l'Europe de la défense, une future adhésion de l'Ukraine à discuter

Pour le libéral, cette avancée - précipitée par l’invasion russe du territoire ukrainien - était inespérée. “Pendant de nombreuses années, il y avait une certaine frustration chez ceux qui croyaient en une Europe de la défense” mais voyaient un manque de “volonté politique commune”, qui s’est soudainement manifestée ces derniers jours en réaction aux agressions de Moscou. Ce tournant est d’une “magnitude gigantesque”, lance-t-il. 

Charles Michel explique avoir demandé samedi matin d’activer la Facilité européenne pour la paix, partant du constat qu’une coordination de livraison de matériel militaire à l’Ukraine n’allait pas se faire dans le cadre de l’Otan. Les 27 capitales ont alors été contactées, “et en quelques heures nous avons réussi à synchroniser la dimension européenne, via la facilité pour la paix, et les soutiens bilatéraux” en matériel militaire, assure-t-il. Lors d’une première vague, une “quinzaine de pays” étaient partants, “maintenant on est une vingtaine” à se coordonner pour répondre aux demandes de Kiev en matériel létal et non létal. Aux fournitures bilatérales de matériel, centrées sur du matériel immédiatement utilisable par les Ukrainiens, s’ajoute la mobilisation de 500 millions d’euros de la Facilité pour la paix, dont 450 pour l’achat et la livraison de matériel létal. 

L’union des 27, la “solidité” de la réponse commune, est constamment mise en avant dans le discours de Charles Michel. Est-ce que l’Ukraine pourrait à terme y trouver une place? “J’ai été informé ce matin du fait que l’Ukraine s’apprête à envoyer une demande officielle à l’UE” concernant une future adhésion, indique le président du Conseil. La Commission européenne devra donc émettre un avis, et le Conseil (États membres) se pencher sur le sujet. 

Entre-temps, le contact est permanent avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, affirme le Belge. Des négociations entre Ukrainiens et Russes sont prévues lundi à la frontière avec le Bélarus, mais ce que l’on peut en espérer reste un mystère. “Nous sommes réalistes, il y a un risque sérieux que ce soit une manœuvre” de la part des Russes, dont on a observé ces derniers jours “une addition de manipulations et de mensonges”, observe Charles Michel. 

L’UE prône constamment le maintien d’un canal diplomatique pour la résolution des conflits, “mais il est difficile de faire confiance à Vladimir Poutine”, résume-t-il. Le président russe fait même acte de “terrorisme géopolitique” en brandissant la menace nucléaire, accuse le Belge, un acte “irresponsable” et forcément inquiétant.