L’Italie, la Grèce et la Turquie brûlent: “Encore un déchaînement climatique”

Les incendies font rage dans les pays méditerranéens. La Turquie, notamment, où les violents incendies de forêt ont déjà fait six morts, est toujours en proie à des difficultés. Le feu a d’abord frappé l’intérieur du pays et, en raison des vents violents, a ensuite atteint les zones côtières plus fréquentées et plus touristiques. Des milliers de personnes ont été évacuées, et le département turc de contrôle des catastrophes a dénombré au moins 364 blessés.

Pendant ce temps, la Grèce continue de lutter contre les conséquences de la chaleur persistante. À Patras, la troisième plus grande ville du pays, le feu a détruit des dizaines de maisons. Plusieurs villages près de Corinthe ont été évacués, ainsi que dans le nord de la péninsule du Péloponnèse. 

Dans une grande partie de l’île grecque de Rhodes, l’électricité a été coupée à cause des feux de forêt devenus incontrôlables. Plusieurs endroits de l’île comptant plus de 100.000 habitants ont été évacués, rapportent les médias grecs. Les résidents et les touristes ont dû trouver un endroit sûr où se rendre.

“Nous sommes actuellement à Rhodes. Un feu s’est déclaré il y a quelques heures. Nous paniquons un peu car nous voyons à présent des flammes depuis notre hôtel. Nous avons également été privés d’électricité depuis plusieurs heures”, témoigne Solange sur RTL Info.

Les pompiers grecs continuaient lundi de lutter contre deux incendies importants sur l’île de Rhodes et dans le nord-ouest du Péloponnèse, alors que les températures caniculaires devaient dépasser les 40 degrés dans la journée.

“L’aube trouve Rhodes bien mieux que la veille. Les (différents) fronts (de l’incendie) sont en récession” et “quasiment sous contrôle”, a déclaré le gouverneur de la mer Égée du Sud, George Chatzimarkos, dans un communiqué publié lundi matin.

“Le premier objectif: la protection de la vie humaine, a été atteint” et “les dégâts sur le réseau électrique ont été réparés”, s’est-il félicité, selon l’ANA.

Il n’y a aucune perspective immédiate d’amélioration: les services météorologiques ont prévu pour lundi et mardi des températures de 40 à 42 degrés Celsius sur les îles et de 41 à 43 degrés sur le continent, avec des maximales de 44 à 45 degrés dans le Péloponnèse et en Thessalie (nord). 

À Athènes, le mercure va dépasser les 40 degrés, avec des maximales de 43 degrés et des minimales de 31 degrés, selon les services météorologiques grecs.

La Grèce est frappée par “la pire canicule depuis 1987", il y a plus de 30 ans, a prévenu le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

L’Italie n’est pas non plus épargnée. Alors que le nord du pays est touché par de violentes pluies et grêles, le sud, lui, suffoque. Les pompiers italiens ont lutté contre 800 incendies le week-end dernier, et en Sicile, les services d’urgence ont dû être appelés plus de 250 fois en 24 heures. L’aéroport de la ville côtière de Catane est resté fermé pendant plusieurs heures, des dizaines d’habitants ont quitté leur domicile. Les touristes qui s’étaient rassemblés sur la plage ont dû être évacués par bateaux par les garde-côtes.

Au moins cinq personnes ont été blessées dans un incendie de forêt près de Pescara, dans la région des Abruzzes. Des centaines de personnes, dont des touristes, ont été évacuées. Une fillette de cinq ans a dû être emmenée à l’hôpital, mais son état ne semble pas mettre sa vie en danger, ont rapporté les médias italiens.

Environ 800 personnes ont été évacuées de leurs maisons, dont une communauté de religieuses, après qu’un incendie se soit déclaré dans la réserve naturelle de Pineta Dannunziana. “Nous avons dû évacuer plusieurs maisons et stations balnéaires à cause de la fumée”, a déclaré Carlo Masci, maire de Pescara. “Le plus gros problème est le vent chaud. Nous faisons tout notre possible pour limiter les dégâts.”

“Au cours des dernières 24 heures, les pompiers ont effectué plus de 800 interventions : 250 en Sicile, 130 dans les Pouilles et en Calabre, 90 dans le Latium et 70 en Campanie”, ont tweeté les pompiers.

En Turquie, la police enquête actuellement pour savoir si les incendies sont criminels ou non. Hier, un groupe kurde l’aurait revendiqué. “Parce que le régime turc ne comprend pas d’autre langue, nous le mettrons à genoux avec une vague de feu”, peut-on lire dans un communiqué des “Enfants du feu”. Cette organisation a également revendiqué des incendies de forêt les années précédentes, bien qu’il ne soit pas certain qu’elle y soit réellement pour quelque chose. Il n’est pas exceptionnel que la Turquie doive lutter contre les feux de forêt en été, mais les températures tropicales actuelles le sont. Selon les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies, le risque d’incendie de forêt dans les régions méditerranéennes ne fera qu’augmenter dans les années à venir.

Mobilisés dans le cadre du Mécanisme de protection civile de l’Union européenne, deux Canadair de l’Espagne et un de la Croatie ont été envoyés pour aider la Turquie à combattre le feu.

“L’UE est en solidarité totale avec la Turquie en cette période très difficile. (...) Nos pensées vont au peuple turc qui a perdu des êtres chers et aux courageux premiers intervenants qui font de leur mieux pour lutter contre les incendies meurtriers”, a affirmé dimanche soir le Commissaire européen à la gestion des crises, Janez Lenarcic, dans un communiqué.

Sur les 129 incendies de forêt qui font rage en Turquie depuis mercredi, 122 ont déjà été maîtrisés.

“C’est le énième déchaînement du climat”, déclare David Dehenauw, chef du service météo de l’IRM et présentateur météo pour VTM. “Et pourtant, le changement le plus extrême se produit actuellement dans l’hémisphère nord. En Sibérie, de gigantesques feux de forêt brûlent pour la troisième année consécutive, libérant une masse de CO2; en Scandinavie, des températures record sont enregistrées; la calotte glaciaire recouvrant le Groenland fond à grande vitesse...” Selon M. Dehenauw, la vitesse du changement climatique a été sous-estimée, y compris par les experts de l’ONU. “Les événements actuels plaident pour des interventions encore plus rapides des gouvernements, partout dans le monde.”

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