L’Union européenne va-t-elle construire un mur le long de ses frontières? “L’hostilité grandit envers les migrants”
L’Union européenne va-t-elle construire un mur le long de ses frontières? Treize États membres y sont favorables. Ce jeudi 9 février, à l’occasion d'un nouveau sommet européen à Bruxelles, la question des clôtures frontalières sera à l’ordre du jour. Mais l’Union européenne peut-elle vraiment s’enfermer à l’intérieur d'un mur? Où seraient placées les clôtures? Est-ce réaliste? Et quelle est la position de notre pays? “Il y a quelques années, c’était impensable, mais l’hostilité envers les demandeurs d’asile ne cesse de grandir”, déclare le professeur de politique européenne Hendrik Vos dans les colonnes de HLN.
L’Union européenne va-t-elle construire un mur le long de ses frontières?
Aujourd’hui, les 27 chefs d’État de l’Union européenne se réunissent pour un nouveau sommet européen à Bruxelles. Parmi les sujets à l’ordre du jour: la politique migratoire de l’UE. 13 des 27 États membres de l’UE réclament la construction de clôtures aux frontières de l’UE. Ils souhaitent également que ces murs soient financés directement par l’UE. Pour rappel, certains pays - dont la Hongrie, la Pologne et la Slovénie - ont déjà construit des murs le long de leurs frontières en réponse à la crise migratoire. En Hongrie, le président Viktor Orban a été le premier à prendre la décision d’isoler les frontières de son pays. Lors de la crise des réfugiés de 2015, il a estimé que l’UE n’agissait pas assez vite et a construit un mur de 175 kilomètres, qui a coûté 1,6 milliard d’euros.
L’hostilité envers les demandeurs d’asile ne cesse de grandir, même au sein des partis centristes, alors que ces migrants sont reconnus comme des réfugiés.
Aujourd'hui, treize États membres de l’UE réclament la construction de clôtures le long de leurs frontières. Il s’agit de l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, la Grèce, la Hongrie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie et les Pays-Bas. “Il y a quelques années, c’était impensable, mais le ton se durcit. L’hostilité envers les demandeurs d’asile ne cesse de grandir, même au sein des partis centristes, alors que ces migrants sont reconnus comme des réfugiés. Ces personnes ne cherchent pas l’argent, ils fuient seulement les violences dans leur pays”, déclare le professeur de politique européenne Hendrik Vos (UGent) dans les colonnes de HLN.
Pourquoi certains États membres réclament-ils ce mur?
L’année dernière, le nombre d’entrées illégale sur le territoire de l’UE a atteint son niveau le plus élevé depuis la crise des réfugiés de 2016 et a augmenté de 64 % par rapport à 2021. Au total, près de 333.000 personnes ont traversé illégalement les frontières de l’UE en 2022. Mais l’afflux plus important de demandeurs d’asile n’est pas la seule raison pour laquelle ces pays plaident pour la construction de clôtures. Selon l’accord de Dublin, lorsqu’une personne entre illégalement dans l’UE, elle est obligée de demander l’asile dans le premier pays où elle est entrée. En pratique, cette demande est généralement faite dans un des six pays situés aux frontières extérieures de l’UE, dans le sud et l’est de l’Europe.
Ces pays souhaitent donc un partage plus équitable des responsabilités face à l’afflux migratoire. En 2015, l’ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait proposé de répartir équitablement les demandeurs d’asile entre les États membres. Ce projet n’a jamais abouti. “Les États membres ont refusé d’accueillir les demandeurs d’asile. La résistance était si forte qu’aucune tentative sérieuse n’a jamais été faite pour relancer ce projet. À peine 32.000 des 160.000 demandeurs d’asile prévus ont été déplacés de Grèce et d’Italie”, précise Hendrik Vos.
Où seraient construits les murs?
Les demandeurs d’asile entrent dans l’UE principalement par les pays des Balkans. Ainsi, si de nouvelles clôtures frontalières devaient être construites, elles seraient certainement érigées le long des pays des Balkans. L’année dernière, les entrées illégales via les Balkans ont augmenté de plus de 136% par rapport à 2021. Les Syriens, les Afghans et les Tunisiens représentent près de 50% de l’ensemble des personnes interceptées. “L’Union européenne a une frontière terrestre totale de quelque 10.000 kilomètres. Si l’UE veut ériger des murs partout, ce sera un travail de longue haleine”, a déclaré M. Vos. Actuellement, il existe également déjà quelque 2.000 km de clôture aux frontières extérieures de l’Europe, qui s’étendent de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie à la frontière entre la Lituanie et le Bélarus.
Ce projet est-il vraiment réaliste?
Le Conseil européen est composé de tous les dirigeants des États membres et définit les priorités politiques générales de l’UE, généralement en adoptant des conclusions, mais c’est la Commission qui décide. Le Conseil délibère par consensus, tous les États membres doivent être d’accord. “Il est certainement possible pour les dirigeants européens de trouver un compromis sur le financement des clôtures frontalières. C’est également la raison pour laquelle le texte final ne doit pas contenir le mot ‘clôture’. L’UE sait se montrer créative quand il s’agit de jouer avec les mots”, affirme Hendrik Vos.
Un simple mur ne sera pas suffisant pour dissuader un passeur clandestin.
“Est-ce que la construction de ces clôtures est réaliste? C’est une autre question. Le fonctionnement et la maintenance d'un tel dispositif coûteraient une fortune. Et un simple mur ne sera pas suffisant pour dissuader un passeur clandestin. C’est plus complexe que ça. Par exemple, le mur entre la Serbie et la Hongrie est rempli de petits ‘trous’ dont profitent les passeurs. L’efficacité des clôtures est loin d’être garantie.”
Quelle est la position du gouvernement belge?
Le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) ne prendra pas part au débat du Conseil européen sur les clôtures frontalières. Le gouvernement belge préconise une application plus stricte des règles existantes. “Il n’y a pas de consensus au sein du gouvernement sur les clôtures frontalières”, résume son cabinet. Le gouvernement Vivaldi est divisé sur la question. L’Open Vld, le CD&V et le MR sont favorables. Groen, Vooruit, le PS et Ecolo préféreraient qu’il n’y ait pas de clôtures aux frontières. Une source gouvernementale rapporte que Vooruit et le PS en particulier freinent des quatre fers.
Il faut un contrôle accru des frontières extérieures et une meilleure coordination entre les pays de l'UE en matière de politique de migration de retour
“Il faut un contrôle accru des frontières extérieures et une meilleure coordination entre les pays de l’UE en matière de politique de migration de retour. Les règles de l’accord de Dublin doivent également être appliquées plus strictement au sein de l’UE”, ajoute le cabinet de De Croo. Les pays du sud de l’Europe n’enregistrent pas toujours toutes les personnes qui entrent sur leur territoire parce que les demandeurs d’asile veulent souvent se rendre en Europe occidentale. Un problème difficile à maîtriser sans de nouvelles règles européennes.
D’autres solutions sont-elles envisageables?
Les débats lors du sommet européen ne porteront pas uniquement sur les clôtures frontalières. D’autres points seront abordés. Par exemple, à l’avenir, les pays extérieurs à l’UE qui refusent de reprendre les demandeurs d’asile pourraient faire l’objet de sanctions. Il deviendrait plus difficile pour leurs citoyens d’entrer dans l’UE. “L’Union européenne pourrait également accorder des meilleures conditions commerciales aux pays qui coopèrent”, ajoute Hendrik Vos.
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